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lundi 24 octobre 2011

« Ila derti bhalou, ma fettih boualou ». Tu n’es pas meilleur que celui dont tu copies les turpitudes.



Par Salah Elayoubi,  eplume.wordpress.com, 23/10/2011

Les images de la mort de Kadhafi, n’en finissent plus de faire le tour de nos écrans.

Choquantes, insupportables, intolérables !

Celles d’un vieillard en uniforme de camouflage, traîné par le col de sa vareuse, après avoir été extirpé de la canalisation de drainage, dans laquelle il avait trouvé refuge, après le bombardement de son convoi, par les avions de la coalition.

Dans une scène digne du Far-west, on le voit, tour à tour, giflé à toutes volées, frappé à coups de crosses, menacé par le canon d’un fusil d’assaut, d’un revolver ou d’un automatique.

En arrière-fond sonore, un combattant s’égosille à hurler « Allah akbar !».

Un autre jubile en criant « Ya habibi, ya Moammar ! »

Enfin un autre, s’approche du prisonnier et lui vomit à la face, sa haine et son origine : « Misrata ! Misrata ! Chien ! ».

Une pluie de coups ensanglante le dictateur. Le cuir chevelu entaillé, il se passe la main sur son visage inondé de sang qu’il désigne à ses vis-à-vis, les incitant à la clémence : « Lae ! Haram ya jama3a ! Haram ! ».

La cruauté de cette scène, n’a d’égale que la détermination, avec laquelle le dictateur comptait punir le peuple libyen de s’être rebellé contre 42 ans de pouvoir tyrannique. Longue est la liste des villes martyres soumises aux feux de l’enfer des canons des brigades kadhafistes. Misrata, Zouara, Zaouyia et les autres ont subi l’inqualifiable. Tortures, exécutions sommaires, viols, disparitions ont été le lot quotidien pendant plus de huit mois, des contradicteurs du régime libyen.

Un vieux proverbe marocain dit : « Ila derti bhalou, ma fettih boualou ». Tu n’es pas meilleur que celui dont tu copies les turpitudes.

En se comportant comme de vulgaires lyncheurs, les combattants libyens ne nous auront pas rassurés sur la suite qu’ils comptent donner à leur victoire sur le despotisme.

Bien peu d’entre nous auront goûté à la sauvagerie avec laquelle un homme désarmé, aux abois et constitué prisonnier, a été livré à la vindicte de quelques assoiffés de sang et de vengeance.

Ni l’Islam dont se revendiquent les libyens, ni la démocratie ne véhiculent les préceptes de ce genre de justice violente et expéditive, administrée à chaud, sans sommation, ni jugement équitable.

La mort donnée, ainsi, avec cette brutalité, nous apparaît d’autant plus insupportable, qu’elle vide le despote le plus sanguinaire, instantanément, de toute substance et de toute responsabilité pour ses crimes passés. Comme si, par ce règlement de comptes de basse extraction, on donnait au tyran l’absolution de tous ses péchés.

Cette justice expéditive aura-t-elle apaisé les cœurs de nos amis libyens ?

Aura-t-elle, un effet apaisant sur le cœur des mères qui ont perdu un fils, un frère ou un père ?

Kadhafi aurait pu nous expliquer comment s’est mis en place un pouvoir prédateur et criminel, qui a fait du peuple libyen, l’un des plus misérables du monde arabe, malgré la manne pétrolière.

Il aurait pu s’expliquer sur le détournement des milliards du pétrole, détailler, par le menu, les mécanismes de blanchiment des fonds pillés, les complicités internationales et les circuits bancaires utilisés.

Le plus choquant dans cette affaire libyenne, c’est de revoir les mêmes personnages, qui ont servi, pendant quelques décennies, les desseins despotiques et inavouables, d’un homme et son clan, reprendre la main, aujourd’hui, sous prétexte qu’ils ont quitté le navire à minuit moins cinq……..Un peu avant qu’il ne coule.

Ceci explique peut-être cela.

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