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vendredi 31 décembre 2010

Les voeux de Stéphane Hessel pour la nouvelle année


A quelques heures de la nouvelle année, indignons-nous avec Stéphane Hessel


http://www.dailymotion.com/video/xgcbml_les-vyux-de-stephane-hessel-pour-2011-sur-mediapart_news



Le succès d’ Indignez-vous !
Par  Gilles Moreau, RFI, (extrait)
« 2010 fut une année record de la contestation en Europe », affirme de son côté l'Humanité. Et pour étayer son propos, le quotidien communiste accorde sa une à Stéphane Hessel, l'auteur d' Indignez-vous ! le livre le plus vendu actuellement en France. Âgé maintenant de 93 ans, Stéphane Hessel a été résistant et déporté en Allemagne, avant de consacrer toute sa carrière à la diplomatie et à la défense des droits de l'homme.
Interrogé par l'Humanité sur les raisons de cet énorme succès de librairie, il répond que « nous avons la claire conscience d'être au milieu et non à la fin d'une grave crise de l'économie néo-libérale, et donc il est normal de se poser des questions sur les raisons des dysfonctionnements de nos sociétés ».
« S'indigner c'est déjà résister », c'est le propos de Stéphane Hessel retenu à la une de l'Humanité.



Sahara Occidental : Témoignage de l'octogénère Deida-Da Yasid :" A Laâyoune la cohabitation avec les Marocains s'est brisée"

Par Laura Gallego, GUINGUINBALI, 27/12/201
“Je ne suis toujours pas vieux pour prendre une arme”
“De l’âge indiqué sur le passeport, ne vous fiez pas”, lance-t-il en le rendant. Dans ce document marocain qui, pour lui – Sahraoui de pure souche – n’a aucune validité, on peut lire qu’il est né en 1930. Mais les siens, tout en feuilletant le passeport en question, évoquent près de cinq de plus. En tout cas, il a bien l’aspect d’un octogénaire.
Tout le monde à Laâyoune  connaît Deida-Da Yasid ; tous les Sahraouis lui professent le respect. À chaque fois qu’il entrait dans n’importe quelle khaïma du camp de Gdeim Izik, tout le monde se levait ; on courait lui baiser la tête, leur façon à eux de montrer leur respect aux personnes âgées. Il n’y passait jamais la nuit, mais on l’y trouvait à toute heure, voire la nuit tombée. Il y venait tous les jours depuis la ville avec son fils. Ce même fils avec qui il a débarqué, il y a deux jours, en Grande Canarie.
Il nous reçoit chez l’un des Sahraouis résidant ici depuis des années. Il dort de son long par terre, dans le salon, enveloppé dans une couverture. C’est un vieux qui inspire la tendresse. Mais une fois réveillé, il arrange sa chevelure puis s’assoit, agile, pour parler avec les voisines venues le saluer, qu’on entend rire aux éclats à ses dissertations sur les tribus sahraouies – selon elles m’expliquent plus tard – et rajeunit. Lorsqu’il vous montre du doigt, et vous cloue le regard, on dirait un gosse. Et il répond ainsi à toutes les questions.
Des fois, par une autre question. S’il y a plus de deux Sahraouis morts ? “Et où sont alors tous ceux qui manquent?”
Deida-Da veut parler. Au nom de sa fille, qu’on a frappée. De son petit-fils emprisonné. De celui qui ne sait pas où il est. Des plus de 20 000 personnes qui formaient ce camp qu’on dénommait aussi Camp de la Dignité. De tous les enfants qui sont toujours dans des bras inconnus –tandis que leurs familles passent des messages avec leur description –, en attendant de retrouver leurs parents. Où sont-ils ? Voilà les questions de Deida-Da.
Le jour où l’armée marocaine a reçu l’ordre d’entrer à sang et à feu dans cette mer de khaïmas, et de venir à bout de la protestation pacifique – à la surprise de certains, quoique le gouvernement savait déjà qu’il n’y aurait pas de représailles de la part de la communauté internationale –, le vieil homme était chez lui à Laâyoune. À six heures du matin le portable le réveille. Avant de se coucher, raconte-t-il, plusieurs agents de police lui ont rendu visite. “Je leur ai dit que, quitte que quitte, s’ils entraient chez moi je les fusillerais, qu’ils appellent s’il était nécessaire et que nous sortirons pour parler, mais que s’ils forçaient ma porte, j’userais des armes que j’ai, et ils savent que je ne plaisante pas, pour cela ils ne sont jamais revenus”, se rappelle-t-il. Et il convainc.
En tant que leader de son peuple, au moins, en tant que personne âgée respectée, ils ont pu vouloir alerter, d’une certaine manière par cette visite, ce qui était sur le point de se passer. Durant les deux affrontements auxquels a été mené le démantèlement, lorsque tant de portes ont été forcées à coups de pieds, ils ne sont en effet pas passés par chez lui. Mais si maintenant il est en Grande Canarie, c’est parce qu’il s’est peu à peu rendu compte qu’on “voulait le mettre de côté”, dit-il. “Quelqu’un a dit que c’était nous qui faisions passer les étrangers au camp et mon fils est demeuré trois jours caché ; quand il est réapparu chez moi, nous sommes venus en Grande Canarie.”
Depuis ici, il veut faire ses papiers de naturalisation, malgré qu’il inculpe l’Espagne de quelque chose : “Je ne peux pas rentrer maintenant car l’Espagne ne garantit pas ma sécurité.” Il sort alors de son dossier un autre document, celui du ministère de la Défense espagnol, où l’on lit “Unité des Affaires Sahraouis et Caisse des Pensions”, et une ligne plus bas : “Carte d’Identité Garde Juré, a prêté des services à Zoco Bocalitos Apolico”. Pension : 270 euros.
Deida-Da fut soldat espagnol. Quoique plus tard il ne se soit pas enrôlé dans les rangs Front Polisario. Il est demeuré dans sa terre, attendant une solution pacifique et le fait d’avoir dû partir à son âge lui rompt le cœur. Pour cela, malgré qu’il vient d’affirmer qu’il n’a aucune garantie pour sa sécurité là-bas, il renchérit : “Mais bien que je n’aie pas la nationalité je veux retourner, je me sens très mal.”
Des derniers jours passés à Laâyoune, il ne peut parler que d’arrestations quotidiennes. “On arrête des gens sans cesse, on veut les éliminer, que ceux qui restent aient peur et prennent la fuite.” Et lui ? Craint-il ce qui pourrait se passer ? “Non, les gens n’ont pas peur, ce qu’ils n’ont pas c’est des armes et ils ne vont pas sortir pour mourir ; nous avons fait ce que nous pouvions, il vaut mieux faire un pas en arrière et que ceux de Tindouf fassent ce qu’ils peuvent maintenant, ou les journalistes, les ONG, qu’ils viennent voir ce qui se passe”, propose-t-il.
Voilà son analyse de la situation. La peur, à son avis, c’est le Maroc qui l’a. Pour cela il s’attendait “d’une part” que la situation au camp tourne tel qu’elle a tourné. Pour Deida-Da – parle la voix de l’expérience –, cette protestation est “ce que les Sahraouis ont fait de mieux”, et maintenant, “le Maroc sait que tous veulent la liberté”. C’est-à-dire – poursuit-il son argument –, “avant, le Maroc pensait que les indépendantistes étaient tout au mieux un 5 %, les militants, mais quand on nous a vus tous unis, main dans la main, on n’en revenait pas ; cela n’était jamais arrivé, pour cela on nous accuse de terrorisme et tous ces mensonges, afin que personne ne voie que nous sommes tous unis autour d’un même mot." La Liberté", évidemment.
Mais la liberté brille par son absence ces jours-ci à Laâyoune. Au moins, pour une partie de la population, les Sahraouis. Pour cela, dit le vieux, la cohabitation avec les Marocains s’est aussi brisée. “C’est terminé, chacun pour soi, parce que plusieurs, qui ont été nos voisins durant 35 ans, ont raconté à la police où étaient cachés certains Sahraouis, voire ont participé au harcèlement. Et tout ce qu’on avait partagé pendant tout ce temps ? Où est resté tout cela ?”, demande-t-il de nouveau.
Il n’y a pas de liberté, pas d’espoir ni en l’Espagne ni en aucun organisme international – “il se fait tard que l’ONU tarde en sorte, c’est un occupant de plus” –, pas de cohabitation. Mais il insiste pour terminer : il n’y a pas de peur non plus. “Nous n’avons plus peur, il ne nous reste plus rien à faire, sauf aller en guerre ; peu importe qui est le plus fort, il ne reste a plus rien à dire, nous voulons lutter, tous, voire moi-même. Pour tenir une arme je ne suis toujours pas vieux.” La force d’un gosse et l’épuisement de 35 ans de soumission. Mais il ne se rend pas.
Vidéo : le vieux militant, blessé en même temps que ses filles, s'explique 

