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Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°28 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc, 17/6/2013
Ce point hebdomadaire est
largement consacré aux cinq militants de
l’Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM), arrêtés en décembre 2012 à Meknès et
détenus sans jugement à la prison locale Toulal 2. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou,
Hassan Ahmouch et
Mohamed Eloualki, sont
en grève de la faim depuis le 11 mars, soit
100 jours, pour réclamer leur libération ou du moins la tenue d’un
procès équitable dans les meilleurs délais et l’amélioration de leurs conditions
de détention. Après quelques acquis arrachés à l’administration pénitentiaire
(voir nos point précédents) et
constatant le recul de celle-ci sur ses promesses, les cinq jeunes détenus
politiques ont entamé, en plus de leur grève de la faim, une grève de la soif à partir du mercredi 12 juin
2013. Leur santé s’est sérieusement détériorée et les séquelles sur
leurs corps, fragilisés par la grève de la faim et les mauvaises conditions de
détention, commencent à apparaitre
inévitablement.
L’ASDHOM a déjà alerté sur cette
grave situation à travers ses points hebdomadaires. Elle met l’accent
aujourd’hui sur l’urgence d’agir auprès des
autorités marocaines pour éviter qu’un drame humain ne survienne d’un
jour à l’autre.
Le
parrain de ces grévistes de la faim, le citoyen français Gilles DELOUSTAL, a répondu à notre cri
d’alarme en interpellant les autorités
marocaines et son ministre français des Affaires étrangères, Laurent
Fabius. Voici quelques extraits de ses lettres envoyées le 14 juin au
ministre de la Justice, au ministre de l’Intérieur, au président du CNDH et à
l’ambassadeur du Maroc en France :
«
À la prison
Toulal 2 de Meknès, Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou, Mohamed
Eloualki et Hassan Ahmouch, tous militants de l’UNEM sont en grève de la faim
depuis le 11 mars 2013. Ils entament leur troisième mois dans des conditions de
santé déplorables. Perte de poids, vomissements, évanouissements, tension
anormale, hémorragies sont le lot quotidien de ces militants de l'Union
Nationale des Etudiants du Maroc, arrêtés en décembre 2012 et incarcérés depuis,
sans jugement.
…. Cette
situation les a conduits à poursuivre leur grève de la faim tout en refusant de
s’alimenter en eau et en sucre… Transférés d’urgence le 2 juin à l’hôpital
Mohamed V de Meknès, Hassan Koukou et Soufiane Sghéri ont subi des mauvais
traitements pendant 5 jours…
Je vous demande
de les libérer rapidement pour réparer l'injustice qui les a frappés, les juger
équitablement et les traiter conformément aux conventions internationales que le
Maroc a signées en matière de respect des droits de l’Homme avant qu'il ne soit
trop tard.
Je vous prie de
croire, Messieurs, en ma considération. »
En plus des autorités marocaines,
Gilles DELOUSTAL, n’a pas hésité à interpeller le chef de la diplomatie
française, Laurent Fabius, et également le député de sa circonscription. Voilà
ce qu’il leur a écrit :
« …Le député de l'Isère Francois Brottes m'a dit avoir
appris auprès de votre ministère que M. Abdessamad AL HAYDOUR et M. Tarik AL
HAMANI (détenus à Taza) ont
suspendu leur grève de la faim après avoir reçu des garanties pour
l’amélioration de leurs conditions de détention, que à Fès, l’intervention du
CRDH auprès de l’administration pénitentiaire a également permis la libération
provisoire de trois étudiants accusés d’atteinte à l’ordre public et que aucun
cas de grève de la faim n’a été recensé à Tanger. Malheureusement, les cinq
détenus de la prison de Toulal à Meknès risquent de succomber d'un instant à
l'autre.
La France affirme
son attachement au plein respect des droits de l’Homme partout dans le monde.
Aussi, vue la qualité des relations qu'elle a su entretenir avec le Maroc, je
pense que votre ministère ne peut rester muet face a ces comportements inhumains
et qu'il doit exiger leur libération et des traitements conformes aux
conventions internationales que le Maroc a signées en matière de respect des
droits de l’Homme.
Je vous prie de
croire, Monsieur, en ma considération. »
Et pour informer ses filleuls des
démarches qu’il a entreprises en leur faveur, Gilles DELOUSTAL leur a adressé un courrier
dans lequel il réaffirme son soutien et sa solidarité. Vous trouverez
l’intégralité de ses lettres sur la rubrique « Témoignages et Lettres » du site
de l’ASDHOM.
Toujours dans le cadre du soutien
aux grévistes de la faim, nous apprenons que le bureau local de l’AMDH d’El-Jadida a décidé
d’observer le dimanche 16 juin un sit-in
accompagné d’une grève de la faim pour alerter les autorités
marocaines sur le danger qui guète les grévistes de
Meknès.
Tout en se félicitant de cette
action citoyenne et solidaire, l’ASDHOM continue à appeler d’autres parrains et
marraines à faire pareil. C’est malheureusement le seul moyen dont nous
disposons pour faire pression sur l’État marocain en vue de l’amener à honorer
ses engagements en termes de respect des droits humains. C’est l’un des
objectifs que nous nous sommes fixés en lançant cette campagne de parrainage des
prisonniers politiques et syndicaux au Maroc.
Si la gravité de la situation à la
prison Toulal 2 de Meknès nous oblige à mettre l’accent sur ces grévistes de la
faim, nous n’oublions pas pour autant les autres groupes de prisonniers
politiques qui se battent tout autant pour leur libération. D’autres victimes de
la répression viennent malheureusement allonger la liste des détenus politiques
et syndicaux que l’ASDHOM a proposée au
parrainage :
-
À Al-Hoceima, au nord du Maroc, trois nouvelles arrestations accompagnées
de violences lors de l’intervention des forces de l’ordre sont à déplorer dans
les rangs de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM) qui avait manifesté pacifiquement le
12 juin 2013 pour réclamer des emplois. Il s’agit de Jawad Zahrioui, de Mohamed El-Hankari et de Jawad
Sabiri.
-
À Midelt, dans l’Atlas oriental non loin de
Meknès, le citoyen-journaliste Mohamed
Attaoui, militant environnemental, avait rendez-vous le 13 juin 2013 avec la
cour d’appel de la ville. Rappelons que ce citoyen avait été condamné
le 14 février dernier à 10 mois de prison
ferme et d’une amende de 1000 Dirhams (Voir nos points précédents). Reporters Sans
Frontières (RSF) a publié un
communiqué de presse pour le soutenir et condamner l’acharnement sur ce militant
qui a osé dénoncer le trafic de « la mafia du cèdre ». Vous trouverez ce
communiqué sur la rubrique « Témoignages et
Lettres ».
Pour clore ce point, nous vous
informons que dans le cadre de sa campagne de parrainage des prisonniers
politiques au Maroc, l’ASDHOM se rend à Gap (05) dans le sud-est de la France,
le 1er juillet 2013, sur invitation de l’association Solidarité Maroc
05 et le Mouvement de la paix 05. L’occasion pour l’ASDHOM de sensibiliser à
cette campagne lors d’une rencontre-débat et de faire le tour des radios locales
pour expliquer en quoi consiste le parrainage des détenu-e-s politiques et
syndicaux au Maroc.
Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris, le 17 juin 2013
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