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lundi 3 mars 2014

Point hebdomadaire n°56 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc



Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°56 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc

Haj Ali El-Manouzi n’est plus. Il est décédé la semaine dernière après une vie de plus de cent ans, toute vouée au combat pour la liberté, la dignité et l’État de droit au Maroc. Son nom est intiment lié au mouvement de libération nationale, au mouvement des droits de l’Homme et tout particulièrement au mouvement de lutte contre la disparition forcée et l’impunité au Maroc. Il n’a eu de cesse de réclamer justice et vérité pour son frère Brahim, victime d’une exécution extrajudiciaire, dont le lieu d’inhumation n’est toujours pas connu, ainsi que pour son fils Houcine, le syndicaliste enlevé à Tunis le 29 octobre 1972 et porté disparu depuis. L’ASDHOM s’incline devant sa mémoire et présente ses sincères condoléances à sa femme et à toute sa famille. L’ASDHOM, qui a fait du combat de Haj Ali El-Manouzi pour la vérité sur les disparitions forcées une de ses batailles, continue cette lutte au sein du Collectif Al-Haqiqa (Vérité) aux côtés de l’un de ses fils, Rachid El-Manouzi, président de l’APADM (Association des Parents et Amis des Disparus au Maroc).

Avant de traiter les informations que nous avons reçues de nos groupes de prisonniers d’opinion que nous parrainons, nous faisons un petit retour sur les plaintes déposées en France et auprès du Comité de l’ONU contre la torture et qui ont fait couler beaucoup d’encre. Juste pour dire à ceux qui s’offusquent, parmi les plumes chauvines et aux ordres, du dépôt de plaintes en France contre le patron de la DST marocaine et qui appellent à aller au-delà de la suspension par le Maroc de la coopération judiciaire avec la France, que bizarrement on les a pas entendu quand il s’agissait de la plainte déposée en France par Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, contre d’abord Joseph Tual, le journaliste spécialiste de l’affaire Ben Barka, et ensuite contre l’avocat la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin. Ce citoyen marocain a bien utilisé les services de la justice française sans même qu’il soit présent sur le territoire puisqu’il a été représenté par deux avocats dont celui de l’État marocain, chèrement rémunérés. Si Joseph Tual et Me Buttin se sont présentés devant leurs juges sans que cela ne leur pose problème, pourquoi alors, Abdellatif Hammouchi, patron de la DST, censé être un homme de droit, doit-il avoir peur de le faire ? Il reste innocent de toutes les charges qui pèsent contre lui jusqu’à preuve du contraire et il le sait. Pourquoi alors avoir peur d’une simple plainte et ne pas venir affronter ses accusateurs s’il n’a rien à se reprocher. La justice française reste tout de même, et jusqu’à nouvel ordre, une justice indépendante, à moins qu’il la considère l’égale de celle du Maroc et c’est ce qui explique sa peur d’en faire les frais comme tant de victimes parmi ses compatriotes.
L’ASDHOM soutient toutes les victimes de torture et l’ACAT qui ont déposé ces plaintes et considère qu’on ne doit pas sacrifier la lutte pour la justice et la vérité sur l’autel des relations diplomatiques. On a vu les dégâts que celles-ci ont engendrés dans l’affaire Ben Barka.

Revenons maintenant au sujet de notre point hebdomadaire et qui nous préoccupe tant.

Groupe Ouarzazate-Microcrédit : Pour se solidariser avec Amina Mourad et Bennacer Ismaini, les deux coordinateurs du mouvement de défense des victimes du microcrédit (voir points précédents), condamnés à un an de prison ferme, ATTAC-Maroc ainsi que l’Association de protection populaire et le mouvement 20-Février de Rabat ont organisé une conférence de presse le vendredi 28 février à Rabat. Les deux coordinateurs étaient présents aux côtés l’eurodéputée Marie-Christine Vergiat (GUE) qui avait déjà interpellé les responsables marocains sur les dégâts que provoquent les dérives de ces microcrédits. Amina et Bennacer ont relaté à la presse les quatre ans de lutte et les derniers développements de ce dossier qui est resté méconnu chez les medias. Ils ont ensuite annoncé leur pourvoi en cassation fait par leurs avocats qui ont 60 jours pour préparer leur mémorandum. En attendant, les deux coordinateurs, soutenus par les démocrates marocains et étrangers, ne chôment pas. Plusieurs initiatives sont en vue dont un meeting le 8 mars à Marrakech, un autre meeting à Rabat les 22 et 23 mars ainsi qu’une caravane du 24 au 28 avril qui traversera Ouarzazate, Agdz, la vallée du Draa, Kalaât Mgouna, la vallée du Dades et Rich dans la vallée de Ziz du moyen Atlas.