La diplomatie française en déroute au sein du Sahara occidental

  1. Mais chut! faut pas en parler, même wikileaks ne bronche....
Par Humanitas,26/12/2010
Si ces événements s’étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l’homme de l’ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place.
Les événements qui ont embrasé El Ayoun, la capitale du Sahara occidental, le 8 novembre dernier, devraient convaincre la diplomatie française de «changer de cap sur un dossier peu connu, mais qui embarrasse jusqu’aux plus aguerris de ses diplomates», a indiqué le représentant de Human Rights Watch à l’ONU, Philippe Bolopion. S’exprimant dans un «point de vue» publié sur le Monde.fr, Bolopion il a relevé que «depuis plusieurs années, à l’abri des portes closes du Conseil de sécurité de l’ONU, la France use du pouvoir de dissuasion que lui confère son droit de veto pour tenir les Nations unies à l’écart des questions touchant au respect des droits de l’homme dans le territoire annexé par son allié marocain, en 1975».

Faute d’un mandat approprié, la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) est restée «aveugle» tout au long des événements qui ont opposé, le mois dernier, les forces de l’ordre marocaines aux militants sahraouis, les troubles les «plus graves» depuis le cessez-le-feu de 1991, a-t-il fait remarquer. Pour lui, le Conseil de sécurité de l’ONU, en charge de la paix internationale, s’est vu dans l’incapacité de faire la part des choses entre le mouvement indépendantiste du Front Polisario, qui a dénoncé sans preuve le massacre de 36 manifestants pacifiques, et le Maroc qui prétendait, sans plus de crédibilité, libérer les milliers de civils sahraouis soi-disant retenus en otages par des «criminels» dans un camp érigé, en signe de protestation, à proximité d’ El Ayoun. M. Bolopion a estimé que si ces événements s’étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l’homme de l’ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place pour établir une version objective des événements et informer le Conseil de sécurité, contribuant ainsi à apaiser les tensions. La présence d’observateurs de l’ONU aurait aussi pu s’avérer dissuasive pour les forces de sécurité marocaines qui ont, à plusieurs reprises, selon une enquête de Human Rights Watch, passé à tabac des personnes arrêtées à la suite de troubles.

Toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU, établies depuis 1991, disposent de ces mécanismes, qui reposent sur le constat que «toute paix durable s’appuie sur le respect des droits de l’homme». Partout ailleurs, du Darfour au Timor Est, en passant par le Kosovo, la France soutient pleinement l’intégration croissante des questions touchant aux droits de l’homme dans les missions de l’ONU. «Il n’y a que sur le dossier sahraoui que Paris s’arc-boute, persistant à défendre une anomalie historique», a-t-il déploré. «Au lieu de s’aligner sur Rabat, la France devrait convaincre le Maroc qu’il a tout à gagner à améliorer les conditions dans lesquelles vivent les Sahraouis sous son contrôle, souvent muselés et harcelés par les forces de l’ordre marocaines lorsqu’ils osent se prononcer pour l’indépendance», a affirmé le militant de Human Rights Watch, pour qui le renouvellement du mandat de la Minurso, en avril 2011, «offre à la diplomatie française une chance de corriger la situation». «Il est temps que Paris reconnaisse que, sans un strict respect des droits des Sahraouis, garanti par l’ONU, les deux camps continueront à se livrer à des campagnes de désinformation qui ne font que compliquer les efforts du Conseil de sécurité en faveur d’une solution politique», a-t-il conclu.

De Sidi Ifni à Sidi Bouzid : la révolte logique des Bac + contre la dictature des Bac –

par FG, 31/12/2010

Démocratie
Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
Aux pays poivrés et détrempés ! — au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route !

Arthur Rimbaud, Illuminations



17 décembre : Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu. 22 décembre : Hocine Neji, 24 ans, s’électrocute sur un poteau électrique. 26 décembre : Lotfi Kadiri, 34 ans, se jette au fond d’un puits.
Ces trois actes de désespoir de jeunes diplômés chômeurs et précaires ont alimenté la révolte qui secoue la Tunisie depuis le 18 décembre 2010. Une révolte qui a pris d’emblée une tournure politique au vrai sens du terme, loin du Karakouz* de la politicaillerie. Les manifestants qui ont déferlé dans les rues de dizaines de villes et de villages s’en prennent tous à la corruption du régime et au manque de perspectives. Le "contrat social" établi par le régime du général Ben Ali - la dictature en échange de la prospérité économique - ne marche plus : l’époque des vaches grasses a pris fin et le général est nu. Il y a plusieurs raisons à cela :
  • dans la concurrence mondiale entre les pays à bas coûts de main d’œuvre et à haute productivité, la Tunisie est détrônée par la Turquie, la Pologne et la Roumanie – pour ce qui est de la productivité – et par la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Bangla desh – pour ce qui est des coûts de main d’œuvre.
  • les emplois proposés privilégient la main d’œuvre non qualifiée, laissant de côté les diplômés chômeurs.
  • ’économie de prédation et le système mafieux mis en place par le clan familial au pouvoir découragent l’investissement dans des activités productrices, les détenteurs de capitaux préférant mettre leur argent dans la spéculation, en premier lieu immobilière, qui ne crée pas d’emplois.
  •  les seuls diplômés assurés de trouver un emploi sont les ingénieurs. Or, moins de 10% des diplômés tunisiens ont fait des études d’ingénieur, la plupart des bacheliers préférant choisir les sciences humaines, le droit ou l’enseignement.
  •  la corruption érigée en système administratif fait que les incapables semi-analphabètes ont la priorité sur les diplômés surqualifiés.
  • Chaque famille tunisienne compte au moins un un diplômé de 25-30 ans, bardé de diplômés allant du Bac + 3 au Bac + 8, qui est obligé de rester vivre chez ses parents et qui n’a pas le choix : soit il se contente de "garder les murs" - c’est alors un hittiste -, soit il tente de faire du "bisness" dans le secteur informel – le seul  qui connaisse une forte expansion -, soit il "brûle " et choisit d’affronter la traversée de la Méditerranée dans une embarcation précaire pour tenter  sa chance en Europe, devenant ainsi un "harraga".
Mohamed, Hocine et Lotfi : ce sont les "étranges soldats" de la guerre sociale du XXIème siècle dans ce petit pays, la Tunisie, qui est l’emblème et le symbole des effets ravageurs de la globalisation capitaliste. Un pays étroitement dépendant de l’Union européenne, auquel il est "associé" par un accord qui a entraîné la fermeture d’au moins un tiers des entreprises tunisiennes. 76% des exportations de la Tunisie se font vers l’UE, qui assure 83% des revenus du tourisme et d’où proviennent 90% des transferts d’argent.
Ils sont des centaines de milliers de Mohamed, Hocine et Lotfi, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Égypte. Selon une estimation prudente, les diplômés chômeurs seraient entre 400 et 500 000 au Maroc, autant en Tunisie, entre 600 et 700 000 en Algérie, et…2, 5 millions en Égypte !
Ils se battent depuis des années, avec l’énergie du désespoir. La révolte déclenchée à Sidi Bouzid le 18 décembre s’inscrit dans un cycle de luttes déclenché au printemps 2008, simultanément au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Au Maroc, ce sont les jeunes de Sidi Ifni qui ont bloqué l’accès au port de pêche d’où partent les sardines mises en boîte par les entreprises espagnoles installées à Agadir. À l’aube du samedi 7 juin 2008, les forces de prépression ont déclenché une "opération éradication" d’une violence inouïe contre le sit-in sous la tente des jeunes diplômés chômeurs.
Au même moment, la jeunesse de Redeyef et Gafsa, en Tunisie, se soulevait, entraînant pratiquement toute la population dans sa révolte. Ici aussi, la réponse fut une répression impitoyable, qui fit des morts, des blessés et jeta en prison un certain nombre de révoltés.
Auparavant, c’était les jeunes de Gdyel, dans la banlieue autrefois rurale d’Oran, en Algérie, qui s’était révoltés, mettant le feu aux bâtiments du pouvoir. Dans les trois cas, la cause immédiate des révoltes était la même : les jeunes diplômés chômeurs  en avaient assez de ne pas obtenir de réponse à leurs revendications, de voir les concours d’embauche privilégier des parents et des proches des gens du pouvoir, souvent étrangers à la région et peu qualifiés, et d’être réprimés dans leurs tentatives de s’en sortir.
À Gdyel, les policiers avaient pris l’habitude de répandre du détergent sur les étals de poissons mis en place par les jeunes précaires, étals "sauvages" puisqu’ils n’avaient pas accès aux étals officiels du Souk El Fellah (marché) local. À Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, diplômé de l’Institut supérieur d’informatique de Mahdia, s’était mis à vendre des fruits et légumes sans autorisation. Les policiers lui avaient confisqué ses produits, ce qui a provoqué son geste de protestation.

