Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°45 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Dans trois jours les défenseurs
des droits de l’Homme à travers le monde célèbreront la journée internationale
des droits de l’Homme qui coïncide cette année avec le 65ème anniversaire de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme, décidée par l’ONU le 10 décembre
1948. Pour l’ASDHOM, le 10
décembre de cette année revêt un parfum particulier. Une grande
figure de la défense des droits humains au Maroc se rendra ce jour-là à New-York pour recevoir le prix très honorifique des droits de
l’Homme que l’ONU a décidé de lui décerner. Khadija Ryadi, ex-présidente de l’AMDH, a
été choisie pour son engagement total en faveur du respect des droits de
l’Homme. Dans sa note la concernant, l’ONU précise que « Mme
Ryadi lutte depuis 1983 pour diverses causes des droits de l’Homme, notamment
contre l’impunité, et pour l’égalité entre les hommes et les femmes,
l’autodétermination et la liberté d’expression, quelle que soit l’orientation
sexuelle. Elle coordonne un réseau de 22 ONG des droits de l’Homme au
Maroc. » Et c’est ce
réseau, appelé Coalition Marocaine des
instances des droits de l’Homme, qui avait, en coordination avec le
Conseil national d’appui au Mouvement
20-Février, lancé lors d’une conférence de presse, le 10 décembre 2012, une campagne sous le mot d’ordre
«Ensemble pour la
libération des détenus du Mouvement du 20-Février et de tous les détenus
politiques».
Khadija
Ryadi, que nous félicitons pour ce
prix, ne manquera certainement pas l’occasion ce 10 décembre devant la
représentation onusienne d’avoir une pensée à tous ces prisonniers politiques et
d’opinion au Maroc, à qui elle a déjà dédié son prix, et de faire le bilan de
cette campagne.
Quant à nous, nous continuons à
informer les parrains et marraines, et à travers eux l’opinion internationale,
sur la campagne de parrainage que
l’ASDHOM a lancée en novembre
2012. Voici les derniers éléments la concernant.
Groupe
20-Février à Casablanca : Me Mohamed
El-Messaoudi, l’avocat des trois jeunes militants du
20-Février, Rabie Homazin, Hamza Haddi et Mouad Khalloufi, a
vu enfin, le 4 décembre 2013, sa demande de libération provisoire satisfaite par le
tribunal de Casablanca. Les trois jeunes ont donc quitté la prison d’Oukacha, où
ils étaient placés depuis le 6 octobre 2013 (voir points précédents), pour être poursuivis en état de liberté. La prochaine
audience a été fixée au 11 décembre
2013. L’ASDHOM les félicite de cette libération provisoire et
continue sa mobilisation pour leur libération définitive.
Rappelons qu’ils avaient été
arrêtés pour « agression sur agents de police » lorsqu’ils s’étaient rendus à
l’hôpital pour s’enquérir de l’état de santé de Mme Fatiha Haloui, mère de Hamza Haddi,
elle-même militante du 20-Février et poursuivie en liberté dans le même dossier.
Leur avocat est, quant à lui, poursuivi dans
une autre affaire pour outrage à magistrat (voir point 43 et précédents).
Son procès est fixé au 27 décembre
prochain. À travers notre campagne de parrainage, ses collègues français
(Barreau de Paris) et belges
(Association des Avocats sans
frontières) ont entamé une mobilisation internationale en sa
faveur.
Groupe « Baiser
de Nador » : Après la pression des
défenseurs des droits de l’Homme et l’émoi que cette affaire avait suscité dans
l’opinion publique, le tribunal de première
instance de Nador a finalement décidé, le vendredi 6 décembre, de relaxer les
trois jeunes mineurs Raja, Mouhsin et Oussama qui étaient poursuivis
pour « atteinte à la pudeur publique »(Voir point 40). Toutes nos
félicitations à ces jeunes qu’on a trainés dans la boue pour un simple baiser
échangé.
Groupe Liberté
d’expression-Syndicalistes : Près de 4000 enseignants marocains, titulaires de
master, se sont donnés rendez-vous lundi 2
décembre 2013 à Rabat pour manifester contre leur exclusion de la
promotion décidée par le gouvernement Benkirane. Alors que la manifestation se
déroulait dans le calme, les forces de l’ordre sont intervenues violemment pour
la disperser faisant plusieurs blessés parmi les manifestants. 17 d’entre eux dont une femme ont été arrêté-e-s et
traduits devant le tribunal de première instance de Rabat le 4
décembre 2013. L’ASDHOM a reçu la liste des prévenu-e-s, ainsi que
des avocats, une trentaine, qui les défendaient. Elle sera publiée à la rubrique
« Témoignages et lettres » sur le
site de l’ASDHOM. Le tribunal a décidé de les poursuivre en liberté et a fixé
au 8 janvier 2014 la première
audience dans cette affaire. L’ASDHOM, qui soutient ces enseignants dans leur
revendication légitime, dénonce la répression dont ils ont fait face et demande
au gouvernement marocain de revenir sur sa décision de les exclure de la
promotion.
