Les syndicats laitiers, vos amis pour la vie ?
Par ARNAUD ILIÉ, Bakchich, 19/10/2010Le secrétaire national de la Confédération paysanne mène une grève de la faim depuis trois semaines pour dénoncer une taxe volontaire ET obligatoire versée à l’interprofession laitière… à laquelle son syndicat n’a pas le droit de participer.
Lundi 11 octobre, André Bouchut, secrétaire national de la Confédération paysanne entame son 15ème jour de grève de la faim. Il proteste contre l’absence de pluralisme dans la représentativité syndicale et dénonce, entre autres, la fameuse cotisation volontaire obligatoire. C.V.O, Quésaco ? L’obligation pour les producteurs de verser une cotisation à l’interprofession, sans avoir la possibilité de participer aux décisions de celle-ci… C’est précisément au siège de la Maison du Lait, rue de Châteaudun à Paris, que nous avons rencontré ce paysan, avec 8 kg en moins…
C’est sur sa chaise longue, que nous découvrons André Bouchut, affaibli. La moustache en berne, ce producteur de fruits et légumes à Grammond dans la Loire, nous a expliqué son ras-le-bol : « Bruno Le Maire avait la possibilité, avec la loi de modernisation de l’agriculture de l’été dernier, de mettre le pluralisme dans les interprofessions ; c’était enfin l’occasion d’imposer la représentativité de l’ensemble des syndicats agricoles. Il ne l’a pas fait. Il n’a pas de courage politique… ».
Ce n’est pas tout. Comme le souligne André Bouchut : « la cotisation volontaire obligatoire, tout le monde est obligé de la verser ! ». Ce sont des « taxes » qui constituent la principale source de financement des interprofessions agricoles. D’après la Confédération paysanne, ces « cotisations sont décidées librement par les interprofessions et sont ensuite rendues obligatoires par arrêté interministériel et donc étendues à tout le monde… ». Ainsi, « qu’ils soient d’accord ou pas, les paysans ont obligation de la payer, poursuit André Bouchut qui se fait plus précis : « ce prélèvement représente un somme comprise entre 400 et 600 euros par an, pour un producteur de lait. À l’arrivée, le budget de la laitière s’élève à 38 millions d’euros par an ». Le secrétaire national de la Conf’, par ailleurs trésorier du syndicat, met le pied dans la porte : « comment accepter de payer sans avoir la possibilité d’être représentés ? ». La question mérite d’être posée…
Au-delà de l’absence de pluralisme et de démocratie au sein de la représentation syndicale agricole ; avec cette mobilisation pour le lait, André Bouchut réclame un nouveau rapport de force pour l’ensemble des filières : « ce n’est pas normal qu’après avoir pris des risques énormes, un agriculteur gagne en moyenne 1.000 euros par mois pour 70 heures hebdomadaires de boulot… ». Son syndicat dénonce un prix payé au producteur de 30 centimes le litre en 2010 et réclame au minimum 35 centimes pour que « les producteurs puissent vivre… ». Il résume la situation : « Aujourd’hui, on est en pleine restructuration avec une élimination massive des agriculteurs ». Pour le secrétaire national de la Conf’, l’équation est simple ; « la FNSE revendique depuis 35 ans, sa qualité de co-gestionnaire et de co-décisionnaire, si aujourd’hui cela ne fonctionne plus ; c’est qu’elle est co-responsable… ». Cqfd.
Après avoir été expulsé jeudi 14 octobre, André Bouchut attaquait lundi son 22ème jour de grève de la faim.
Clic : La représentation syndicale agricole en France
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