Toutes ces révoltes ont des caractéristiques communes :
  • Sous leur apparence spontanée, elles sont organisées. Les jeunes diplômés chômeurs se connaissent tous, se voient tous les jours, dans les mêmes rues, dans les mêmes cyber-boutiques. Ils ont tout le temps pour mettre au point leurs actions de résistance.
  •  Ils ont une méfiance absolue dans tout ce qui se présente comme "politique" – officielle ou opposante – et ne font confiance qu’à ceux qu’ils connaissent eux-mêmes, leurs pairs d’âge, les membres de leurs familles élargies, leurs enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur.
  •  Ils constituent une nouvelle classe, le cognitariat, équivalent du XXIème siècle du prolétariat du XIXème et du XXème siècle. Les prolétaires étaent ceux dont l’unique richesse était leur proles – leur progéniture en latin. Les cognitaires sont ceux dont la connaissance - cognitio en latin – est l’unique richesse. Ils savent tout de ce qui se passe dans le monde et aucune des barrières électroniques dressées par le régime – il y a en Tunisie un bon millier de policiers uniquement chargés d’Internet – ne les empêche d’accéder aux informations disponible sur la Toile dans toutes les langues du monde. Les pages créées sur Facebook par les jeunes de Sidi Bouzid comptent désormais des milliers d’inscrits.
  • Les deux armes principales de ces jeunes sont donc le téléphone portable et Internet. À Sidi Bouzid, comme à Sidi Ifni, les images filmées sur des portables ont connu une diffusion mondiale, grâce à Facebook, Youtube et le relais des chaînes satellitaires arabes, en premier lieu Al Jazeera. Et la réaction du régime tunisien a été la même que celle du makhzen marocain : il s’en est pris à Al Jazeera, devenue l’incarnation de la fameuse " main invisible de l’étranger " à laquelle de tout temps, les dictatures ont attribué les révoltes logiques. Ce qui fait rigoler tout le monde.
Cette intelligence collective à l’œuvre dans les révoltes se heurte à la stupidité, à la veulerie, à l’impudence, bref au caractère totalement amoral du régime en place, qui n’est qu’une bande de profiteurs faisant étalage de leur richesse d’une manière qui ne peut que susciter la haine. Que peuvent penser les petites gens des palais des gens de la Famille régnante, de leurs jets privés, de leurs allers-retours entre Hammamet, Saint-Tropez et les Maldives ? Comment les jeunes en cage ne pourraient-ils pas s’identifier à "Pacha", le tigre que Sakher El Materi et Nesrine Ben Ali nourrissent dans leur palais de Hammamet ? Un tigre en cage  restera tranquille et dépressif tant qu’il sera bien nourri. Mais il suffira qu’un jour, il n’ait pas sa ration de viande et là, il risque de manger la main qui ne le nourrit plus. Et le bras avec.
La jeunesse tunisienne est en train renverser le proverbe ottoman "Baise la main que tu ne peux mordre" : "Mords la main que tu ne veux plus baiser". Les Bac+ ont entamé une marche qui ne pourra conduire qu’à la chute lamentable de celui que le peuple appelle "Bac  - 12", et dont l’ambassadeur US lui-même, Robert F. Codec, écrivait en 2009 qu’il n’y avait plus rien à attendre. Il aura beau pérorer, gesticuler et prendre des mesurettes, il ne pourra pas endiguer le tsunami qui l’emportera, lui et sa smala. Mektoub – c’est écrit.
*Karakouz : du turc Karagöz (Œil Noir), un des deux personnages traditionnels du théâtre de marionnettes ottoman. Karagöz est un homme du peuple illettré proche du public tandis que Hacivat appartient à la classe éduquée et s'exprime en turc ottoman en utilisant des tournures littéraires et des termes poétiques. En Tunisie, le terme Karakouz désigne la politique politicienne, que l’on peut résumer ainsi : d’un côté le RCD d'UBUenali et ses 5 appendices béni oui-oui, le MDSPUPUDUPSLPVP ; de l’autre les  4 ou 5 groupuscules de l'opposition extra-parlementaire, aussi appelés "l'Hôtel Majestic" (du nom d'un hôtel de Tunis où leurs chefs aiment se retrouver), qui pourraient tenir leur congrès d'unification dans une cyber-boutique et dont les leaders passent plus de temps à Paris qu'à Tunis.Congrès d'unification qui ne risque jamais d'avoir lieu tant ces mêmes leaders, tous plus "charismatiques" et imbus d'eux-mêmes les uns que les autres tiennent à avoir chacun son propre joujou.

France : La Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité doit vivre

Pétition :La Halde doit vivre
Par les membres du Comité consultatif de la HALDE, Le collectif SOS HALDE,22/12/2010
> Depuis juin 2010, 49 organisations syndicales et associations réunies dans le collectif « SOS HALDE » ont rejoint l’appel lancé par les membres du Comité consultatif de la HALDE. Ils ont dénoncé la disparition programmée de la HALDE. Leurs inquiétudes rejoignent celles exprimées par la totalité des membres du Comité consultatif, de sensibilités très diverses
> Le 11 janvier 2011, va commencer à l’Assemblée nationale le débat sur le projet de loi organique sur le Défenseur des droits. Le Sénat a décidé d’inclure, dans le champ d’application de cette nouvelle institution, les discriminations et donc de supprimer la HALDE en tant qu’autorité administrative indépendante. Le même sort a été réservé au Défenseur des enfants et à la Commission nationale de déontologie de la sécurité.
> Certes, on pourrait très bien imaginer que la lutte contre les discriminations soit portée par une autre institution. Mais le projet de loi contient des dispositions qui conduisent fortement à croire que ce qui a été fait par la HALDE depuis 5 ans, ne sera pas, loin de là, poursuivi par le défenseur des droits. Les règles mêmes de fonctionnement de l’institution, mises en place par le projet et/ou adoptées par le Sénat, en témoignent :
le défenseur des droits, nommé par le président de la République, sera seul doté du pouvoir de décision ;
il pourra décider en opportunité, sans que ses décisions puissent être contestées, et dans le même temps opérer un tri selon les dossiers ou les critères discriminatoires en jeu ;
il pourra librement opter pour la médiation dans le règlement des litiges sans dire le droit.
> En conséquence, la saisine du collège par le Défenseur des droits sera facultative, mais encore il ne rendra qu’un avis consultatif. La prise de décision de façon collégiale est ainsi remise en cause. La société civile disparaît du paysage puisque le projet en l’état n’a pas prévu de créer un comité consultatif susceptible de faire le lien entre l’institution et les organisations et associations, riches de leurs expériences de terrain.
> A ces règles de fonctionnement, qui du reste interrogent la compatibilité du texte avec le droit communautaire mais aussi avec la Constitution, se mêle un contexte politique de dénigrement du travail mené par la HALDE. Comment croire dans ces conditions que la lutte contre les discriminations ne va pas être sacrifiée ?> Alors si l’on peut souscrire au souhait d’une certaine mutualisation des moyens et des ressources, c’est à la condition que le combat pour la lutte contre les discriminations et pour l’égalité soit porté par une institution indépendante, transparente, autonome, collégiale et spécialisée.
Signez la pétition

