Souad G. Attac/CADTM Maroc
26/10/2015
3ème manifestation des citoyens de Tanger: Amendis
dégage !
Ce samedi 31 octobre 2015, la
3ème manifestation des citoyens de Tanger a été encore plus
importante que les 2 précédentes. Malgré les promesses des autorités locales,
des élus, du maire de Tanger[1],
des responsables d’Amendis de trouver des solutions à la crise , les
manifestants ont répondu en plus grand nombre avec un seul slogan : « Dégage
Amendis » !.
Une réponse claire des
citoyens venus des différents quartiers de Tanger manifester en plus grand nombre
ce 3ème samedi de révolte populaire contre Amendis.
Témoignages de A. et M. sur les lieux:
Pour ce 3ème samedi
de révolte populaire contre Amendis, nous étions encore plus nombreux.
Répondant à l’appel lancé à travers les
réseaux sociaux d’éteindre les lumières durant 3h , de 19H à 20h a été de
nouveau largement suivi.
Des milliers de femmes avec leurs
enfants, des familles, beaucoup de
jeunes venus des différents quartiers populaires ont marché sur le centre de
Tanger, place des Nations.
Les Forces de répression
étaient nombreuses sur les lieux, mais n’ont rien pu faire face à la marée
humaine qui affluait en criant « Dégage Amendis ! »
Les habitants des quartiers populaires
notamment de Bir Chiffa, et Bni Makada, les plus déterminés ont été nombreux.
Des forces de la répression ont tenté de les empêcher de rejoindre le centre,
mais rien ne pouvait arrêter cette marée humaine. La marche longue d’ un
kilomètre environ a rejoint le centre de
Tanger. Nous étions encore plus nombreux que samedi dernier. Encore plus
nombreux qu’à la première manifestation du Mouvement du 20 février 2011 !
Le mouvement s’étend à d’autres villes :
D’autres villes ont rejoint le
mouvement : Tétouan, M’Dik.
Samedi 31 octobre 2015-10-31
Souad G. Attac/CADTM Maroc
A suivre…
Rappel : Le mouvement citoyen contre Amendis :
Depuis cet été 2015, les
usagers ont constaté l’augmentation de leur facture d’eau et d’électricité.
Leurs réclamations auprès des
agences de distribution sont restées sans réponse.
Depuis plusieurs semaines, les
citoyens continuent à manifester devant
les diverses agences de distribution d’eau et d’électricité de Tanger et poursuivent leur mouvement « Journée zéro
dirham pour Amendis » de boycott. Depuis samedi 17 octobre, les
associations de quartiers et de consommateurs ont appelé à éteindre les
lumières de 20h à 22 h. Le mouvement a été largement suivi dans les commerces,
cafés et restaurants qui se sont
éclairés à la bougie.
Dans la nuit du samedi 24
octobre 2015, plusieurs manifestations
sont parties des quartiers populaires
pour converger vers le centre de Tanger
au cri de : « Amandis Dégage ! »
Les forces de répression ont
été déployées dès 20h pour disperser les manifestants qui se rassemblaient
place des Nations, au centre de Tanger.
Contre les matraques et lances
–eau et les arrestations, les
manifestants ont répondu pacifiquement avec les slogans : « le peuple
veut la chute d’Amandis », « Amandis, dégage», tandis que les
manifestants continuaient d’affluer par milliers des quartiers populaires périphériques :
Bni Makada, Drissia, Moghogha…
Face à la force du mouvement
et à la colère des manifestants venus
des quartiers populaires périphériques pour rejoindre le centre de
Tanger, les forces de répression ont dû se retirer pour éviter les
affrontements et débordements.
A partir de 22h, plus de 20000 manifestants venus des quartiers
populaires périphériques se dirigeaient vers le centre de Tanger aux cris
« dégage Amendis »
Témoignage de M. consommateur-militant sur les lieux:
« Tout-es uni-es
autour d’une revendication sociale…pour l’instant. »
« Les factures d’eau et
d’électricité de juillet à de septembre
ont fortement augmenté
Depuis 3 semaines les
habitants de Tanger manifestent devant
les agences d’Amendis des quartiers populaires.
Le mouvement s’organise et les
informations sont relayées à travers les
réseaux sociaux. Le samedi 17 octobre l’appel à éteindre les lumières durant 2h
et à manifester est massivement suivi. Face au succès, l’appel est relancé pour
la semaine suivante.
Ce samedi 24 octobre de
nouveau, les manifestants se rassemblent devant les agences de leur
quartier pour rejoindre le centre. Les
forces de répression sont déployées en grand nombre mais font face à mouvement d’ampleur qui ne cesse de
grossir, se déploie vers le centre au
cri de « dehors Amendis ». Cette revendication sociale a rassemblé
plus de 20 000 citoyens, une marrée humaine venant du centre et la
périphérie de Tanger. »
Les revendications des citoyens :
Depuis plusieurs mois les
habitants de Tanger protestent contre l’augmentation des factures d’eau et
d’électricité. Ils réclament :
-modification du système de
tarification
- généralisation des compteurs
individuels
- un service minimum
d’approvisionnement en cas de difficulté de paiement
Luttes de/et pouvoir
Sur fond de crise politique,
les dernières élections régionales et communales du 4 septembre 2015, ont permis
de mettre en œuvre le projet de régionalisation
décidé par le roi. Ces élections bidon ont connu un faible taux de participation, avec corruption,
achats des voix, mafia de l’argent et des candidats véreux, des partis
politiques discrédités, et absence de programme électoral…
A Tanger, la bataille pour le
pouvoir entre le PJD (les islamistes de Sa Majesté) et le PAM (le parti des
amis de Sa Majesté) a éclaté entre le maire de Tanger Bachir
Abdallaoui du PJD et le président de la région Elyas El Omari du PAM en conflit
ouvert pour la gestion de la ville de Tanger.
