Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point hebdomadaire n°56 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Haj Ali
El-Manouzi n’est plus. Il est décédé la
semaine dernière après une vie de plus de cent ans, toute vouée au combat pour
la liberté, la dignité et l’État de droit au Maroc. Son nom est intiment lié au
mouvement de libération nationale, au mouvement des droits de l’Homme et tout
particulièrement au mouvement de lutte contre la disparition forcée et
l’impunité au Maroc. Il n’a eu de cesse de réclamer justice et vérité pour son
frère Brahim, victime d’une
exécution extrajudiciaire, dont le lieu d’inhumation n’est toujours pas connu,
ainsi que pour son fils Houcine,
le syndicaliste enlevé à Tunis le 29 octobre 1972 et porté disparu depuis.
L’ASDHOM s’incline devant sa
mémoire et présente ses sincères condoléances à sa femme et à toute sa famille.
L’ASDHOM, qui a fait du combat de
Haj Ali El-Manouzi pour la vérité
sur les disparitions forcées une de ses batailles, continue cette lutte au sein
du Collectif Al-Haqiqa (Vérité)
aux côtés de l’un de ses fils, Rachid
El-Manouzi, président de l’APADM (Association des Parents et Amis des
Disparus au Maroc).
Avant de traiter les informations
que nous avons reçues de nos groupes de prisonniers d’opinion que nous
parrainons, nous faisons un petit retour sur les plaintes déposées en France et auprès du
Comité de l’ONU contre la torture
et qui ont fait couler beaucoup d’encre. Juste pour dire à ceux qui
s’offusquent, parmi les plumes chauvines et aux ordres, du dépôt de plaintes en
France contre le patron de la DST
marocaine et qui appellent à aller au-delà de la suspension par le Maroc de la
coopération judiciaire avec la France, que bizarrement on les a pas entendu
quand il s’agissait de la plainte déposée en France par Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, contre d’abord
Joseph
Tual, le journaliste spécialiste de l’affaire Ben Barka, et ensuite contre
l’avocat la famille Ben Barka, Me Maurice
Buttin. Ce citoyen marocain a bien utilisé les services de la justice
française sans même qu’il soit présent sur le territoire puisqu’il a été
représenté par deux avocats dont celui de l’État marocain, chèrement rémunérés.
Si Joseph
Tual et Me
Buttin se sont présentés devant leurs juges sans que cela ne leur
pose problème, pourquoi alors, Abdellatif
Hammouchi, patron de la DST, censé être un homme de droit, doit-il
avoir peur de le faire ? Il reste innocent de toutes les charges qui pèsent
contre lui jusqu’à preuve du contraire et il le sait. Pourquoi alors avoir peur
d’une simple plainte et ne pas venir affronter ses accusateurs s’il n’a rien à
se reprocher. La justice française reste tout de même, et jusqu’à nouvel ordre,
une justice indépendante, à moins qu’il la considère l’égale de celle du Maroc
et c’est ce qui explique sa peur d’en faire les frais comme tant de victimes
parmi ses compatriotes.
L’ASDHOM soutient toutes les victimes de
torture et l’ACAT qui ont déposé
ces plaintes et considère qu’on ne doit pas sacrifier la lutte pour la justice
et la vérité sur l’autel des relations diplomatiques. On a vu les dégâts que
celles-ci ont engendrés dans l’affaire Ben Barka.
Revenons maintenant au sujet de
notre point hebdomadaire et qui nous préoccupe
tant.
Groupe
Ouarzazate-Microcrédit : Pour se solidariser avec
Amina Mourad et Bennacer Ismaini, les deux coordinateurs du
mouvement de défense des victimes du microcrédit (voir points précédents), condamnés à un an de
prison ferme, ATTAC-Maroc ainsi
que l’Association de protection
populaire et le mouvement
20-Février de Rabat ont organisé une conférence de presse le vendredi
28 février à Rabat. Les deux
coordinateurs étaient présents aux côtés l’eurodéputée Marie-Christine Vergiat (GUE) qui avait
déjà interpellé les responsables marocains sur les dégâts que provoquent les
dérives de ces microcrédits. Amina et Bennacer ont relaté à la presse les quatre
ans de lutte et les derniers développements de ce dossier qui est resté méconnu
chez les medias. Ils ont ensuite annoncé leur pourvoi en cassation fait par leurs avocats
qui ont 60 jours pour préparer leur mémorandum. En attendant, les deux
coordinateurs, soutenus par les démocrates marocains et étrangers, ne chôment
pas. Plusieurs initiatives sont en vue dont un meeting le 8 mars à Marrakech, un
autre meeting à Rabat les 22 et 23 mars ainsi qu’une caravane du 24 au 28 avril
qui traversera Ouarzazate, Agdz, la vallée du Draa, Kalaât Mgouna, la vallée du
Dades et Rich dans la vallée de Ziz du moyen Atlas.