http://www.petitionenligne.fr/petition/appel-des-membres-du-comite-consultatif-de-la-halde/278http:

jeudi 30 décembre 2010

Côte d’Ivoire: Dates clés d’une décennie de crise politique

par Aziz Enhaili,Chroniqueur de Tolerance.ca, 29/12/2010
Au cours de cette première décennie du vingt-et-unième siècle, la Côte d’Ivoire n’a cessé de s’enfoncer, un peu plus chaque jour, dans les méandres mouvants d’une crise politique sans précédent. Retour ici sur les dates clés de cette crise.
23-24 juillet 2000: Une nouvelle réforme constitutionnelle décrète que tout candidat à la présidence «doit être Ivoirien de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens» et qu'il «ne doit pas s'être prévalu d'une autre nationalité», ce qui excluait de facto Alassane Dramane Ouattara (ADO), l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny.
22 octobre: L’élection présidentielle est boycottée par le PDCI d’Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) d’un ADO dont la candidature a été encore une fois invalidée sous prétexte qu’il n’était pas Ivoirien! Provoquant des heurts meurtriers entre partisans du Front populaire ivoirien (FPI) et du RDR. Laurent Gbagbo (chef du FPI) est déclaré nouveau président par la Commission nationale électorale.
Octobre-décembre 2001: Ouverture des travaux d'un «Forum pour la réconciliation nationale». De retour en novembre dans son pays de son exil français, ADO y prend part à côté d’autres leaders politiques. Il gagne la reconnaissance de son «ivoirité» et Gbagbo la légitimité de son cabinet.
Septembre 2002: Dans un contexte délétère, une tentative de coup d'État est déjouée par un pouvoir faisant aussi face à la rébellion des Forces Nouvelles (FN). Des proches de Gbagbo en incriminent ADO, qui se réfugie à l’ambassade française avant de se réfugier au Gabon en novembre. À l’ombre d’une médiation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les rebelles nordistes et Gbagbo signent un accord de cessez-le-feu. Dans le cadre de l’opération «Licorne», des unités de l’armée française sont chargées du maintien de la paix en Côte d’Ivoire et de la protection de la sécurité des ressortissants étrangers. Cette opération est complémentaire de la mission de l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire). La CEDEAO crée un «groupe de contact» et envoie une force de maintien de la paix dans le pays.
Octobre 2002: Le 17, un accord de cessez-le-feu est signé avec le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) de Guillaume Soro.
Janvier 2003: Sous l’égide du président Jacques Chirac, les accords de Linas-Marcoussis (France) sont signés. Ils prévoient le maintien de Gbagbo au pouvoir en échange notamment d’un gouvernement «de réconciliation nationale» ouvert, entre autres, aux rebelles du mouvement des FN qui obtiennent les postes de Défense et de l’Intérieur, malgré l’opposition de «Jeunes patriotes» proches du président ivoirien. La CEDEAO déploie finalement un contingent militaire.
13 mai: Adoption par l'ONU de la résolution 1479 créant la Mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire (MINUCI).Avec comme mandat de faciliter la mise en œuvre par les parties ivoiriennes de l’Accord de Linas-Marcoussis comprenant une composante militaire, en complément des opérations menées par les forces françaises et celles de la CEDEAO.
4 juillet 2003: Annonce de la fin de la guerre civile.
5 août: Une tentative de coup d'État est déjouée.
Décembre: Tentative sanglante de prise de contrôle de la radio et télévision ivoirienne (RTI) par des groupes armés.
27 février 2004: Aux termes de la résolution 1528, le Conseil de sécurité remplace, à compter du 4 avril 2004, la MINUCI par une nouvelle mission: l’ONUCI.
Avril: Sous l’égide du président sud-africain Thabo Mbeki, les acteurs de la crise ivoirienne signent, le 6, l’Accord de Pretoria, qui complète celui de Linas-Marcoussis et stipule la fin des hostilités et la reprise du processus de désarmement des rebelles. Le 26, Gbagbo dit accepter la candidature d'ADO à la présidentielle.
29-30 juillet: Le Sommet Accra III (Ghana) de chefs d’État africains (dont celui ivoirien) et du secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, accouche d’un accord qui prévoit un train de réformes politiques et un échéancier du désarmement des milices et des rebelles. À défaut de quoi, le pays s’exposerait à de multiples sanctions onusiennes. Mais dès le 15 octobre, les rebelles des FN refusent de déposer les armes.
Novembre: Reprise des hostilités entre l’armée régulière et les FN en raison de l’échec du lancement du processus de désarmement. En perdant des soldats à Bouaké, les troupes de l’opération Licorne (plus de 5000 soldats) abattent deux chasseurs ivoiriens. Une «chasse aux Blancs» est lancée par des partisans de Gbagbo. Un nouveau raid français détruit les chasseurs ivoiriens. Désormais, la maîtrise de l’espace aérien ivoirien échappe à Gbagbo. Neuf mille étrangers sont évacués du pays. La résolution 1572 de l’ONU instaure l’embargo sur la vente des armes à la Côte d’Ivoire.
Mai 2005: L'armée et les FN signent un accord fixant le calendrier du désarmement des milices et prévoyant leur intégration au sein d'une armée dite «refondée et restaurée». ADO et Bédié concluent en France une alliance inattendue en vue de battre Gbagbo lors de la présidentielle prévue pour le 30 octobre 2005.
24 juin: Le Conseil de sécurité adopte la résolution 1609 renforçant les effectifs de l’ONUCI et prolongeant le mandat de l’opération Licorne jusqu’au 24 janvier 2006.
29 juin: L’accord de Pretoria II fixe le calendrier du désarmement et crée une Commission électorale indépendante (CEI). Permettant la conclusion de l’accord du 9 juillet entre l’armée et les FN relativement au calendrier du désarmement des rebelles.
31 août: L’échec de la médiation d’un Mbeki accusé par les FN de prendre le parti de Gbagbo. D’ailleurs, une semaine plus tôt, celles-ci avaient refusé de cautionner la présidentielle prévue pour le 30 octobre estimant que les conditions d’une élection «libre, démocratique, et transparente» n’étaient pas encore réunies.
