Aufait Maroc, 16/6/2013
La Commission régionale des droits de l'Homme Casablanca-Settat, l'Association Relais Prison-Société et l'Association Adala ont organisé, la semaine dernière à Casablanca, une conférence-débat sur la réhabilitation des prisonniers. Ces associations exhortent le législateur à simplifier les procédures relatives à cette réhabilitation. En l'absence de chiffres sur son impact, la réhabilitation reste primordiale pour tout ex-détenu.
La réhabilitation des prisonniers dans la société a
toujours été au centre des revendications de plusieurs associations
opérant dans l'insertion, et qui ne cessent d'appeler à la
simplification des procédures.
Dans les pays démocratiques ou en
mutation vers la démocratie, les principes des droits de l’Homme se
reflètent dans les textes juridiques. Au Maroc, bien que la Constitution
consacre les droits humains, notre Code pénal attend toujours d’être
amendé.
Et c’est justement ce code qui est pointé du doigt, car il sanctionne encore les personnes ayant purgé leur peine.
Pour
Mohamed Bouzlafa, professeur à l’Université de Fès, et membre de
l’Association Adala, la réhabilitation est “une reconnaissance de la
citoyenneté d’un ex-détenu”. Il estime également qu’une peine sans
réhabilitation est “un jugement accompagné d’une privation et d’une
exclusion de l'ex-détenu”.
“La réhabilitation est
la dernière étape franchie par le détenu après la poursuite, le
jugement et la détention. Ses problèmes sont liés à ceux relatifs au
système pénal. Notre Code pénal contient encore des parties qui
appellent à la criminalisation et aux sanctions. Nous, en tant que
militants des droits de l’Homme, sommes convaincus que criminaliser est
synonyme de priver de sa liberté.”
Professeur Mohamed Bouzlafa, membre de l’Association Adala.
Le
Code de la procédure pénale stipule en effet que la réhabilitation est
accordée à tout détenu, et qu’elle se fait soit par la loi, ou par une
décision de la chambre criminelle de la Cour d’appel. La réhabilitation
est donc juridique ou judiciaire.
Dans les deux cas, le détenu
dispose de tous les droits pour demander sa réhabilitation et donc
bénéficier de l’effacement de la condamnation du casier judiciaire.
Une procédure lente et compliquée
Les associations reprochent à la procédure de réhabilitation de varier selon la durée de détention et non pas selon les peines.
Elles
déplorent l’absence de l’institution du juge d’application des peines,
et souhaitent que la nouvelle réforme de la Justice puisse lui déléguer
les affaires liées à la réhabilitation.
Cette dernière passe,
avant tout, par l’administration pénitentiaire. C’est l’avis de Aufait Maroc , ancien directeur des prisons de Salé, Safi et Inzegane, et
auteur de l’ouvrage “Prisons du Maroc”.
“Aucun
programme de réinsertion ou de réhabilitation ne pourra être
sérieusement engagé tant qu’il y a ce problème d’encombrement et de
surpeuplement dans les prisons.”
Mohamed Raoudi, ancien directeur de prisons.
La
société civile déplore également l’exigence de la plupart des
entreprises, de présenter une copie du casier judiciaire dans les
dossiers du personnel, signe “d’exclusion des personnes déjà poursuivies
ou détenues”.
L'exemple de Richbond
Dans
ce contexte, la brillante expérience de la société Richbond est à
applaudir. En partenariat avec l’Association Relais Prison-Société,
l'entreprise compte une vingtaine d’ex-détenus dans son personnel. La
directrice des ressources humaines, Rachida Yamouri, pense que le
travail “socialise et responsabilise”, et que la réhabilitation
constitue “une responsabilité sociale à part entière”.
“Notre
direction des ressources humaines a opté pour la confidentialité des
insertions afin d’éviter la stigmatisation. Nous n’avons pas cherché à
connaître les peines ou les crimes des personnes que nous avons
embauchées. Aucun papier ou document n’a été demandé.”
Rachida Yamouri, directrice des ressources humaines chez Richbond.
Et
d’ajouter que sur les vingt cas, seuls deux ont récidivé, et que les
femmes font preuve d’une intégration plus facile et plus pérenne.
La
directrice des ressources humaines chez Richbond déplore toutefois un
“manque de complémentarité entre l’entreprise et d’autres acteurs”,
pouvant assurer le suivi et l’écoute de ces détenus fraîchement insérés,
surtout durant la première année.
Aufait Maroc
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