Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°29 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc, 24/6/2013
Les familles des prisonniers politiques de
l’Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM) se sont données rendez-vous hier, 23 juin, devant le Conseil National
des Droits de l’Homme (CNDH) à Rabat pour crier leur colère et
réclamer la libération immédiate des leurs. Elles ont fait le déplacement de
Fès, Meknès, Taza et d’Agadir et elles étaient soutenues dans leur sit-in par
les militants de l’UNEM, de
l’ANDCM (Diplômés chômeurs) et de
l’AMDH. Sur les pancartes, on
lisait leurs revendications et surtout le rappel du nombre de jours (105 jours) de la grève de la faim et de la soif que
mènent les cinq détenus de Meknès depuis le 3 mars 2013. L’accès à ces
revendications et à leur libération en passant par l’amélioration de leurs
conditions de détention devient plus qu’une priorité. Le danger de mort les guète à tout instant et il faut
que les autorités marocaines fassent quelque chose avant qu’il ne soit trop
tard. C’est aussi l’objet de l’appel lancé par quelques parrains et
marraines ainsi que le député français, Alain
Bocquet. Vous trouverez leurs lettres d’interpellation sur la
rubrique « Témoignages et
Lettres » de notre site.
L’ASDHOM qui les soutient sans réserve est
très préoccupée par leur sort. Elle s’indigne et condamne le traitement que leur
réservent les autorités marocaines. Elle se rendra le 1er juillet
dans la région de Gap (05)* pour participer à une rencontre-débat consacrée au
parrainage de tous les prisonniers politiques et syndicaux au Maroc. Notre but étant de sensibiliser les citoyen(ne)s à
cette forme de solidarité pour dire aux victimes de la répression que nous ne
les oublions pas et dire aux autorités marocaines qu’elles n’arriveront jamais à
briser et à isoler leurs victimes. Si nous avons réussi, depuis le
lancement de cette campagne en novembre dernier, à faire parrainer une soixantaine de détenu(e)s
politiques, la liste proposée au parrainage n’est malheureusement pas
entièrement couverte. Notre site internet www.asdhom.org nous sert à tenir régulièrement
alimentée une rubrique spéciale consacrée au parrainage. La liste s’est allongée
depuis. Elle est passée de 172 en novembre
2012 à plus de 220 au jour d’aujourd’hui sachant qu’entre temps une trentaine de
prisonniers politiques a retrouvé sa liberté en fin de
peine.
Notre mobilisation ne doit pas
faiblir et nous devons gagner plus de parrains et marraines à cette action de
solidarité concrète. Un dépliant pour
expliquer la procédure à suivre pour parrainer quelqu’un est édité.
Vous le trouverez ci-dessous ainsi que sur notre site avec un dossier complet
sur cette campagne de parrainage.
Pour illustrer nos propos, voici
quelques informations inquiétantes que l’ASDHOM reçoit régulièrement. Et ce
n’est pas le rapport sur le Maroc d’Humain
Rights Watch (http://www.hrw.org/fr/node/116608),
publié le vendredi 21 juin à Rabat, qui va nous rassurer sur les conditions
d’arrestation et de détention.
Tribunal de Ain
Sebaâ à Casablanca (nouveau): Le journaliste
Youssef Jalili, directeur de
l’hebdomadaire Al-Aan, a été condamné pour « diffamation » le 18 juin 2013 à
2 mois de prison avec sursis assortie d’une
amende de 50 000 dirhams. Ce jugement devra être publié dans quatre
journaux marocains. Youssef Jalili avait publié en juin 2012 un article sur les
dépenses, qu’il a estimés extravagantes, pendant un voyage officiel au Burkina
Faso du ministre marocain de l’Industrie, Abdelkader Amara. Reporters Sans
Frontières (RSF) dénonce dans son
communiqué cette « peine de privation de liberté ». Vous retrouverez ce
communiqué sur le site de l’ASDHOM. Cette condamnation témoigne une fois encore
du décalage entre le discours de l’État marocain en matière de respect des
libertés et la pratique quotidienne bafouant la liberté d’expression entre
autres.
