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samedi 17 mai 2014

Mcdonalds Maroc créateur de….précarité



Par Salheddine Lemaizi, militant ATTAC CADTM Maroc, 14/5/2014    


La restauration rapide au Maroc connait une forte croissance. Ce secteur ne respecte pas le Code du travail et s’oppose à toute action d’organisation de ses travailleurs. Décryptage du cas de Mcdonalds Maroc.  


McDonald’s est présent au Maroc depuis 1992. Le pays se targue d’être le premier pays africain et arabe à accueillir cette multinationale. Après le retrait du Holding Expansion (Abderrahman Belghiti), l’enseigne de malbouffe américaine est présente exclusivement à travers son franchisé marocain First Rest International (Nacer Alami). McDonald’s Chicago Corp. détient 50% des parts de cette entreprise.

Mcdo a une stratégie développement impressionnante sur tout le territoire. Actuellement, l’entreprise emploie 2500 personnes dans ses 28 restaurants. D’ici 2013, la stratégie de développement au Maroc prévoit l’ouverture de 18 autres restaurants, et de 25 autres d’ici 2015, en vue d’atteindre 70.

Mcdo au Maroc affiche une excellente santé financière. En 2007, le Chiffre d'affaires (CA) de Mcdo était de 450 millions de DH. En 2013, l’entreprise réalise un CA de 800 MDH. Pour 2015, elle table sur 1,3 milliards de DH. Des dividendes récoltés par les actionnaires Américains et Marocains. Les employés ne reçoivent que des miettes.   


Réduire le coût du travail au maximum  

Mcdonalds profite des failles dans les lois marocaines pour imposer des conditions de travail à la limite de légalité. Les contrats signés par les salariés Marocains de l’entreprise ne comportent pas d’heures contractuelles.

Les nouveaux arrivants travaillent selon les besoins de chaque restaurant. S’il n’y a pas de commande, le manager du resto demande à l’employer d’arrêter de travailler ! Cette méthode à deux conséquences. Primo, les plannings de départ ne sont pas toujours respectés. Deuxio, les salaires mensuels que touchent les employés sont variables. Sous prétextes que ces jeunes salariés sont à leur première expérience professionnelle ou qu’ils travaillent à mi-temps, la DRH de l’entreprise se permet de mobiliser des salariés tout le mois pour un revenu mensuel qui varie entre 1300 DH et 500 DH. Ces deux conséquences ne sont pas le fruit du hasard.

Au cœur de la démarche de toute entreprise et spécialement une multinationale : la réduction du coût de la main d’œuvre. Dans le cas de Mcdo : cette rubrique ne doit pas dépasser 4% du Chiffre d’affaires. Les managers des restos doivent se conformer à cette « règle ». Une méthode qui est à l’origine de la précarité et l’exploitation des travailleurs. Mcdo ainsi que toutes les chaînes de fast-food se basent sur une forte hiérarchisation et une gestion RH où personne n’est indispensable, renforçant d’avantage le sentiment d’insécurité des salariés. 


Une forte hiérarchisation

Au bas de l’échelle se trouve l’équipier, un jeune homme ou jeune une femme à tout faire, de la caisse au ramassage des ordures.  Il est «géré» par le manager junior. Un poste de responsabilité payée à 3100 DH/an ! Il se charge des plannings, de la répartition des tâches et de la gestion de la «main d’œuvre» en fonction des commandes.  Entre l’équipier et le manager, une pléiade de personnes essaye de gravir les échelons du « royaume de la malbouffe ». Après l’équipier, il y a le formateur, le swing et le chargé de dépôt. Parmi les choses que reprochent – discrètement - les employés à la direction, c’est la lenteur dans l’évolution de carrière. Sauf que le management se soucie plus des chiffres des ventes que du climat social dans les restaurants. 


Mcdo Maroc = anti-syndicats

À ATTAC Casa nous avons suivi et soutenu en 2010, l’expérience unique d’un syndicat créé à Mcdo boulevard Mohamed V à Casablanca. Ce bureau syndical affilié à la CDT a subi les pressions et les intimidations de la direction.  

Les revendications des salariés étaient les suivantes : la hausse du salaire de base, qui était de 10,64 DH/l’heure à l’époque,  la création d’une indemnité pour le transport surtout que des restaurants ouvrent jusqu’à 5h du matin, le respect du SMIG pour tous les employés et la nécessité d’assurer les conditions de sécurité et de santé dans les lieux de travail. Face à ces revendications basiques, la direction fait la sourde oreille. 

Le syndicat organise un sit-in le 13 janvier 2010 devant le restaurant «pour protester contre l’indifférence de la direction et son refus d’ouvrir tout dialogue». L’entreprise se lance dans une campagne publicitaire à grand échelle pour faire taire toute tentative de médiatiser le combat de ce restaurant. En même temps, Mcdo affiche des résultats financiers excellents mais impose à ses salariés des conditions de travail déplorables. Dans le cas du Mcdo Mohamed V, l’expérience de l’organisation des travailleurs a été étouffée suite à la pression de la direction. Elle subira le même sort que l’expérience du syndicat FDT Mcdo à Marrakech en 2009. On est bien loin de l’entreprise responsable socialement que la direction essaye de promouvoir avec de la pub…

S. Lemaizi, ATTAC CADTM Maroc     

      




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