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samedi 7 décembre 2013

Point hebdomadaire n°45 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 7/11/2013


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°45 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc

Dans trois jours les défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde célèbreront la journée internationale des droits de l’Homme qui coïncide cette année avec le 65ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, décidée par l’ONU le 10 décembre 1948. Pour l’ASDHOM, le 10 décembre de cette année revêt un parfum particulier. Une grande figure de la défense des droits humains au Maroc se rendra ce jour-là à New-York pour recevoir le prix très honorifique des droits de l’Homme que l’ONU a décidé de lui décerner. Khadija Ryadi, ex-présidente de l’AMDH, a été choisie pour son engagement total en faveur du respect des droits de l’Homme. Dans sa note la concernant, l’ONU précise que « Mme Ryadi lutte depuis 1983 pour diverses causes des droits de l’Homme, notamment contre l’impunité, et pour l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autodétermination et la liberté d’expression, quelle que soit l’orientation sexuelle. Elle coordonne un réseau de 22 ONG des droits de l’Homme au Maroc. » Et c’est ce réseau, appelé Coalition Marocaine des instances des droits de l’Homme, qui avait, en coordination avec le Conseil national d’appui au Mouvement 20-Février, lancé lors d’une conférence de presse, le 10 décembre 2012, une campagne sous le mot d’ordre «Ensemble pour la libération des détenus du Mouvement du 20-Février et de tous les détenus politiques».
Khadija Ryadi, que nous félicitons pour ce prix, ne manquera certainement pas l’occasion ce 10 décembre devant la représentation onusienne d’avoir une pensée à tous ces prisonniers politiques et d’opinion au Maroc, à qui elle a déjà dédié son prix, et de faire le bilan de cette campagne.
Quant à nous, nous continuons à informer les parrains et marraines, et à travers eux l’opinion internationale, sur la campagne de parrainage que l’ASDHOM a lancée en novembre 2012. Voici les derniers éléments la concernant.

Groupe 20-Février à Casablanca : Me Mohamed El-Messaoudi, l’avocat des trois jeunes militants du 20-Février, Rabie Homazin, Hamza Haddi et Mouad Khalloufi, a vu enfin, le 4 décembre 2013, sa demande de libération provisoire satisfaite par le tribunal de Casablanca. Les trois jeunes ont donc quitté la prison d’Oukacha, où ils étaient placés depuis le 6 octobre 2013 (voir points précédents), pour être poursuivis en état de liberté. La prochaine audience a été fixée au 11 décembre 2013. L’ASDHOM les félicite de cette libération provisoire et continue sa mobilisation pour leur libération définitive.
Rappelons qu’ils avaient été arrêtés pour « agression sur agents de police » lorsqu’ils s’étaient rendus à l’hôpital pour s’enquérir de l’état de santé de Mme Fatiha Haloui, mère de Hamza Haddi, elle-même militante du 20-Février et poursuivie en liberté dans le même dossier. Leur avocat est, quant à lui, poursuivi dans une autre affaire pour outrage à magistrat (voir point 43 et précédents). Son procès est fixé au 27 décembre prochain. À travers notre campagne de parrainage, ses collègues français (Barreau de Paris) et belges (Association des Avocats sans frontières) ont entamé une mobilisation internationale en sa faveur.

Groupe « Baiser de Nador » : Après la pression des défenseurs des droits de l’Homme et l’émoi que cette affaire avait suscité dans l’opinion publique, le tribunal de première instance de Nador a finalement décidé, le vendredi 6 décembre, de relaxer les trois jeunes mineurs Raja, Mouhsin et Oussama qui étaient poursuivis pour « atteinte à la pudeur publique »(Voir point 40). Toutes nos félicitations à ces jeunes qu’on a trainés dans la boue pour un simple baiser échangé.

Groupe Liberté d’expression-Syndicalistes : Près de 4000 enseignants marocains, titulaires de master, se sont donnés rendez-vous lundi 2 décembre 2013 à Rabat pour manifester contre leur exclusion de la promotion décidée par le gouvernement Benkirane. Alors que la manifestation se déroulait dans le calme, les forces de l’ordre sont intervenues violemment pour la disperser faisant plusieurs blessés parmi les manifestants. 17 d’entre eux dont une femme ont été arrêté-e-s et traduits devant le tribunal de première instance de Rabat le 4 décembre 2013. L’ASDHOM a reçu la liste des prévenu-e-s, ainsi que des avocats, une trentaine, qui les défendaient. Elle sera publiée à la rubrique « Témoignages et lettres » sur le site de l’ASDHOM. Le tribunal a décidé de les poursuivre en liberté et a fixé au 8 janvier 2014 la première audience dans cette affaire. L’ASDHOM, qui soutient ces enseignants dans leur revendication légitime, dénonce la répression dont ils ont fait face et demande au gouvernement marocain de revenir sur sa décision de les exclure de la promotion.

Groupe Sahraouis-Tantan (nouveau) : La militante sahraouie Fatiha Boushab, 35 ans, a été arrêtée le 21 novembre 2013 alors qu’elle participait à un sit-in devant le gouvernorat de Tantan pour réclamer un emploi et l’amélioration des conditions de vie. Elle a été placée en détention provisoire à la prison de la ville en attendant son procès pour « agression sur fonctionnaire de l’Etat pendant l’exercice de ses fonctions » et « rassemblement non autorisé ». Fatiha Boushab a observé aussitôt une grève de la faim pour dénoncer son arrestation. Son procès, tenu une première fois le 25 novembre 2013, a été renvoyé au 2 décembre. Lors de cette audience, à laquelle ont assisté plusieurs défenseurs des droits de l’Homme et deux observateurs espagnols, Fatiha Boushab s’est évanouie du fait de la grève de la faim qu’elle mène et dont les conséquences commencent à se sentir sur sa santé. Ceci n’a pas empêché le tribunal de lui refuser la liberté provisoire demandée par sa défense. Le lendemain, le tribunal lui inflige une sentence d’un mois de prison ferme et une amende de 500 dirhams (50€). Sa famille, soutenue par l’AMDH-section de Tantan, a été empêché de manifester son refus de la peine devant le tribunal.

Groupe UNEM-Meknès-Marrakech : L’ASDHOM a reçu un rapport rédigé en arabe par les deux prisonniers politiques Hassan Koukou et Mounir Ait Khafou et où ils décrivent les conditions de leur grève ouverte de la faim qu’ils observent avec leurs trois autres camarades de l’UNEM depuis le 7 novembre 2013. Leur santé se détériore de jour en jour (vomissement, perte de poids, etc.) sachant qu’ils ne sont pas à leur première grève de la faim. L’ASDHOM alerte sur les conséquences dramatiques que peut engendrer cette nouvelle grève de la faim. L’eurodéputée Marie-Christine Vergiat (GUE) qui avait déjà interpellé les autorités marocaines sur leur sort lors de la première grève de la faim, entend les relancer pour celle-ci.
Ils ne sont pas seuls à mener cette grève de la faim. Le groupe de l’UNEM-Marrakech (voir point 44) aussi, observe une grève de la faim depuis le 12 novembre 2013. À cela s’ajoute celle menée depuis le 28 novembre par le prisonnier politique Abdeladim Ben Chouaib à la prison locale d’Al-Hoceima.

Groupe Ouarzazate-Microcrédit : Depuis début 2011, quatre organismes de microcrédit avaient porté plainte contre Amina Mourad et Bennacer Ismaïni, deux coordinateurs du mouvement des victimes des dérives du microcrédit à Ouarzazate (voir points précédents), pour escroquerie, diffamation et menaces. Après plusieurs reports de procès, les plaintes avaient été retirées et les deux militants avaient été relaxés en 1ère instance. Mais un nouvel organisme, INMAA, lié à l’ONG AMSED et à Planet Finances a relancé l’affaire en appel. Le Procureur général a requis une peine maximum de 5 ans de prison ferme pour Amina Mourad et Bennacer Ismaïni. Le verdict sera rendu par le tribunal de Ouarzazate le 17 décembre 2013. L’ASDHOM leur rappelle son soutien dans le cadre de sa campagne de parrainage et se joint à la campagne internationale de solidarité qui a été lancée par leurs soutiens locaux (Syndicats, partis, associations des droits de l’Homme, ATTAC-Maroc, etc.). Et c’est dans ce cadre que l’eurodéputée Marie-Christine Vergiat a interpellé le ministre de la Justice Mustapha Ramid et qu’à Grenoble s’est tenu le 5 décembre une soirée de solidarité, organisée par Maroc Solidarités Citoyennes, CADTM et le CIIP (voir Témoignages et lettres).

Nous ne pouvons clore ce point sans avoir une pensée à celui qui a marqué à jamais par son empreinte l’histoire de l’humanité. Nelson Mandela, qui a su forcer le respect de tous, y compris parmi ses ennemis et adversaires, a quitté ce monde le jeudi 5 décembre 2013. Qu’il repose en paix.

Le bureau de l’ASDHOM
Paris, le samedi 7 décembre 2013

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