Groupe
UNEM-Fès-Kénitra : Les cinq prisonniers politiques
de l’UNEM-Kénitra Abderrahim Taouil, Ismail
El-Ahmar, Abderrazak Jakko, Zakaria Rakkas et Karim Boussaâdan qui
comparaissaient le mardi 25 février devant le tribunal de 1ère
instance de Kénitra ont vu leur procès reporté au 5 mars prochain. Rappelons
qu’ils sont placés en détention préventive à la prison Aouad depuis le 20
janvier 2014 (voir points précédents) et
qu’ils observent une grève de la
faim depuis le 22 février pour réclamer l’amélioration de leurs
conditions de détention et surtout leur libération.
A Fès, le jeune Mohamed Adli, militant de l’UNEM et du
mouvement 20-Février, a été condamné par le tribunal de 1ère
instance de Fès à 2 mois de prison
ferme après avoir passé 6 mois en détention provisoire. Trois autres
militants de l’UNEM-Fès ont été condamnés aussi la prison ferme. Il s’agit de
Mohamed Boujnah, de Abdelhaq Bouti et de Mohamed Ghalout qui a été arrêté moins
d’une semaine après sa libération (voir points
précédents).
Groupe
sahraouis-Laâyoune : Arrêté le 14 février 2014 à
Laâyoune, le jeune sahraoui Abdelaziz
Maftah a été présenté le 16 février devant le Procureur du roi près
du tribunal de première instance de Laâyoune qui a décidé de le poursuivre en
état de liberté.
Par ailleurs, l’ancien prisonnier
politique sahraoui Abdelmoutaleb
Sarir (29 ans) a été de nouveau arrêté le 18 février à Laâyoune. Sa
famille était surprise de le voir en compagnie de membres de la police, les
mains menottées et des traces de violences sur son visage, quand ils ont
débarqué chez elle à la recherche d’un ordinateur que Sarir est supposé détenir.
Son père a déposé une plainte pour réclamer une enquête urgente concernant les
violences et le viol qu’aurait subi Sarir pendant sa garde à vue du 18 au 21
février. Sarir a observé deux grèves de la faim dont la dernière à partir du 28
février pour réclamer des meilleures conditions, son transfert dans une autre
cellule pour le séparer des prisonniers nombreux de droit commun et pour que les
autorités donnent suite à la plainte de son père.
Avant lui et toujours à Laâyoune,
c’était au tour d’un autre ancien prisonnier politique, Abdeslam Loumadi, d’être arrêté le 21
janvier 2014. Après 32 jours de détention préventive à la prison de Laâyoune,
Abdeslam a comparu devant le tribunal de première instance le 26 février. Son
procès a été reporté au 5 mars
2014 pour permettre à sa défense de préparer son dossier. Il a
également observé une grève de la faim à
partir du 1er février. Son état de santé s’est détérioré
après 17 jours de grève. Après plusieurs lettres de sa mère aux autorités
marocaines, l’administration pénitentiaire a accepté enfin de le transférer à
l’hôpital de Laâyoune.
Groupe
Imider-Mineurs : Le Mouvement sur la voie de 96 nous a fait
état le 1er mars de l’arrestation scandaleuse de trois de ses
militants. Omar Moujane (membre du
comité de dialogue), Brahim El-Hamdaoui et
Abdessamad Madri ont été sortis de force de la voiture qui les
ramenait en compagnie d’autres membres de leurs familles au mont Alban, où se
tient le sit-in pacifique des mineurs depuis août 2011. Le Caïd de Tinghir et
les gendarmes du centre d’Imider ont brisé d’abord les vitres de ladite voiture
et ont ensuite brutalement procédé à l’extirpation des trois militants. Ceux-ci
ont été blessés par le bris de glace et ensuite battus à terre en présence de
leurs mères. Les femmes qui les accompagnaient n’ont pas échappé à ce sort.
Elles ont été, elles aussi battues et insultées, ce qui a provoqué
l’évanouissement d’une parmi elles. La sœur de l’un des trois arrêtés a eu le
bras cassé. Une autre a été menacée par un gendarme à l’aide de son
arme.
Les trois militants arrêtés ont été transférés au centre
de la gendarmerie royale de Tinghir. Pour les soutenir, les
villageois d’Imider ont manifesté le long de la route N10 et ce jusqu’au pied du
mont Alban où ils se sont réunis en assemblée
générale.
Nous revenons à ce sujet dès qu’on
a plus de précisions.
Le bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le 3 mars 2014
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