Dès les résultats élections de
2015, bras de fer entre le PAM et PJD :
A peine élus, le maire de la
ville et président de la région sont en
conflit sur les prérogatives dans la gestion de la ville de Tanger : un
bras de fer pour la responsabilité de la gestion de l’eau et l’électricité de
la ville. Des intérêts importants sont en jeu et des projets pharaoniques
coûteux pour la nouvelle région Tanger-Tétouan-Al Hoceima décidés par le roi.
A L’origine de la crise :
Filiale de Veolia Environnement, Amendis est
chargée depuis 2002 de la gestion déléguée des services d’assainissement
liquide et de distribution d’eau potable et électricité de la municipalité de
Tanger. Sur son site, elle annonce un
chiffre d’affaire de 1 414 millions de dh
en 2010.
Les manifestations populaires avaient éclatées contre Amendis dès 2006, contre
l’augmentation des prix des factures et mauvais services, puis avaient repris
en 2011 dès le début du M20F, quand les habitants de la ville de Tanger avaient
cerné une agence d'Amendis située dans un quartier populaire et menacé de ne
plus payer leur facture.
Rappel sur les Mouvements contre les privatisations et la gestion
déléguée :
Avec l’ère des privatisations
des secteurs publics, les service de l’eau l’électricité, télécom, transports,
ramassage ordures, les gestions déléguées des villes et communes sont partout un échec et sources de scandales,
corruption, mauvaises gestions, promesses non tenues, contrats non respectés, et
pour les travailleurs, licenciements et non respect des législations du
travail, répression syndicale.
Dès 2002, les habitants
de Rabat Salé se soulèvent contre la Rédal pour l’augmentation des prix de la
facture d’eau et d’électricité, les luttes se sont poursuivies à Tata contre la
Santé et se développent à Ifni, puis dans plusieurs villes et région. Malgré
les luttes importantes, les privatisations sont imposées, et le démantèlement
de secteurs publics, pourtant rentables, se poursuit : RAM, ONCF, Poste,
Télécom, avec la casse sociale qui s’en suit : licenciements massifs,
pertes des acquis et droits sociaux, démantèlement des résistances et des luttes...
Avec le M20f en 2011, les manifestations, grèves, sit in dans les
villes et les quartiers contre Lydec, Amendis, Areva,… sont quasi permanentes.
Les luttes contre Lydec contre l’augmentation des factures d’eau électricité,
la mauvaise gestion, les luttes des travailleurs et les grèves pour dénoncer leurs conditions de travail
contre les sociétés Amendis, Areva, les monticules d’ordures qui envahissent
les quartiers des villes trouvent un échos parmi les
usagers-consommateurs-habitants. Ces luttes convergent avec les révoltes
des habitants contre les démolissions expropriation , les luttes des
usagers contre les augmentations des factures, des consommateurs contre la vie
chère et la flambée des prix, des citoyens contre les projets ruineux de TGV et
l’absence de transparence des marchés…
Plus de concentration de richesse, plus de pauvres, plus
de dettes…
La concentration du
pouvoir politique, économique, financier, qui de plus se veut pouvoir sacralisé, ne fait qu’aggraver la
crise et converger les luttes de divers secteurs et régions. Partout de grands
projets urbains onéreux, souvent inutiles, profitent aux grands trusts
internationaux et barons nationaux, endettent toujours plus le pays, exproprient
les habitants de leurs quartiers voués à la démolition, les petits paysans ruinés,
chassés de leurs terres, ferment les usines et licencient les ouvrier-es et
toutes et tous vont faire l’amère expérience de l’endettement ou comment devenir
encore plus pauvre en s’endettant…
Quand l’été libanais a remis le droit du citoyen au cœur du politique :
Quand à Beyrouth, le 22
aout 2015, éclate « la révolte des ordures », la ville croule sous
les montagnes de déchets, le mouvement citoyen s’organise et s’interroge :
« comment un gouvernement incapable d’assainir le pays, peut-il le
gouverner ?»
De Tanger à Beyrouth à Athènes, c’est bien la lutte et résistance des
peuples contre un système monde tentaculaire financier politique mafieux qui a déclaré la guerre aux peuples.
Nos luttes sont les
mêmes, unissons les du local au global.
Souad G. Attac/CADTM Maroc
26 octobre 2015
[1]
(cf : http://www.medias24.com/ECONOMIE/ECONOMIE/159210-Amendis-le-maire-de-Tanger-annonce-8-mesures.html)
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