6 octobre: Conformément au souhait exprimé le 27 septembre par Gbagbo, l’Union africaine (UA) se déclare favorable à son maintien après le 30 octobre à son poste et appelle à la nomination d'un Premier ministre de transition. Décision approuvée aussitôt par le Conseil de sécurité d’une ONU, dont le secrétaire général avait, le 9 septembre, annoncé le report sine die de la présidentielle. La résolution 1633 adoptée le 21 octobre stipule la limitation de la période de transition à douze mois et la désignation d’un Premier ministre. Charles Konan Banny, directeur de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), est chargé, le 4 décembre, de mener cette transition jusqu’à la tenue d’une présidentielle prévue en principe pour le 31 octobre 2006. Il a, le 28 décembre, formé un cabinet où se retrouvent des partisans du président, de l’opposition et des rebelles.
15 janvier 2006: Le Groupe de travail international (GTI) s'oppose à la prolongation du mandat des députés arrivé à échéance en décembre 2005. En vain! Mis sous fortes pressions, les députés d’opposition associés en un Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) retrouvent, en juin, leurs sièges à l’Hémicycle.
28 février: Les «Cinq grands»: Gbagbo, Charles Banny, ADO, Bédié et Guillaume Soro (FN) se réunissent à Yamoussoukro (capitale de la Côte d’Ivoire). Une première depuis 2002. Ils s’y rencontreront de nouveau, le 5 juillet, sous l’égide d’Annan, et accoucheront d’un communiqué final fixant au 15 juillet au plus tard le début des audiences foraines (visant la fourniture des documents d'état civil et d'identité aux nombreux Ivoiriens qui n'en possèdent pas, dont des personnes originaires du nord du pays, tenues pour «étrangers» par les partisans de l'«ivoirité») et demandant, entre autres, «la publication d'un décret présidentiel d'ici le 15 juillet autorisant la CEI à procéder à tout ajustement nécessaire du code électoral en vue des élections», et prévoyant «d'examiner à la mi-septembre une éventuelle prolongation du mandat du président Gbagbo après le 31 octobre».
Juillet: Lancement du processus d'identification des électeurs en vue du scrutin présidentiel prévu avant le 31 octobre, malgré l’opposition des «Jeunes patriotes». Gbagbo déclare, le 6 août, que ces «audiences foraines» ne peuvent pas délivrer de certificats de nationalité, et affirme qu’il demeurera président jusqu'aux prochaines élections. Deux jours plus tard, les FN suspendent leur participation au dialogue militaire. Aussi, lors de leur rencontre le 5 septembre, les «Cinq grands» ne s’entendent point sur les questions du désarmement et de l'actualisation des listes électorales. Trois jours plus tard, le GTI constate l’échec de la mise en œuvre de la Résolution 1633.
1 novembre: À l’instar de l’UA, le Conseil de Sécurité adopte à l'unanimité la Résolution 1721 reportant la présidentielle et reconduisant Gbagbo à son poste pour une période de transition d'un an, et ce à partir du 1 novembre 2006. Aussi, il reconduit le 13 décembre les mandats de l’ONUCI et de Licorne jusqu'au 10 janvier 2007.
4 mars 2007: Signature par Gbagbo et Soro de l'«Accord de Paix de Ouagadougou» (Burkina Faso), qui prévoit la formation d'un nouveau gouvernement de transition, la relance du processus d'identification et d'enregistrement des électeurs en vue des élections prévues fin 2007 et le départ à terme des casques bleus onusiens et des soldats de l’opération Licorne. Suite à la signature le 27 à Ouagadougou du premier Accord complémentaire de l’Accord politique d’Ouagadougou (APO), Soro devient en avril nouveau Premier ministre. Il est chargé du règlement des questions du désarmement, de la réunification et de l'organisation des élections d'ici à la fin de l'année. Une ordonnance d’amnistie est signée le 12 avril. Elle couvre les crimes et délits survenus entre le 17 septembre 2000 et le 4 mars 2007. Signature le 28 novembre des deuxième et troisième Accord complémentaire de l’APO (et le 24 décembre 2008 du quatrième Accord complémentaire).
27 novembre: Suite au nouveau report de l’élection présidentielle, le président et son Premier ministre prévoient la tenir au plus tard à la fin du premier semestre de 2008.
16 avril 2008: Gbagbo confirme devant l’Assemblée générale de l’ONU la date du 30 novembre 2008 pour la tenue de l’élection présidentielle. En vue de cette présidentielle, le FPI, le RDR et le PDCI signent, le 24, un gentleman’s agreement élaboré par la CEI.
15 septembre: Lancement du processus d’identification des populations et du recensement en vue de la mise à jour des listes électorales en vue du scrutin présidentiel.
10 novembre: Nouveau report du premier tour de l’élection présidentielle.
25 décembre: Signature par le président et son Premier ministre d’un accord d’intégration des ex-rebelles au sein de l’armée régulière.
15 mai 2009: La CEI fixe le 30 novembre 2009 comme date de l’élection.
31 octobre: Nouveau (et sixième) report de la présidentielle, en raison encore une fois du retard pris dans l'élaboration des listes électorales.
12 février 2010: Dissolution par le président du gouvernement et de la CEI. Une décision assimilée par l’opposition à un «coup d’État», d’où son insistance à rétablir la CEI. Un membre du PDCI, Youssouf Bakayoko, est, le 26 février, désigné à sa tête.
5 août: L’annonce par Soro du 31 octobre 2010 comme date définitive de la présidentielle. Après cinq ans d’attente.
Octobre: Ouverture le 15 de la campagne électorale du premier tour de la présidentielle. Gbagbo (FPI) fait face à ADO (RDR) et à Bédié (PDCI). Le 31, le président sortant récolte 38% des voix exprimées contre 32% pour ADO et 25% pour Bédié. Celui-ci appelle ses partisans à reporter leurs voix sur son allié ADO.
28 novembre: Lors du second tour de l’élection, Gbagbo affronte ADO.
Décembre: La CEI accrédite, le 2, ADO de 54,1% des suffrages contre 45,9% pour Gbagbo. Mais le 3, un Conseil constitutionnel aux ordres invalide les résultats de la CEI et déclare réélu le président sortant avec 51,45% des suffrages. L'ONU valide l’élection d’Ouattara. Le lendemain, l’UA emboîte le pas à l’ONU, tout comme l’UE et les États-Unis. Devant le refus obstiné du président sortant d’accepter le verdict des urnes, l’UA suspend son pays le 9. Désormais, plusieurs institutions financières internationales et régionales refusent de reconnaître la validité de la signature de son gouvernement. L’UE met en place plusieurs mécanismes de rétorsion contre des personnalités du camp présidentiel réputées être dures. La CEDEAO brandit la menace d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire pour chasser Gbagbo du pouvoir. La troïka africaine dépêchée le 28 décembre en Côte d’Ivoire auprès de Gbagbo semble la mission de la dernière chance.