Groupe
Sahraouis-Tantan (nouveau) : La militante sahraouie Fatiha Boushab, 35 ans, a été arrêtée le
21 novembre 2013 alors qu’elle
participait à un sit-in devant le gouvernorat de Tantan pour réclamer un emploi
et l’amélioration des conditions de vie. Elle a été placée en détention provisoire à la prison de la
ville en attendant son procès pour « agression sur fonctionnaire de
l’Etat pendant l’exercice de ses fonctions » et « rassemblement non autorisé ».
Fatiha Boushab a observé aussitôt une grève de la
faim pour dénoncer son arrestation. Son procès, tenu une première
fois le 25 novembre 2013, a été renvoyé
au 2 décembre. Lors de
cette audience, à laquelle ont assisté plusieurs défenseurs des droits de
l’Homme et deux observateurs espagnols, Fatiha Boushab s’est évanouie du fait de
la grève de la faim qu’elle mène et dont les conséquences commencent à se sentir
sur sa santé. Ceci n’a pas empêché le tribunal de lui refuser la liberté
provisoire demandée par sa défense. Le
lendemain, le tribunal lui inflige une sentence d’un mois de prison ferme et une
amende de 500 dirhams (50€). Sa famille, soutenue par l’AMDH-section
de Tantan, a été empêché de manifester son refus de la peine devant le
tribunal.
Groupe
UNEM-Meknès-Marrakech : L’ASDHOM a reçu un rapport
rédigé en arabe par les deux prisonniers politiques Hassan Koukou et Mounir Ait Khafou et où
ils décrivent les conditions de leur grève
ouverte de la faim qu’ils observent avec leurs trois autres camarades
de l’UNEM depuis le 7 novembre 2013. Leur santé se détériore de
jour en jour (vomissement, perte de poids, etc.) sachant qu’ils ne sont pas à
leur première grève de la faim. L’ASDHOM alerte sur les conséquences dramatiques que
peut engendrer cette nouvelle grève de la faim. L’eurodéputée Marie-Christine Vergiat (GUE) qui avait
déjà interpellé les autorités marocaines sur leur sort lors de la première grève
de la faim, entend les relancer pour celle-ci.
Ils ne sont pas seuls à mener
cette grève de la faim. Le groupe de l’UNEM-Marrakech (voir point 44) aussi, observe
une grève de la faim depuis le 12 novembre 2013. À cela s’ajoute celle menée
depuis le 28 novembre par le prisonnier politique Abdeladim Ben Chouaib à la prison locale
d’Al-Hoceima.
Groupe
Ouarzazate-Microcrédit : Depuis début 2011, quatre
organismes de microcrédit avaient porté plainte contre Amina Mourad et Bennacer Ismaïni, deux
coordinateurs du mouvement des victimes des dérives du microcrédit à Ouarzazate
(voir points précédents), pour escroquerie,
diffamation et menaces. Après plusieurs reports de procès, les plaintes avaient
été retirées et les deux militants avaient
été relaxés en 1ère instance. Mais un nouvel organisme,
INMAA, lié à l’ONG AMSED et à Planet Finances a relancé l’affaire en
appel. Le Procureur général a requis une
peine maximum de 5 ans de prison ferme pour Amina Mourad et Bennacer
Ismaïni. Le verdict sera rendu par le tribunal de Ouarzazate le
17 décembre 2013. L’ASDHOM leur
rappelle son soutien dans le cadre de sa campagne de parrainage et se joint à la
campagne internationale de
solidarité qui a été lancée par leurs soutiens locaux (Syndicats,
partis, associations des droits de l’Homme, ATTAC-Maroc, etc.). Et c’est dans ce
cadre que l’eurodéputée Marie-Christine
Vergiat a interpellé le ministre
de la Justice Mustapha Ramid et qu’à Grenoble s’est tenu le 5 décembre une soirée de solidarité,
organisée par Maroc Solidarités Citoyennes,
CADTM et le CIIP (voir
Témoignages et lettres).
Nous ne pouvons clore ce point
sans avoir une pensée à celui qui a marqué à jamais par son empreinte l’histoire
de l’humanité. Nelson Mandela, qui
a su forcer le respect de tous, y compris parmi ses ennemis et adversaires,
a quitté ce monde le jeudi 5 décembre
2013. Qu’il repose en
paix.
Le bureau de
l’ASDHOM
Paris, le samedi 7 décembre
2013
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