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jeudi 30 décembre 2010

Au Maroc le monde agricole est victime de traitements ignobles, inhumains !

A la campagne, l’Etat pratique l’arbitraire le plus abject
Par Ali Fkir 28/12/2010
Rappel historique
Au début des années 70, le régime de Hassan II était chancelant :
- Deux tentatives de coup d’Etat militaire (10 juillet 1971 ; et 16 août 1972)
- Soulèvement des paysans ( en 1970 Ouled Khlifa...)
- Grèves ouvrières (grève illimitée des milliers de mineurs de l’OCP en 1971…)
- Radicalisation des ailes révolutionnaires de l’UNFP (déclenchement de la lutte armée en en 1973…)
- Entrée en scène spectaculaire du mouvement marxiste léniniste marocain : encadrement de la jeunesse à travers tout le Maroc, implantation relative dans le milieu ouvrier et paysan (Gharb, Meknès, Beni Mellal, Tétouan, Casablanca…)
- Naissance des premiers noyaux révolutionnaires du mouvement nationaliste sahraoui (soulèvement de Layoune en juin 1970, participation active des sahraouis à la grève générale de 4 août 1970 organisée par les étudiants au Maroc contre la visite du ministre des affaires étrangères espagnol au Maroc, animation de débats universitaire sur le colonialisme au Sahara Occidentale…)
- Radicalisation des slogans scandés au cours des sit in et marches (1er mai par exemple) : appel à la lutte armée, sur la république, sur la personne de Hassan II….
- Refus des partis de la Koutla Al watania de cautionner les « constitutions » imposées par Hassan II (été de 1970 et début 1972), et de participer aux mascarades électorales
Réponses du régime:
- Féroce répression : enlèvements, assassinats, emprisonnement collectif, châtiment collectif (des tribus entières ont été victimes de l’arbitraire le plus aveugle)
- Dissolution du puissant syndicat estudiantin, l’UNEM
- Suspension de la publication des journaux de l’opposition
- Interdiction des activités associatives non inféodées à l’Etat
- Nouvelles lois qui punissent les personnes au nom des « valeurs sacrées » telle que « l’atteinte à la personne du roi » (minimum 5 ans de prison)
- « Fermeture » des bases américaines (Kénitra, Sidi Yahya, Sidi Slimane)
- Envoi d’un détachement militaire au Golan pour « combattre » (1973)
- « Marocanisation » de l’économie : interdit aux étranger de détenir 50% ou plus du capital d’une entreprise au Maroc, et de diriger une entreprise en tant que directeur ou gérant…
- « récupération » du Sahara en livrant une guerre contre, non pas le colonialisme mais contre le mouvement nationaliste sahraoui (arrestation des militants sahraouis au Maroc en 1972…)
- « Réforme agraire » : à partir de 1972, une partie (qui reste insignifiante) des terres « récupérées » est distribuée à des paysans « pauvres », avec un cahier de charges : l’organisation impérative des bénéficiaires en coopératives, le versement obligatoire annuellement d’une somme fixée (rente foncière) à l’Etat…La surface varie entre 4 et 6 ha, selon les régions, selon la qualité de la terre…
C’est cette dernière mesure qui nous intéresse ici.
Quarante ans après, beaucoup de bénéficiaires de « la révolution verte » se sont retrouvés paysans sans terre, « expropriés ». Comment ?
Avec la complicité des autorités locales, certains « prédateurs » ont pu s’emparer de certaines fermes, en recourant à des pressions sur les « bénéficiaires » initiaux pour qu’ils renoncent au « don royal » (les parcelles de terre sont l’objet de dahirs), ou à l’ignorance des paysans pour les pousser à ne pas respecter une ou plusieurs clauses du cahier de charge…
Les victimes perdent automatiquement leur droit d’exploitation, et au lieu que la terre revient à l’Etat, elle « tombe entre les bras » des prédateurs . Le malheur des uns fait le bonheurs des autres ! C’est la loi de la division de la société en classes sociales conflictuelles.
Dans la région de Benslimane et Mohammedia, des dizaines de victime de ce type de racket se présentent fréquemment aux sections de l’AMDH.
Exemple des 6 familles de la coopérative « hassania deux » à une quinzaine de km de La ville de Mohammedia, qui se voient perdre les parcelles qu’elles exploitaient depuis 38 ans, ainsi que leurs habitations (« bâties sur la terre d’autrui » ???!!!).
Le lundi 27 décembre 2010, deux membres de l’AMDH, section de Mohammedia ont assisté (sur demande des victimes) à une scène cauchemardasse.
Des dizaines de gendarmes , des élément des « forces auxiliaires », accompagnés d’individus en civil (ces derniers avaient pour tâche de jeter dans la rue les biens de la famille et de détruire les baraques)… ont investi le douar, encerclé la maison de la 1ère victime. Des propos indignes d’un représentant de la « loi » furent proférés à l’encontre des femmes…le caïd de Ben Yakhlef s’est distingué par son comportement provocateur.
Tous les biens des victimes devraient être transportés et entassés par la suite dans un dépôt de la caïdat (genre de fourrière pour les biens des citoyens). C’est scandaleux de déposséder des citoyen-nes (sans droits de citoyenneté) de leurs biens et de jeter des innocents (femmes, enfants, personnes âgées, malades) à la rue en plein hiver.
LA CONDAMNATION DE CES AGISSEMENTS DÉGRADANTS ET LA SPOLIATION DES FAMILLES PAYSANNES NOUS INTERPELLENT.
LA SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DE ARBITRAIRE EST UN DEVOIR POUR TOUT ET POUR TOUTE DéMOCRAT-E CONSÉQUENT-E



On sort, sans ménage aucun, les biens des paysans, on les entasse en attendant l'arrivée du camion de la "fourrière"
Des individus sur le toit: on détruit les baraques. Les baraques sont encerclées.
Nous "volons"" quelques photos au risque de perdre l'appareil. C'est l'arbitraire, quoi!


Cette petite ne réalise pas qu'on lui confisque ses "jouets". Inconsciente du danger elle s'approche et s'asseoit sur la "hsira" pour jouer. Juste derrière, il y a des sans-sentiments. L'Etat, c'est l'ordre! c'est la sécurité! c'est la matraque! c'est la baïonnette! Pas de place à l'humain.
L'innocence personnifiée en cette petite, la méchanceté personnifiée dans les représentant de l'Etat, constituent un tableau "artistique" qui nous rappelle à la réalité: au Maroc on vit encore dans les ténébres moyenâgeuses

Le désarroi ...

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