France de la honte : Dans mon avion, une expulsée et ses deux enfants : « Help me »

Par Dominique Verrier, Comédien, Rue 89, 29/12/2010

J'aimerais vous raconter une histoire dont j'ai été témoin. Je viens de passer une semaine au Mali avec une compagnie théâtrale pour jouer un spectacle au centre culturel français de Bamako. J'étais très content de cette opportunité qui me permettait de découvrir un pays d'Afrique que je ne connaissais pas.
Nous étions neuf ce jeudi 9 décembre, et devions partir de Paris-Orly à 16h30 avec la compagnie Royal Air Maroc par le vol AT 765.

En montant dans l'avion, nous découvrons que nous sommes placés tout au fond. Bon. Trois hommes s'y tenaient debout et formaient un rempart devant les derniers sièges.
En s'approchant pour prendre nos places, ils nous ont tout de suite fait comprendre que ce n'était pas la peine de leur parler ou d'essayer de communiquer d'une façon ou d'une autre.
Nous avons très vite compris que, derrière eux, se trouvait quelqu'un qui n'avait pas choisi d'être là. Une jeune femme, de 25 ans environ, et deux enfants – un an et demi peut-être pour l'un, et trois ans pour l'autre –, étaient à moitié cachés par les trois colosses.
Cette jeune femme nous implorait en psalmodiant un « help me » (aidez-moi) répétitif, inlassable. Toute tentative de demande d'explication de notre part a été immédiatement stoppée par les trois gardiens.
En une seconde, nous nous sommes retrouvés dans la situation que personne ne souhaite vivre : être témoin d'une expulsion sans pouvoir agir.
Se rouler par terre pour empêcher l'avion de décoller ?
Alors que faire ? Invectiver les trois hommes ? Hurler pour que tout l'avion soit au courant ? Courir à l'avant et tambouriner à la porte de la cabine de pilotage pour alerter le commandant de bord (qui devait l'être déjà) ? Se rouler par terre pour empêcher l'avion de décoller ?
Nous avons sans doute tous pensé à ça. Pour ma part, je peux dire que j'ai hésité une seconde. Une seconde de trop.
Je n'ai rien fait et mes camarades non plus. Nous nous sommes assis à nos places, tétanisés.
Pendant ce temps, la jeune femme disait toujours « help me ». Ce « help me » a duré peut-être une heure, ou plus, jusqu'à ce que l'avion décolle enfin et qu'elle s'endorme, épuisée.
Je me suis rendu compte plus tard qu'elle avait les chevilles, les genoux et les coudes attachés ! Il est vrai qu'elle représentait un danger réel pour la sécurité du territoire français, avec ses deux enfants…
Nous n'avons plus décroché un mot entre nous. Nous n'étions pas fiers. Je n'étais pas fier.
Expédiée comme un paquet indésirable
Nous devions faire une escale à Casablanca, au Maroc, et prendre un autre avion pour Bamako.
Avant de descendre, nous avons eu quelques bribes de renseignements : la jeune femme était Sri-Lankaise. Son mari, avec qui elle était arrivée par le Maroc, avait été reconduit immédiatement dans ce pays, mais la législation en vigueur ne permettant pas la même chose pour une femme avec des enfants. Il a fallu un peu plus de temps pour lui faire finalement subir le même sort.
On l'imagine très bien en garde à vue quelque part en France dans un centre de transit pour étrangers, avec ses deux enfants. Pendant des jours, peut-être des semaines. Ne parlant pas un mot de français, ni même d'anglais – à part ce « help me » – avant d'être expédiée ailleurs, comme un paquet indésirable, par le vol AT 765 de la compagnie Royal Air Maroc.
On l'imagine encore mieux débarquant au Maroc, sans connaître davantage un mot d'arabe, sans papiers, sans argent, sans connaître personne…
Elle ne restera pas longtemps sans que les services d'immigration de Mohammed VI ne s'occupent d'elle, et on imagine de quelle manière. Ou que la rue marocaine ne s'en charge.
France, terre d'asile ? Pays des droits de l'homme ?
On repense à de bien belles formules comme « France terre d'asile », ou « France pays des droits de l'homme », ou encore à la belle initiative « Touche pas à mon pote » [de SOS-Racisme, ndlr].
Ça paraît loin tout ça et ça pourrait faire sourire, si nous n'étions pas dans un temps où des ministres de la République, condamnés pour injure raciale [tel Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur], sont toujours à leur place dans leurs palais dorés ; si nous n'étions pas dans un temps où d'autres serviteurs zélés font voter des lois iniques contre les étrangers.
Alors aujourd'hui on ne sourit plus, on ne rit même pas jaune. On a honte, tout simplement.
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Kafka aux Pays-Bas : 16 jours de prison pour un étudiant de Paris-I
► Comment la France a annulé mes visas du jour au lendemain
► La Cour nationale du droit d'asile en grève pour ne pas « craquer »

Au Maroc le monde agricole est victime de traitements ignobles, inhumains !

A la campagne, l’Etat pratique l’arbitraire le plus abject
Par Ali Fkir 28/12/2010
Rappel historique
Au début des années 70, le régime de Hassan II était chancelant :
- Deux tentatives de coup d’Etat militaire (10 juillet 1971 ; et 16 août 1972)
- Soulèvement des paysans ( en 1970 Ouled Khlifa...)
- Grèves ouvrières (grève illimitée des milliers de mineurs de l’OCP en 1971…)
- Radicalisation des ailes révolutionnaires de l’UNFP (déclenchement de la lutte armée en en 1973…)
- Entrée en scène spectaculaire du mouvement marxiste léniniste marocain : encadrement de la jeunesse à travers tout le Maroc, implantation relative dans le milieu ouvrier et paysan (Gharb, Meknès, Beni Mellal, Tétouan, Casablanca…)
- Naissance des premiers noyaux révolutionnaires du mouvement nationaliste sahraoui (soulèvement de Layoune en juin 1970, participation active des sahraouis à la grève générale de 4 août 1970 organisée par les étudiants au Maroc contre la visite du ministre des affaires étrangères espagnol au Maroc, animation de débats universitaire sur le colonialisme au Sahara Occidentale…)
- Radicalisation des slogans scandés au cours des sit in et marches (1er mai par exemple) : appel à la lutte armée, sur la république, sur la personne de Hassan II….
- Refus des partis de la Koutla Al watania de cautionner les « constitutions » imposées par Hassan II (été de 1970 et début 1972), et de participer aux mascarades électorales
Réponses du régime:
- Féroce répression : enlèvements, assassinats, emprisonnement collectif, châtiment collectif (des tribus entières ont été victimes de l’arbitraire le plus aveugle)
- Dissolution du puissant syndicat estudiantin, l’UNEM
- Suspension de la publication des journaux de l’opposition
- Interdiction des activités associatives non inféodées à l’Etat
- Nouvelles lois qui punissent les personnes au nom des « valeurs sacrées » telle que « l’atteinte à la personne du roi » (minimum 5 ans de prison)
- « Fermeture » des bases américaines (Kénitra, Sidi Yahya, Sidi Slimane)
- Envoi d’un détachement militaire au Golan pour « combattre » (1973)
- « Marocanisation » de l’économie : interdit aux étranger de détenir 50% ou plus du capital d’une entreprise au Maroc, et de diriger une entreprise en tant que directeur ou gérant…
- « récupération » du Sahara en livrant une guerre contre, non pas le colonialisme mais contre le mouvement nationaliste sahraoui (arrestation des militants sahraouis au Maroc en 1972…)
- « Réforme agraire » : à partir de 1972, une partie (qui reste insignifiante) des terres « récupérées » est distribuée à des paysans « pauvres », avec un cahier de charges : l’organisation impérative des bénéficiaires en coopératives, le versement obligatoire annuellement d’une somme fixée (rente foncière) à l’Etat…La surface varie entre 4 et 6 ha, selon les régions, selon la qualité de la terre…
C’est cette dernière mesure qui nous intéresse ici.
Quarante ans après, beaucoup de bénéficiaires de « la révolution verte » se sont retrouvés paysans sans terre, « expropriés ». Comment ?
Avec la complicité des autorités locales, certains « prédateurs » ont pu s’emparer de certaines fermes, en recourant à des pressions sur les « bénéficiaires » initiaux pour qu’ils renoncent au « don royal » (les parcelles de terre sont l’objet de dahirs), ou à l’ignorance des paysans pour les pousser à ne pas respecter une ou plusieurs clauses du cahier de charge…
Les victimes perdent automatiquement leur droit d’exploitation, et au lieu que la terre revient à l’Etat, elle « tombe entre les bras » des prédateurs . Le malheur des uns fait le bonheurs des autres ! C’est la loi de la division de la société en classes sociales conflictuelles.
Dans la région de Benslimane et Mohammedia, des dizaines de victime de ce type de racket se présentent fréquemment aux sections de l’AMDH.
Exemple des 6 familles de la coopérative « hassania deux » à une quinzaine de km de La ville de Mohammedia, qui se voient perdre les parcelles qu’elles exploitaient depuis 38 ans, ainsi que leurs habitations (« bâties sur la terre d’autrui » ???!!!).
Le lundi 27 décembre 2010, deux membres de l’AMDH, section de Mohammedia ont assisté (sur demande des victimes) à une scène cauchemardasse.
Des dizaines de gendarmes , des élément des « forces auxiliaires », accompagnés d’individus en civil (ces derniers avaient pour tâche de jeter dans la rue les biens de la famille et de détruire les baraques)… ont investi le douar, encerclé la maison de la 1ère victime. Des propos indignes d’un représentant de la « loi » furent proférés à l’encontre des femmes…le caïd de Ben Yakhlef s’est distingué par son comportement provocateur.
Tous les biens des victimes devraient être transportés et entassés par la suite dans un dépôt de la caïdat (genre de fourrière pour les biens des citoyens). C’est scandaleux de déposséder des citoyen-nes (sans droits de citoyenneté) de leurs biens et de jeter des innocents (femmes, enfants, personnes âgées, malades) à la rue en plein hiver.
LA CONDAMNATION DE CES AGISSEMENTS DÉGRADANTS ET LA SPOLIATION DES FAMILLES PAYSANNES NOUS INTERPELLENT.
LA SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DE ARBITRAIRE EST UN DEVOIR POUR TOUT ET POUR TOUTE DéMOCRAT-E CONSÉQUENT-E



On sort, sans ménage aucun, les biens des paysans, on les entasse en attendant l'arrivée du camion de la "fourrière"
Des individus sur le toit: on détruit les baraques. Les baraques sont encerclées.
Nous "volons"" quelques photos au risque de perdre l'appareil. C'est l'arbitraire, quoi!


