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samedi 25 juin 2011

COMPRENDRE LE « MOUVEMENT MAROCAIN DU 20 FÉVRIER »


Par Marc Olivier, Maroc Solidarité Citoyenne, 25/6/2011

avec Ayad Ahram, représentant du Comité de soutien de Paris-Île de France au mouvement du 20 février

Le 8 juin dernier, le CIIP et Maroc Solidarités Citoyennes ont convié le public grenoblois à une conférence-débat sur ce mouvement, version marocaine de l'immense mobilisation sociale qui traverse l'Afrique du nord et le Moyen-orient.
Ayad Ahram a d'abord rappelé que le mouvement actuel, certes partie prenante de ce « printemps méditerranéen », trouve ses racines dans les nombreuses mobilisations qui se sont manifestées au Maroc depuis l'indépendance (il cite les actions des diplômés-chômeurs depuis 30 ans, les manifestations du mouvement des mal logés, les coordinations contre la vie chère, la révolte de Sidi Ifni etc..). Il ne s'agit donc pas de rassemblements de jeunes tombés du ciel sur un simple clic des réseaux sociaux, mais une mobilisation populaire de toutes les couches de la société qui émerge depuis le 20 février, dans les grandes villes comme dans les plus petits villages, et qui est porteuse de cette mémoire des résistances passées. Cette mobilisation populaire se produit autour d'une base commune de revendications politiques :
• pour une constitution démocratique émanant de la volonté du peuple
• pour la démission du gouvernement actuel et la dissolution des deux chambres du Parlement
• pour la séparation des pouvoirs et une justice indépendante
• pour une pleine reconnaissance de l'amazighité
• pour une politique sociale de création d'emplois et de hausse des salaires
• pour la libération des démocrates emprisonnés et le jugement de tous les criminels (tortionnaires, assassins, corrompus et spoliateurs des richesses de la nation)
Selon Ayad Ahram, le fonctionnement du mouvement traduit son caractère profondément innovant dans le champ politique marocain. Partout où il s'organise, les décisions d'action sont prises par des « coordinations » auxquelles tous les citoyens ont le droit de participer à titre individuel. Ces coordinations dirigent localement le mouvement en adaptant ses objectifs -au delà de la plate-forme nationale- aux problèmes locaux. Parallèlement, les partis, syndicats, associations diverses qui soutiennent le mouvement constituent des « comités de soutien » ou des « conseils locaux » où s'expriment ces organisations et qui appuient les décisions prises par les coordinations. Cette règle de fonctionnement responsabilise directement les citoyens appelés à décider eux-mêmes de la conduite du mouvement, tout en prenant appui sur les organisations politiques et sociales qui déclarent soutenir la mobilisation. Comme l'a dit un participant au débat, « il s'agit d'un extraordinaire processus de conscientisation citoyenne ».
Le mouvement du 20 février est confronté aux manoeuvres du pouvoir maghzénien pour le diviser et pour affaiblir la mobilisation populaire. D'un côté le maghzen (c'est à dire l'appareil d'état monarchique) l'accuse d'être manipulé par l'extrême gauche (la « Voix démocratique ») et par les islamistes (Justice et bienfaisance), ce qui est matériellement impossible compte tenu de l'ampleur de cette mobilisation. De l'autre le roi, dans son discours du 9 mars, a promis une réforme de la constitution et institué une commission d'experts qu'il a lui-même nommés. Il tente ainsi de préserver son pouvoir absolu, sans répondre aux revendications posées par le mouvement du 20 février. C'est pourquoi les manifestations ont continué et se sont élargies après le 9 mars.
Selon Ayad Ahram, il faut comprendre que le 20 février n'est pas un parti nouveau, mais une massive mobilisation populaire exigeant l'application des valeurs démocratiques de liberté, de justice et de dignité. C'est pourquoi ce mouvement ne met en cause ni la monarchie ni le roi. En affirmant « le roi peut régner mais ne doit pas gouverner », il laisse le soin aux partis de proposer aux citoyens leurs programmes politiques, afin que le peuple marocain, par ses choix librement exprimés, prenne lui même son destin en mains.

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