Cour d’appel de
Taza (nouveau): Kamal Alami, un des militants arrêtés
après les événements dits de « Koucha » en 2011 à Taza, a été présenté au tribunal ce mardi 18
juin. La Cour qui a reporté le dossier au 9 juillet 2013 lui a
refusé la liberté provisoire que sa défense à
demandée.
Groupe
UNEM-Fès : Une petite victoire fêtée comme
il se doit par les militants de l’UNEM à Fès. Quatre des leurs (Asmae Sabah, Aïcha Albouche, Achraf Sekkouri, Rachid
Aghzar) ont été libéré-e-s
provisoirement le 18 juin après avoir été condamnés à 3 mois de prison ferme et
une amende de 500 dirhams en compagnie de Yassine Trid, Anas Bachiri, la
militante Jihane Sghér et deux autres militants poursuivis mais en liberté
provisoire. Le tribunal a reporté leur procès au 9 juillet
2013.
Groupe
UNEM-Meknès : Hassan Koukou, l’un des cinq grévistes de
la faim et de la soif est hospitalisé
d’urgence depuis le 17 juin. Son état de santé s’est complètement
détérioré. Il devient urgent de sauver la vie des grévistes de la faim. Les familles lancent un appel pour leur venir en aide.
Le rassemblement du 23 juin devant le CNDH n’est qu’une étape dans leurs actions
pour libérer et sauver leurs enfants d’une mort
certaine.
Groupe
Sahraouis-prisons de Laâyoune et Dakhla : Six
prisonniers politiques sahraouis ont été
transférés le 18 juin de la prison locale de Laâyoune à la prison locale de
Dakhla au Sahara. Atikou Baray,
Mohamed Manolo, Hasna Elouali, Abdelaziz Baray, Amar Kazzari et Hamada
Alaoui, tous défenseurs des droits de l’Homme, avaient à plusieurs
reprises demandé ce transfert pour se rapprocher de leurs familles. Ils laissent
derrière eux deux autres défenseurs des droits de l’Homme, Mahjoub Oulad Cheikh et Kamal Treh. Ils
étaient tous étonnés de voir l’administration pénitentiaire accéder à leur
demande et procéder dans le même temps à quelques aménagements et améliorations
des lieux de détention. Ce qu’ils ne savaient
pas par contre c’est que cette même administration a accepté de recevoir la
visite de quelques parlementaires européens qui avaient l’intention de les
rencontrer le 23 juin 2013 pour s’enquérir de leur situation.
Qu’avait-elle à leur cacher ? Peut-être ne voulait-elle certainement pas
reproduire la même expérience qu’avec Juan Mendez, rapporteur spécial de l’ONU
sur la torture lors de sa tournée dans la région en septembre
dernier.
Groupe Gdeim
Izik- prison de Salé1 : Claude Mangin, femme de Naâma Asfari, l’un des condamnés à 30 ans
de prison ferme du groupe Gdeim Izik, a fait part à l’ASDHOM de sa déception et
condamnation quant à la réponse du ministre
français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, faite à des
parlementaires qui l’ont interpellé sur la situation de son mari et de ses
camarades dudit groupe. Elle lance à nouveau un appel à la communauté
internationale pour faire pression sur l’État marocain en vue de, sinon libérer
le groupe, du moins le rejuger devant une juridiction civile en lui garantissant
les normes d’un procès équitable. Vous trouverez ces documents sur la rubrique
« Témoignages et Lettres » du
site de l’ASDHOM. Les parrains et marraines des prisonniers politiques de ce
groupe peuvent adresser à Claude Mangin des lettres à transmettre à leurs
filleuls. Elle compte rendre visite à son mari courant le mois prochain.
Groupe
Demnate : Le 18 juin, la Cour d’appel de
Béni Mellal a de nouveau reporté le procès
des événements connus sous le nom de « 25 mai 2013 » au 27 juin. Les
citoyens arrêtés lors de ces événements sont jugés pour « désobéissance et
blocage de route ». Pour rappel, les habitants de la ville de Demnate avaient
protesté ce 25 mai contre la hausse des prix des bouteilles de gaz et la
spéculation qui l’a accompagnée.
Une bonne nouvelle tout-de-même : le jeune Mohamed Akroud, élève en troisième au collège, a
été libéré le jour-même.
Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris, le 24 juin 2013
* Cette rencontre-débat a dû être reportée à une date ultérieure
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