Par Ristel Tchounand 10/11/2015
Admis samedi midi dans une clinique casablancaise car faisant une
dépression, un architecte de plus de 70 ans s’est retrouvé brûlé vif
dans sa chambre d’hospitalisation le même soir, sans que personne n’ait
pu le secourir. L’affaire est aux mains du procureur du roi et les
premiers éléments de l’enquête préliminaire pointe du doigt la
responsabilité de la clinique.
C’est Aziz qui devait normalement s’adresser à la presse mais il est encore sous le choc. Ce même samedi en pleine nuit, Rachid Joundy, architecte, a perdu la vie dans un incendie survenu dans sa chambre d’hospitalisation. Chose curieuse, le feu s’est déclenché sans que personne ne vole à son secours. « Nous avons été contactés par la police vers 4h40 du matin dimanche. Ce sont eux qui nous ont appris le décès de Rachid », explique notre source. Mais que s’est-il passé ? La question reste pour l’heure sans réponse précise.
Tentative de camouflage ?
Selon le témoignage de la famille, le défunt avait été ligoté lors de son admission à la clinique pour être maîtrisé. « Quand ils ont constaté le décès, ils ont déplacé le corps, l’ont mis dans une ambulance pour le transporter vers l’hôpital Ibn Rochd », raconte un membre de la famille. « Ils ont dit que le défunt n’est pas mort à la clinique, alors que les médecins et infirmiers à qui nous avons parlé sur place ont bien dit qu’il a été découvert mort », poursuit-il.
D’autre part, la clinique se serait empressée de faire disparaître toute trace d’incendie. « C’est le comble ! A 5h de l’après-midi dimanche, la chambre était repeinte comme s’il n’y avait rien eu et tout le mobilier avait disparu », s’épouvante une avocate proche de la famille.
Jusqu’à ce jour, la famille assure n’avoir eu aucun échange avec les responsables de la clinique depuis le drame. « Ils se refusent à tout commentaire », souligne une proche. La famille du défunt a saisi le procureur du roi qui a ordonné une autopsie avant son enterrement. « Les premiers résultats ont confirmé que le défunt était bel et bien attaché lorsque l’incendie s’est déclenché. Des traces de liens retrouvées au niveau de ses poignets montrent qu’il s’est débattu » explique la même source.
Du côté de la clinique, c’est le silence radio. « Je ne peux rien vous dire. Le directeur est en train de s’occuper de ses malades. Je ne sais pas à quelle heure il va se libérer », répond à Yabiladi « une responsable » de la clinique en fin de matinée ce mardi. Relancé par nos soins en fin d’après-midi, le médecin était à son cabinet entrain de « s’occuper de ses patients », d’après son assistant.
Le Conseil régional de l'Ordre des architectes veut se porter partie civile
L’affaire fâche au plus haut point au Conseil régional de l’Ordre des architectes qui entend se porter partie civile. « Les circonstances du décès ne sont pas du tout claires. Nous n’avons pas encore tous les éléments, mais nous attendons de nous concerter avec les avocats », confie le président Karim Sbai. Une concertation qui devrait avoir lieu ce soir ou demain matin.
Ce drame vient à nouveau entacher le secteur médical au Maroc. Joint par nos soins, le ministère de la Santé n’a fait aucun commentaire. Le directeur de la communication dit ne pas connaitre cet établissement, nous renvoyant vers le directeur régional. Ce dernier, après avoir pris connaissance des raisons de notre appel, nous dira qu’il est en réunion. Et il y est visiblement resté toute l’après-midi, puisqu’il n’a plus répondu à nos sollicitations.
La dépouille du défunt a été inhumée cet après-midi et la famille n’a qu’un seul vœu, que les véritables circonstances de ce drame soient élucidées. Elle place tous ses espoirs en le procureur du roi et compte déposer une plainte très prochainement.
Ristel Tchounand
Copyright Yabiladi.com
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