Le rassemblement à Paris contre le 4° mandat de Bouteflika et contre la dictature généralement s'est transformé en terrain d'affrontements entre les bérbéristes laics, qui sont parmi les pricipaux organisateurs du rassemblement et les islamistes présents en nombre. Ce rassemblement c'est révélé en toute considération un révélateur de la difficulté de structuration d’un mouvement citoyen pour mener une lutte solidaire pour l’édification d’un État républicain et démocratique.
La particularité de ce mouvement de contestation contre le 4° mandat de Bouteflika et contre la dictature généralement, est le fait qu’il est initié par des militants de terrain : journalistes, blogueurs, militants des droits de l’homme, cadres, etc. Contrairement au soulèvement populaire de 1988, qui fut une irruption spontanée de la population en des actions violentes et démunies de leadership et d’encadrement. Celui qui se déroule en ce moment est par contre bien structuré et organisé en des cellules locales, disséminées dans les différentes villes algériennes et les métropoles occidentales, relativement à la présence d’une diaspora algérienne nombreuse. C’est un mouvement qui a de fortes chances de s’installer dans la durée, de rallier la population et de réaliser ses objectifs, partagés par tous, à savoir : la disqualification du système de pouvoir en vigueur et l’élection d’une assemblée constituante, pour la refondation d’un État républicain et démocratique. Et ce, malgré la probable répression qui ne manquerait certainement pas de s’abattre sur lui et dont les premiers signes se sont manifestés contre les militants qui ont participés au rassemblement d’Alger ce samedi 1° mars, en des violences policières et des arrestations spectaculaires.
Mais rien n’est gagné définitivement pour autant, car l’expérience des premières manifestations de ce mouvement de contestation, ont révélées la difficulté de la tâche qui attend les militants à pouvoir se structurer sur la base d’une revendication commune et consensuelle articulée autour du concept de citoyenneté.
La révélation de cette difficulté, vecteur de risque de blocage pour la poursuite du mouvement et pour la paix civile généralement, s’est manifestée naturellement au cours du rassemblement devant l’ambassade d’Algérie à Paris. Du fait que celui-ci s’est déroulé dans la sérénité absolue, loin de toute crainte de répression, comme c’était le cas à Alger ou ailleurs dans les autres villes ou se sont déroulé furtivement des rassemblements citoyens sous la menace policière. Cette sérénité avait permis à cette difficulté de s’extérioriser naturellement et sans retenue.
Le rassemblement lui-même, qui avait réuni près de 300 à 400 personnes, dont beaucoup de personnalités du monde de la culture, notamment Wassila Tamzali, avait aussi drainé les militants islamistes de RACHAD avec leurs journalistes et leurs caméras de télévision. Visiblement venus récupérer le rassemblement, en tentant d’organiser une manifestation dans la manifestation, sans respect des conditions qui devraient être à la base de ce mouvement, qui devraient reposer sur la citoyenneté, dont le dénominateur commun serait l’abstention de toute référence à une quelconque idéologie, ni alignement à un parti politique. Mais seulement de prendre une part active au projet commun d’édification d’un État de droit en perspective du renversement de la dictature et de l’arbitraire du système de pouvoir actuel.
En conséquence, le rassemblement a tourné à l’affrontement entre les islamistes et les berbéristes, dont ces derniers sont parmi les principaux organisateurs de ce rassemblement, eux aussi présents avec leur drapeau particulier et qui ont faillis arriver aux mains. Le pouvoir lui-même serait tenté d’instrumentaliser ou de manipuler ce genre de divisions. On l’aura déjà vu à l’œuvre lors de la manifestation de samedi 22 février devant la grande poste à Alger. Lorsqu’il a procédé à l’interpellation à cette occasion, de l’ancien porte-parole d’un groupe terroriste intégriste présent sur le lieu du rassemblement en même temps qu’un militant du MDS, parti connu pour sa revendication de la séparation du politique et du religieux. Une tentative en soi de créer des amalgames et de renvoyer dos-à-dos les tenants d’un Etat théocratique et les partisans de la sécularisation de l’Etat, considérés par le pouvoir comme deux extrémismes. Une situation qui pourrait préfigurer fâcheusement la suite des événements, si ce problème n’est pas pris en compte par les militants de toutes les tendances idéologiques confondues, en fixant consensuellement les objectifs de la mobilisation et les conditions pour y parvenir.
Un travail qui semblerait très urgent à accomplir pour tous les militants engagés dans ce processus, qui pourrait se cristalliser autour d’un objectif révolutionnaire pacifique, pour renverser la dictature militaire, qui prend en otage l’État et les institutions démocratiques du pays. Un travail urgent, qui devrait aboutir à coordonner toutes les cellules locales engagées dans ce mouvement et la désignation d’un leadership consensuel autour de l’impératif de la citoyenneté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire