- Par : Zakaria Choukrallah, TelQuel, 16/5/2014
MEHDI FEDOUACH / AFP
La plaie des
attentats du 16 mai 2003 ne s’est toujours pas refermée. Le sort des
islamistes détenus dans les prisons marocaines est désormais otage de la
crise syrienne.
Ce
vendredi, la traditionnelle cérémonie commémorative en hommage aux 33
victimes des attentats se tiendra comme à l’accoutumée à Casablanca.
Parallèlement, à Rabat, une manifestation à l’appel du «Comité mixte
pour la défense des détenus islamistes» est prévue pour réclamer la
libération de détenus islamistes.
On
s’en souvient, au lendemain des attentats sanglants de Casablnca, une
vague d’arrestation s’était abattue sur les milieux salafistes. Des
figures de proue de cette mouvance, comme Abou Hafs ou Fizazi, sont
sortis de prison suite à une grâce royale accordée en 2011 à près de 200
détenus islamistes. D’autres détenus purgent, eux, toujours leur peine
de prison.
Yaura-t-il de
nouveau une grâce royale cette année? L’hypothèse reste de mise, mais ce
qui est sûr, c’est qu’aucune avancée majeure dans le dossier n’a été
enregistrée depuis l’éclaircie de 2011, à la faveur de la pression des
manifestations du 20-février.
Une IER bis nécessaire ?
« Le
contexte de pression du 20-février n’est plus de mise. De plus,
certaines figures de la mouvance, comme le cheikh Fizazi, sont devenus
des alliés du régime. Enfin, des leaders pjdistes qui réclamaient la
réouverture du dossier, comme l’actuel ministre de la Justice Mustapha
Ramid, n’ont plus intérêt à la faire à cause de leur position
gouvernementale », nous résume le politologue spécialiste des mouvements
islamistes Youssef Blal.
Au
delà d’une relaxe de ces détenus et du problème que posera
indubitablement leur réinsertion dans la société, le politologue estime
qu’il faudra tôt ou tard «un processus de réconciliation similaire à
celui de l’instance Equité et réconciliation» pour solder les comptes de
cette période.
L’équation syrienne
Une
telle perspective paraît toutefois encore lointaine, à cause de la
nouvelle donne géopolitique notamment en Syrie, où près de 2.000
Marocains se sont enrôlés dans le Jihad, si on inclut les combattants
d’origine marocaine venant d’Europe.
"On
nous a demandé de garantir que les détenus libérés n'iront pas
combattre en Syrie", explique à l’AFP Khadija Merwazi, directrice du
Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme (MDDH).
Youssef
Blal pense que cette réalité peut poser problème au gouvernement
marocain. «Les sécuritaires peuvent se dire qu’une libération massive
risque d’être mal interprétée par la communauté internationale»,
analyse-t-il.
Faut-il en
déduire que le statu quo est toujours de mise? Fort probable, même si
l’on est jamais à l’abri d’une surprise, comme l’annonce d’une grâce en
faveur de certains détenus de la mouvance salafiste.
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