Par Salheddine Lemaizi, militant ATTAC CADTM Maroc, 14/5/2014
La restauration rapide au Maroc connait une forte
croissance. Ce secteur ne respecte pas le Code du travail et s’oppose à toute
action d’organisation de ses travailleurs. Décryptage du cas de Mcdonalds
Maroc.
McDonald’s est présent au Maroc
depuis 1992. Le pays se targue d’être le premier pays africain et arabe à
accueillir cette multinationale. Après le retrait du Holding Expansion
(Abderrahman Belghiti), l’enseigne de malbouffe américaine est présente
exclusivement à travers son franchisé marocain First Rest International (Nacer
Alami). McDonald’s Chicago Corp. détient 50% des parts de cette entreprise.
Mcdo a une stratégie
développement impressionnante sur tout le territoire. Actuellement,
l’entreprise emploie 2500 personnes dans ses 28 restaurants. D’ici 2013, la
stratégie de développement au Maroc prévoit l’ouverture de 18 autres
restaurants, et de 25 autres d’ici 2015, en vue d’atteindre 70.
Mcdo
au Maroc affiche une excellente santé financière. En 2007, le Chiffre
d'affaires (CA) de Mcdo était de 450 millions de DH. En 2013, l’entreprise
réalise un CA de 800 MDH. Pour 2015, elle table sur 1,3 milliards de DH. Des
dividendes récoltés par les actionnaires Américains et Marocains. Les employés
ne reçoivent que des miettes.
Réduire le coût du travail au maximum
Mcdonalds
profite des failles dans les lois marocaines pour imposer des conditions de
travail à la limite de légalité. Les contrats signés par les salariés
Marocains de l’entreprise ne comportent pas d’heures contractuelles.
Les nouveaux arrivants
travaillent selon les besoins de
chaque restaurant. S’il n’y a pas de commande, le manager du resto demande à
l’employer d’arrêter de travailler ! Cette méthode à deux conséquences.
Primo, les plannings de départ ne sont pas toujours respectés. Deuxio, les
salaires mensuels que touchent les employés sont variables. Sous prétextes que
ces jeunes salariés sont à leur première expérience professionnelle ou qu’ils
travaillent à mi-temps, la DRH de l’entreprise se permet de mobiliser des
salariés tout le mois pour un revenu mensuel qui varie entre 1300 DH et 500
DH. Ces deux conséquences ne sont pas le fruit du hasard.
Au cœur de la démarche de toute
entreprise et spécialement une multinationale : la réduction du coût de la
main d’œuvre. Dans le cas de Mcdo : cette rubrique ne doit pas dépasser 4%
du Chiffre d’affaires. Les managers des restos doivent se conformer à cette
« règle ». Une méthode qui est à l’origine de la précarité et
l’exploitation des travailleurs. Mcdo ainsi que toutes les chaînes de fast-food
se basent sur une forte hiérarchisation et une gestion RH où personne n’est
indispensable, renforçant d’avantage le sentiment d’insécurité des salariés.
Une
forte hiérarchisation
Au bas de l’échelle se trouve l’équipier, un jeune homme ou jeune
une femme à tout faire, de la caisse au ramassage des ordures. Il est «géré» par le manager junior. Un poste
de responsabilité payée à 3100 DH/an ! Il se charge des plannings, de la
répartition des tâches et de la gestion de la «main d’œuvre» en fonction des commandes. Entre l’équipier et le
manager, une pléiade de personnes essaye de gravir les échelons du « royaume
de la malbouffe ». Après l’équipier, il y a le formateur, le swing et le chargé
de dépôt. Parmi les choses que reprochent – discrètement - les employés à la
direction, c’est la lenteur dans l’évolution de carrière. Sauf que le
management se soucie plus des chiffres des ventes que du climat social dans les
restaurants.
Mcdo
Maroc = anti-syndicats
À ATTAC Casa nous avons suivi et
soutenu en 2010, l’expérience unique d’un syndicat créé à Mcdo boulevard
Mohamed V à Casablanca. Ce bureau syndical affilié à la CDT a subi les
pressions et les intimidations de la direction.
Les revendications des
salariés étaient les suivantes : la hausse du salaire de base, qui était
de 10,64 DH/l’heure à l’époque, la
création d’une indemnité pour le transport surtout que des restaurants ouvrent
jusqu’à 5h du matin, le respect du SMIG pour tous les employés et la nécessité
d’assurer les conditions de sécurité et de santé dans les lieux de travail.
Face à ces revendications basiques, la direction fait la sourde oreille.
Le syndicat organise un sit-in le 13 janvier 2010 devant le
restaurant «pour protester contre
l’indifférence de la direction et son refus d’ouvrir tout dialogue».
L’entreprise se lance dans une campagne publicitaire à grand échelle pour faire
taire toute tentative de médiatiser le combat de ce restaurant. En même temps,
Mcdo affiche des résultats financiers excellents mais impose à ses salariés des
conditions de travail déplorables. Dans le cas du Mcdo Mohamed V, l’expérience
de l’organisation des travailleurs a été étouffée suite à la pression de la
direction. Elle subira le même sort que l’expérience du syndicat FDT Mcdo à
Marrakech en 2009. On est bien loin de l’entreprise responsable socialement que
la direction essaye de promouvoir avec de la pub…
S. Lemaizi, ATTAC CADTM Maroc
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