Groupe UNEM-Fès-Kénitra : Les cinq prisonniers politiques de l’UNEM-Kénitra Abderrahim Taouil, Ismail El-Ahmar, Abderrazak Jakko, Zakaria Rakkas et Karim Boussaâdan qui comparaissaient le mardi 25 février devant le tribunal de 1ère instance de Kénitra ont vu leur procès reporté au 5 mars prochain. Rappelons qu’ils sont placés en détention préventive à la prison Aouad depuis le 20 janvier 2014 (voir points précédents) et qu’ils observent une grève de la faim depuis le 22 février pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de détention et surtout leur libération.
A Fès, le jeune Mohamed Adli, militant de l’UNEM et du mouvement 20-Février, a été condamné par le tribunal de 1ère instance de Fès à 2 mois de prison ferme après avoir passé 6 mois en détention provisoire. Trois autres militants de l’UNEM-Fès ont été condamnés aussi la prison ferme. Il s’agit de Mohamed Boujnah, de Abdelhaq Bouti et de Mohamed Ghalout qui a été arrêté moins d’une semaine après sa libération (voir points précédents).

Groupe sahraouis-Laâyoune : Arrêté le 14 février 2014 à Laâyoune, le jeune sahraoui Abdelaziz Maftah a été présenté le 16 février devant le Procureur du roi près du tribunal de première instance de Laâyoune qui a décidé de le poursuivre en état de liberté.
Par ailleurs, l’ancien prisonnier politique sahraoui Abdelmoutaleb Sarir (29 ans) a été de nouveau arrêté le 18 février à Laâyoune. Sa famille était surprise de le voir en compagnie de membres de la police, les mains menottées et des traces de violences sur son visage, quand ils ont débarqué chez elle à la recherche d’un ordinateur que Sarir est supposé détenir. Son père a déposé une plainte pour réclamer une enquête urgente concernant les violences et le viol qu’aurait subi Sarir pendant sa garde à vue du 18 au 21 février. Sarir a observé deux grèves de la faim dont la dernière à partir du 28 février pour réclamer des meilleures conditions, son transfert dans une autre cellule pour le séparer des prisonniers nombreux de droit commun et pour que les autorités donnent suite à la plainte de son père.
Avant lui et toujours à Laâyoune, c’était au tour d’un autre ancien prisonnier politique, Abdeslam Loumadi, d’être arrêté le 21 janvier 2014. Après 32 jours de détention préventive à la prison de Laâyoune, Abdeslam a comparu devant le tribunal de première instance le 26 février. Son procès a été reporté au 5 mars 2014 pour permettre à sa défense de préparer son dossier. Il a également observé une grève de la faim à partir du 1er février. Son état de santé s’est détérioré après 17 jours de grève. Après plusieurs lettres de sa mère aux autorités marocaines, l’administration pénitentiaire a accepté enfin de le transférer à l’hôpital de Laâyoune.

Groupe Imider-Mineurs : Le Mouvement sur la voie de 96 nous a fait état le 1er mars de l’arrestation scandaleuse de trois de ses militants. Omar Moujane (membre du comité de dialogue), Brahim El-Hamdaoui et Abdessamad Madri ont été sortis de force de la voiture qui les ramenait en compagnie d’autres membres de leurs familles au mont Alban, où se tient le sit-in pacifique des mineurs depuis août 2011. Le Caïd de Tinghir et les gendarmes du centre d’Imider ont brisé d’abord les vitres de ladite voiture et ont ensuite brutalement procédé à l’extirpation des trois militants. Ceux-ci ont été blessés par le bris de glace et ensuite battus à terre en présence de leurs mères. Les femmes qui les accompagnaient n’ont pas échappé à ce sort. Elles ont été, elles aussi battues et insultées, ce qui a provoqué l’évanouissement d’une parmi elles. La sœur de l’un des trois arrêtés a eu le bras cassé. Une autre a été menacée par un gendarme à l’aide de son arme.
Les trois militants arrêtés ont été transférés au centre de la gendarmerie royale de Tinghir. Pour les soutenir, les villageois d’Imider ont manifesté le long de la route N10 et ce jusqu’au pied du mont Alban où ils se sont réunis en assemblée générale.
Nous revenons à ce sujet dès qu’on a plus de précisions.

Le bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 3 mars 2014

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