Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

lundi 19 avril 2010

Appel de Thawra au 33ème jour de grève de la faim de son père.

Par Thawra Ali Salem Tamek, 19/4/2010
Español: Llamamiento de Thawra Ali Salem Tamek
Thawra, « Révolution », crie son appel au monde pour la libération et le retour de son père vivant à la maison.
Son père est un défenseur sahraoui des Droits de l’Homme.Il est en prison à Salé, au Maroc, avec 5 autres militants pacifiques. Les autorités marocaines les ont arrêtés à leur retour d’une visite à leurs familles dans les campements de réfugiés sahraouis. Ce sont des prisonniers d’opinion.
Ils s’appellent Ali Salem Tamek, Brahim Dahan, Hammadi Nassiri, Yahdih Ettarouzi, Rachid Sghayer, Saleh Lebihi.
Cela fait 33 jours qu’ils sont en grève de la faim illimitée pour faire valoir leur droit à un procès, ou à une relaxe immédiate et sans conditions.
D’autres après eux ont fait les mêmes voyages dans les campements et aucun n’a été arrêtés à leurs retours au Maroc, ou au Sahara Occidental occupé.
40 prisonniers politiques sahraouis sont en grève de la faim par solidarité et pour faire respecter leur droit à des procès justes et des conditions d’incarcération respectueuses.
Quelles séquelles irréversibles s’inscrivent-elles au jour le jour dans les corps de ces hommes déterminés à défendre jusqu’à la mort leurs droits et leurs dignités ?
Les cris et les larmes de Thawra portent la fierté de son peuple, et la force infinie des révolutions.
Appel de Thawra Ali Salem Tamek
Je ne m’arrêterai pas de t’appeler, papa !
Je ne serai jamais fatiguée de répéter « libérez mon papa ! libérez mon papa ! »
Mon père que j’aime m’a élevée pour être rebelle, et m’a appelée « Thawra », Révolution, pour que la révolution soit le premier mot que j’entende et auquel je réponde. Il voulait que je sois une graine de la révolution qui grossit, et résiste, et l’emporte. Mais mon nom ne veut rien dire sans mon peuple, parce que mon peuple est une révolution, et la révolution, à mes yeux est mon peuple. Chacun est lié à l’autre pour donner de l’amour, de la compassion, sécurité et paix, parce que dans notre cas, la révolution n’est pas seulement le sang et le feu, la révolution est aussi la vie.
Papa pour moi tu es un symbole ! Une source qui me fait me sentir appartenir à mon peuple. Tu me rends fière de mon peuple et de toi. C’est pour cela que je crie, maintenant, demain et tout le temps, pour que tous les hommes libres viennent au secours d’hommes nobles comme toi. Ceux qui ont le même nom, les révolutionnaires, les militants qui préfèrent se battre pour des principes et prendre des risques. Ils ont abandonné leur confort personnel, leur joie, pour consacrer ce qu’il ont de plus précieux aux besoins de la cause du peuple sahraoui, pour inscrire la lutte de ce peuple parmi les autres révolutions du monde.
Les révolutions ne meurent jamais, parce qu’elles sont faites par les peuples, et les peuple n’oublient jamais. La mémoire collective transporte les histoires et légendes des honorables fils et immortalise leurs noms. Souviens toi que les caravanes de partisans ont pris le chemin tracé par le martyr El Ouali Mustapha Sayed, et d’autre encore prennent ce chemin, et ils seront demain plus et plus encore. (...)
Tu es grand à mes yeux, un combattant de la liberté qui ne fait jamais de compromis, et ne désespère jamais, inlassable. Plus important, papa, n’abandonnes jamais, malgré la faiblesse ou la maladie, malgré la mort elle-même.
Si la mort doit venir papa, tu mourras debout ! Parce que tu es né pour mourir debout. Tu m’as donné le nom de la Révolution et son chemin. Sois sûr papa, que le sadisme des tortionnaires, leur arrogance n’ont fait que me rendre plus déterminée à suivre le chemin que tu as choisi pour moi. Même s’ils m’ont abusivement empêchée de pouvoir grandir avec les camarades sahraouis, et privée de mes grands parents et de mon pays. Malgré tout cela, j’accepte mon sort et celui de mon peuple.
Je t’aime papa ! Pas comme les autres enfants aiment leurs parents, mais parce que je ne peux vivre que par toi. Quand j’ai entendu que tu avais été arrêté avec tes compagnons, et présenté devant la justice des soldats, j’ai paniqué et j’ai eu tellement peur que je suis allée me cacher pour pleurer et soulager mon cœur, pleurer ma solitude et le mal de mon pays. Nous sommes tous deux privés de notre pays mon papa. Je vis à l’étranger comme une étrangère, et tu vis dans la prison de l’occupant. (...)
Oui je peux te le dire, j’ai peur. J’ai terriblement peur, et je crains une tragédie et les mauvaises nouvelles, et pour cela je pleure. Je pleurerai et tout le monde verra mes larmes, et je promets que je n’arrêterai pas de pleurer tant que je ne t’aurai pas vu libre avec tes camarades. Jusqu’à ce que toi et tes camarades retrouviez le sourire.
Rendez nous votre sourire. C’est un espoir et un désir – et un espoir et un désir que nous avons perdu des milliers de fois à chaque moment de tous les jours de votre grève de la faim.
Je ne me lasserai pas, papa, de crier très fort, « libérez mon père et libérez ses camarades… et partez pour ne jamais revenir. Vous qui faites nos jours si tristes et noirs ! Vous qui faites de nous des orphelins, qui nous avez séparés, déplacés ou emprisonnés ! Vous n’êtes pas encore satisfaits de tous les crimes que vous avez commis ? Laissez nous seul et ne revenez jamais, et nous pourrons recommencer à sourire, et mon père reviendra avec moi et les victimes de disparition forcées reviendront, et les prisonniers et les réfugiés.

Thawra Ali Salem Tamek
Fille de Ali Salem Tamek, éminent défenseur des droits de l’homme.

APSO, le 19 avril 2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire