Par Amanda Chapon , h24info.ma, 3/3/2014
©FranceTVinfo |
Une vingtaine de migrants ont encore
réussi à s'introduire dans Melilia et Sebta ce lundi. Depuis le début
de l'année les enclaves espagnoles sont soumises à une extrême pression
migratoire. En cause, un changement de stratégie des autorités
marocaines…
Un groupe de 15 immigrants clandestins, dont
une jeune fille, est arrivé lundi sur une embarcation de fortune jusqu'à
Melilia tandis que trois autres sont parvenus à entrer à Sebta, en
passant sous la frontière grillagée, "par une canalisation", ont annoncé
les autorités des enclaves espagnoles.
Caché dans une valise
La veille, 35 subsahariens avaient réussi à pénétrer (par voie maritime ou terrestre) dans les enclaves, tandis qu'un jeune malien de 19 ans, moins chanceux, était découvert caché dans une valise qu'un citoyen marocain tentait de passer au poste-frontière de Melilia. "Les difficultés qu'il avait à la traîner ont éveillé les soupçons des gardes civils", a expliqué un communiqué.
Et vendredi 28 février dernier, quelque 200 migrants d'Afrique subsaharienne se sont introduits sur le sol espagnol lors d'un assaut massif, le plus important depuis les vagues d'immigration massives de 2005, sur la frontière grillagée qui sépare le Maroc de Melilia.
"La pression est de plus en plus forte"
Dans l'enclave, les migrants sont hébergés dans le centre d'accueil du gouvernement (Ceti), clairement débordé. Le Ceti abrite à présent 1.300 personnes pour 480 places, a indiqué vendredi à l'AFP son directeur, Carlos Montero. "En dix jours ce sont presque 500 personnes qui sont arrivées", a-t-il souligné. Et c'est ainsi depuis le début de l'année...
La triple barrière, haute de sept mètres, qui "protège" Melilia.©AFP
Un
millier de subsahariens attendraient aux portes de l'enclave, sur les
pentes du mont Gurugu où sont installés leurs campements, le moment
propice pour tenter leur chance. Ces derniers mois, est arrivée aussi
au Maroc une vague d'immigrants syriens, poussés hors de leur pays par
la guerre. Ils seraient eux aussi aux alentours d'un millier, espérant
entrer en Espagne via un poste-frontière. Récemment, environ 200 d'entre
eux ont tenté un passage en force, sans succès.
"Et cela n'a pas l'air de vouloir se calmer. Au contraire, la pression est de plus en plus forte", s'inquiétait Carlos Montero le 20 février.
"Les autorités marocaines sont en train de changer de stratégie"
Pour Hicham Rachidi, SG du GADEM (groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants) les migrants "ont compris que le Maroc a momentanément cessé de jouer le rôle de premier filtre".
Certes, explique le militant, quand 300 clandestins se sont jetés, vendredi, sur la triple barrière, haute de sept mètres, qui "protège" Melilia, il y a eu des violences: "35 migrants ont été blessés, et deux d'entre eux souffrent de fractures et blessures graves après avoir été battus par les forces de sécurité" marocaine. Mais, continue Hicham Rachidi, "les arrestations et les raids sur les camps sont moins violents".
"Les autorités marocaines sont en train de changer de stratégie" estime l'associatif: au lieu d'établir "un premier filtre au niveau de la "friga" (la grille barbelée), ils déploient leurs moyens plus en amont, autour des villes du nord et des plages et lancent des campagnes préventives et dissuasives pour pousser les clandestins à sortir de leur cachette et à s'éloigner des enclaves". Tout cela dans la lignée de la nouvelle politique migratoire du Maroc initiée par le roi Mohammed VI après un rapport très critique du CNDH.
Autre changement, les conduites –illégales- à la frontière algérienne –les migrants étaient abandonnés en plein désert- ont cessé. Les clandestins arrêtés sont conduits à Rabat où ils sont éventuellement relâchés.
"Et cela n'a pas l'air de vouloir se calmer. Au contraire, la pression est de plus en plus forte", s'inquiétait Carlos Montero le 20 février.
"Les autorités marocaines sont en train de changer de stratégie"
Pour Hicham Rachidi, SG du GADEM (groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants) les migrants "ont compris que le Maroc a momentanément cessé de jouer le rôle de premier filtre".
Certes, explique le militant, quand 300 clandestins se sont jetés, vendredi, sur la triple barrière, haute de sept mètres, qui "protège" Melilia, il y a eu des violences: "35 migrants ont été blessés, et deux d'entre eux souffrent de fractures et blessures graves après avoir été battus par les forces de sécurité" marocaine. Mais, continue Hicham Rachidi, "les arrestations et les raids sur les camps sont moins violents".
"Les autorités marocaines sont en train de changer de stratégie" estime l'associatif: au lieu d'établir "un premier filtre au niveau de la "friga" (la grille barbelée), ils déploient leurs moyens plus en amont, autour des villes du nord et des plages et lancent des campagnes préventives et dissuasives pour pousser les clandestins à sortir de leur cachette et à s'éloigner des enclaves". Tout cela dans la lignée de la nouvelle politique migratoire du Maroc initiée par le roi Mohammed VI après un rapport très critique du CNDH.
Autre changement, les conduites –illégales- à la frontière algérienne –les migrants étaient abandonnés en plein désert- ont cessé. Les clandestins arrêtés sont conduits à Rabat où ils sont éventuellement relâchés.
Une tragédie aux conséquences inattendues
Enfin, conclut le SG du GADEM, il ne faut pas négliger les conséquences de la tragédie du 6 février, lorsqu'au moins 14 migrants étaient morts noyés aux abords de Sebta. La riposte ce jour-là des forces de l'ordre espagnoles, accusées par des défenseurs des droits de l'Homme et des migrants témoins de la scène d'avoir tiré des balles en caoutchouc contre les clandestins, a suscité une vive polémique en Espagne.
Du coup, le ministère de l'Intérieur a annoncé mardi 25 février que la Garde civile avait désormais interdit à ses agents de tirer des balles en caoutchouc pour repousser les tentatives d'entrée en force. Une interdiction que les migrants ont remarquée.
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