Cette petite ne réalise pas qu'on lui confisque ses "jouets". Inconsciente du danger elle s'approche et s'asseoit sur la "hsira" pour jouer. Juste derrière, il y a des sans-sentiments. L'Etat, c'est l'ordre! c'est la sécurité! c'est la matraque! c'est la baïonnette! Pas de place à l'humain.
L'innocence personnifiée en cette petite, la méchanceté personnifiée dans les représentant de l'Etat, constituent un tableau "artistique" qui nous rappelle à la réalité: au Maroc on vit encore dans les ténébres moyenâgeuses

Le désarroi ...

Maroc : Le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles dénonce les rafles d'enfants

Appel du groupe M.A.L.i : rafle d'enfants, 
Consigne anti immigration de l'Europe à son chien de garde le Maroc
Par le M.A.L.I,(Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles), Rabat,28/12/2010
N.M. CALVIN enfant d'origine congolaise âgé de 14 ans, qui jouait au foot ball avec des jeunes Marocains dans le quartier R'bati de Hay Nahda, fut enlevé par des éléments de police en tenue civile le 28 décembre 2010 vers 14H00. Plusieurs autres personnes ont été raflées dans les quartiers populaires de Sidi Moussa (Salé), Douar Kora, G3, G5, Kamra et Takdoum, elles seraient une centaine de personnes, dont plusieurs enfants et des femmes, à se trouver dans les commissariats de Rabat, notamment dans les sous-sol de la wilaya de police au centre ville de Rabat en instance de refoulement vers la frontière algérienne fermée depuis 1994.
Les autorités marocaines mènent, depuis 2004, une politique dite de "gestion des flux migratoires" en procédant périodiquement à des arrestations dans les rangs des ressortissants de pays frères et amis, notamment durant les fêtes de fin d'année. Cette politique répond à des injonctions européennes d'empêcher les migrants de s'approcher des portes de l'Union européenne. Les chiffres des refoulements de l'année 2010 destinés aux "bailleurs" seraient-ils insuffisants pour qu'il soit nécessaire d'organiser des rafles de grande envergure dans les derniers jours de l'année pour les gonfler ? Les accords incluent-ils des "performances" chiffrées ou les autorités marocaines font-elle preuve d'un zèle particulier?
Le GADEM (Groupe Antiraciste de Défense et d'Accompagnement d' Étrangers et de Migrants ) et les organisations de défense des droits Humains n'ont cessé de démontrer que les droits des personnes arrêtées ne sont pas respectés, que les procédures théoriquement garanties par la législation en vigueur, ne sont pas mises en œuvre et que les arrestations sont généralement suivies par des reconduites à la frontière dans les heures qui suivent le passage au commissariat.
Le GADEM exige la libération immédiate des enfants et des femmes et demande aux autorités policières de mettre en œuvre les conditions nécessaires pour que l’ensemble des personnes arrêtées puissent bénéficier d'une instruction en bonne et due forme de leur dossier et qu'elles puissent avoir accès à un interprète et au soutien d'avocats et à l'ensemble des droits de défense.
Le GADEM considère que le Ministre de l’intérieur marocain est personnellement responsable de la sécurité des personnes arrêtées, et que le Ministre de la justice est personnellement responsable des conséquences du non-respect des procédures garanties par la loi en vigueur, notamment la loi 02-03 relative au séjour des étrangers.

mercredi 29 décembre 2010

Hadjila doit pouvoir rester en France avec ses parents

Qui est Hadjila ?
Par RESF, 29/12/2010
Elle est née en Algérie en 1997
Son grand-père paternel est arrivé en région parisienne en 1959 (c'était avant l'indépendance de l'Algérie ). Il y a construit sa vie ici et est devenu propriétaire d'un restaurant. Ayant l'âge de prendre sa retraite, il a cédé son entreprise à ses 4 garçons ( dont le papa d'Hadjila )
C'est dans le cadre de ce projet familial qu'Hadjila est venue en France avec ses parents.
Pour bien préparer cette venue elle a été scolarisée en Algérie dès le CP dans des structures suivant les programmes français ; c'est cela qui lui a permis de suivre dans de bonnes conditions ses études CM1, CM2 et 6ième à Houilles (78), là où la famille habite. Son sérieux, tant dans son travail que dans sa vie ( elle était déléguée de sa classe l'année dernière) l'a amenée à suivre sa cinquième au collège Louis Lumière de Marly-le-Roi ( internat d'excellence)
Que lui arrive-t-il ?
Ses parents ont fait les démarches nécessaires pour avoir le droit de séjourner en toute légalité dans notre pays. Ils viennent de recevoir un avis défavorable de la préfecture et une OQTF ( Obligation de Quitter le Territoire Français ).
Comment accepter qu'Hadjila ne puisse pas finir ses études qu'elle a si bien commencées ?
Comment accepter que l'état français l'expulse hors de France alors que ce même état a pris en charge sa formation à Marly ?
Comment accepter que monsieur, propriétaire d'une partie du restaurant familial et possesseur d'une promesse d'embauche, soit considéré comme indésirable sur notre territoire ?
Comment accepter que cette famille, parfaitement intégrée, soit rejetée, alors que tous les autres membres de cette même famille ont des titres de séjour ?
Avec le Réseau Éducation Sans Frontières, nous demandons à la préfecture des Yvelines de revenir sur ses conclusions, d'abroger les OQTF et de délivrer aux deux parents d'Hadjila des titres de séjour « Vie Privée et Familiale »               Signer la pétition sur :
source : Ligue des droits de l'Homme - Section de Saint Germain en Laye et environs

Tinghir : La situation s'aggrave, la résistance se consolide

Par Ali Fkir, 27/12/2010
Chronologie des événements:
- Des dizaines d'associations avaient décidé d'organiser le dimanche 26 décembre 2010 une marche vers la préfecture (siège de la province nouvellement créée) de Tinghir. Objectif principal: protester contre le pacha de la ville qui refuse de délivrer les "reçus de dépôt légal" , ce qui veut dire que le pacha interdit pratiquement les activités des associations dans la région
- Des associations proches des courants islamistes et amazighs se sont jointes aux organisateurs.
- A 100 mètres du siège de la province, les organisateurs ( y compris les islamistes et les amazighs), et devant l'arrivée des milliers de personnes annoncent la fin de la marche et quittent les lieux. Les citoyens ( les diplômés chômeurs, les démunis, les exclus...) ne l'entendirent pas de cette oreille et décident de continuer la marche en scandant des slogans relatifs à la cherté de la vie, au chômage, à l'injustice, à la corruption...
- Les différentes forces de répression chargent les protestataires: bombes lacrymogènes, matraques...
- Les manifestants répliquent par des jets de pierres.
Résultat:
* dégâts matériels
*Des dizaines de blessés
* Des arrestation: 10 selon la déclaration officielle, 22 selon une source plus fiable, plus selon d'autres sources
Le "wali al amne" de Ouarzazate qui se trouve actuellement à Tinghir a reçu une délégation de l'AMDH (section de Tinghir) et a donné sa version des faits, version contredite par des témoignages.
Les problèmes ne peuvent en aucun cas être résolus par la matraque et les arrestations
Les autorités seront amenées, tôt ou tard, à dialoguer avec les véritables représentant-es des victimes des politiques impopulaires des décideurs . Les créatures enfantées par des mascarades électorales makhzaniennes ne feront partie que du décor , et constitueront toujours des antennes de relais makhzanien dans les douars et quartiers.
La résistance populaire ne peut que s'amplifier, se consolider, car la situation qui l'engendre ne fait que s'aggraver
LA SOLIDARITÉ NOUS INTERPELLE

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تنغيــــــــــــر تنتفــــض
عبدالصمد عبدالفاضل
إندلعت صبيحة يوم الاحد 26 دجنبر2010 مواجهات عنيفة بين سكان مدينة تنغير و قوات القمع/الامن على خلفية تجمع سكاني إحتجاجي دعت إليه فيدرالية الجمعيات التنموية و فعاليات الحركة الأمازيغية بالمنطقة والتي تضم حوالي 90 جمعية تتوزع على مختلف المجال الترابي لبلدية تنغير، حيث  جابت المسيرة شوارع المدينة إنطلاقا من ساحة البلدية وصولا  إلى أمام مقر عمالة الإقليم ؛ رفضا للأوضاع المزرية التي تعيش على حافتها ساكنة المنطقة ككل و رداً على الإجرات الصارمة للسلطة في تعليق تسليم رخص البناء و التعمير مند أزيد من عشرة أشهر مما نتج عنه شلل شبه تام للإقتصاد المحلي عموماً و للقطاعات المتصلة بمجال البناء خصوصا لتتضاعف بذلك أفواج المعطلين وِلتنضاف إلى حوالي 2000 معطل حاملي الشواهد و خريجي المعاهد و الجامعات، و ضمنت الفيديرالية دعوتها للوقفة الصادرة يوم 07دجنبر2010  مجموعة نقاط أخرى تزحف تحتها المنطقة منها:
تردي  الخدمات الصحية العمومية إذ وصلت حد فقدان الساكنة ثقتهم بالمؤسسة الصحية الوحيدة (مستشفي تنغير الذي أنشأه المستعمر و الذي لا يقدم سوى بعض الخدمات الهزيلة كتضميد الجراح الطفيفة أو ما شابه)في مقابل ذلك تكتظ عيادات الطب الخاص التي يغتني فاتحوها بشكل مهول .
غياب البنيات التحتية الضرورية (طرق، قناطر، )حيث أن أي تساقط طفيف للأمطار ينتج عنه شلل المدينة ،إضافة إلى غياب كلي للمرافق الاجتماعية كالنوادي الرياضية و الترفيهية و دور الشباب باستثناء حي الدعارة الذي يراه المسؤولون متنفساً إجتماعياً
خنق المجتمع المدني و محاولة حصاره بعدم تسليم وصلات الإيداع للجمعيات
عدم تمكين طلبة المنطقة والجنوب الشرقي الذين يتابعون دراستهم  الجامعية بمدن بعيدة من منح دراسية تساعدهم على سد جانب من رمقهم خصوصا مع الارتفاع المهول لأسعار المواد الضررية أما الثانوية فالله كريم
غض الطرف عن بؤر الفساد الأخلاقي إذ على بعد 400 متر من مقر البلدية يتواجد حي خاص للدعارة و لتجارة الجسد والمخدرات بجميع أصنافها أمام أعين بل  بحراسة سماسرة/رجال الأمن مع الدفع بالإتاوات.
إلى آخره من قائمة المطالب التي تعاملت معها السلطة بسياسة الأذان  الصماء ،وقد اندلعت شرارة المواجهات حوالي ساعة و نصف من بداية المسيرة بعدما أقدمت قوات الجيش و عناصر القوات المساعدة بمحاولة تفكيك المتظاهرين الأمر الذي زاد الطينة بلة والغضب غضباً حيث قامت جموع المحتجين برشقهم بالحجارة و بكل الوسائل المتاحة أمامهم و اعتبروا  الاحتجاج و المطالبة بحقوقهم الاجتماعية أشياء يكفلها لهم الدستور كما يكفلها للصحراوين كما جاء على لسان وزير الإتصال والناطق الرسمي  باسم الحكومة على خلفية احداث العيون
للعلم و حسب شهود عيان فقد إستُقدمت قوات الجيش و وحدات القوات المساعدة التابعتين للثكنتين العسكريتين لماركز النيف 75كلم شرق جنوبي المدينة و دائرة بومالن دادس 50كلم في اتجاه مدينة ورزازات مند يوم الأربعاء الماضي أي أربعة أيام على موعد الحدث و شوهدت شاحنات الجيش التابعة للثكنتين بإحدى المستودعات  التابعة للعمالة وهي محملة عن آخرها بعتاد التدخل السريع مما يعني الرفض القاطع و المسبق للسلطة للدخول في أي محاولة حوار مع المحتجين ،وإلى حدود الساعة لازال عدد المعتقلين الذين تم على الفور ترحيلهم إلى معتقلات مدينة ورزازات مجهولا،  كما ان المستشفى بدوره عرف إستنفاراً لعدد الجرحى الوافدين إليه.
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Retour en arrière : Article publié le 13/12/2010 par "mountada biladi", et cela avant le soulèvement du 26 décembre 2010

Les habitants montent au créneau : Marche populaire à Tinghir contre l'exclusion
La société civile voit rouge à Tinghir. Un appel à une marche populaire le 26 décembre vient d'être lancé par la Fédération des associations de développement de Tinghir (FADT), un regroupement de 80 associations œuvrant dans la région, suite aux recommandations de son dernier conseil de coordination.
Les membres de la FADT entendent protester contre la régression de plusieurs indicateurs sociaux dans la région et l'aggravation d'une série de problèmes suite à l'indifférence des autorités locales et à l'absence de toute volonté de dialogue pour leur trouver des solutions appropriées.
Selon un communiqué de la FADT, les contestataires sont en colère contre l'aggravation des pressions exercées sur les habitants des oasis dans le domaine de l'urbanisme et qui consiste à leur imposer des lois et des conditions irréalisables qui ne prennent compte ni des particularités locales, ni de la nature de la région, ni du manque d'infrastructures à même de leur permettre de remplir ces conditions exigées.
Cette situation a créé, précise le communiqué, une récession sans précédent dans les métiers du bâtiment qui figure comme une source de revenus pour beaucoup de familles. Elle impacte gravement la stabilité sociale dans la région menacée notamment par la montée en puissance de l'habitat anarchique qui a engendré chez les habitants un sentiment flagrant d'injustice.
La société civile à Tinghir est aussi en colère contre la détérioration continue des services de santé dans la région et l'absence des infrastructures nécessaires à l'accès aux services sociaux et administratifs (routes, ponts, maisons de jeunes...), ainsi que contre le refus de fournir des certificats de dépôt légal à de nombreuses associations et la mise à l'écart de celles-ci des comités de développement humain et de l'égalité des chances.
Sombre tableau qui devrait se noircir davantage si on ajoute l'aggravation constante de nombreux phénomènes sociaux, notamment le chômage et la vulnérabilité sociale, la propagation de la corruption et du favoritisme dans les administrations publiques, la flambée continue des prix, la régression du pouvoir d'achat et celle des transferts de MRE qui ont constitué pendant longtemps une ressource non-négligeable pour la région, l'éloignement des établissements universitaires et la privation de beaucoup d'étudiants de bourses d'études,
La FADT a également mis à l'index l'accumulation continue de plusieurs dossiers comme celui des travaux d'assainissement, qui a été mis en œuvre sans aucun respect de la population locale et en l'absence de toute communication autour de ce projet ainsi que l'exclusion de plusieurs circonscriptions urbaines et douars du droit d'en bénéficier.
L'exclusion de centaines de familles de leur droit d'accéder aux réseaux de distribution de l'électricité et de l'eau potable à des tarifs qui soient à leur portée et la non-régularisation par Al Omrane de la situation de plusieurs bénéficiaires de lotissements du pôle urbain, figurent aussi parmi les dossiers chauds
Les associations de la FADT évoquent également le dossier de l'exclusion de 100 personnes parmi les victimes des inondations de 2006, l'opération de relogement des familles de Douar Atabout
Aberqi med
مقال منشور على منتدى بلادي بتاريخ 13-12-2010
Les gorges de Todgha, en amont de Tinghir
http://www.youtube.com/watch?v=uKXHowR2ZKU