Par Ziad Baroud Baroud, 5/10/2013
Le 16 novembre 2013, retenez bien cette date, l’ASDHOM organisera sa
soirée annuelle de solidarité dans le cadre de la Semaine de la
Solidarité Internationale (SSI). Notre campagne de parrainage des
prisonniers politiques et d’opinion au Maroc aura alors un an, jour pour
jour. Et ce sera l’occasion de revenir sur cette action concrète de
solidarité, de faire son bilan annuel et de réfléchir ensemble aux
moyens pour l’améliorer et la faire évoluer.
En attendant ce
premier anniversaire de la campagne, nous continuons à faire des points
hebdomadaires pour vous tenir informés et pour sensibiliser à
l’importance de parrainer par la correspondance une ou un détenu
d’opinion au Maroc. Tenir à jour les listes de ces détenus n’est pas une
mince affaire. Cela nécessite un suivi régulier car leur nombre bouge
constamment. Nous avons essayé de tenir la cadence, mais des
imperfections existent toujours car la collecte des informations n’est
pas si évidente que cela.
Nous vous parlions dans le dernier
point (N°35) de 245 prisonniers d’opinion. Nous avons fait une nouvelle
mise à jour entre-temps et nous en sommes à 244. Vous trouverez ces
listes, annotées des derniers éléments recueillis au 4 octobre 2013, sur
la rubrique « Campagne de parrainage » du site de l’ASDHOM.
Ce point est consacré aux toutes nouvelles informations que nous avons collectées sur les différents groupes listés.
Groupe 20-Février-Tanger : Le prisonnier politique Abdelhalim Bakkali,
incarcéré à la prison « Sept Villages » de Tanger sous le numéro 86222,
observe une grève de la faim depuis le jeudi 3 octobre 2013 pour
réclamer son inscription en Master (Management des organisations) à
l’université Abdelmalek Essaâdi de Tanger. Il estime que
l’administration a fait disparaitre son dossier de candidature par deux
fois pour lui interdire la poursuite de ses études. Rappelons
qu’Abdelhalim Bakkali est membre de l’Association Nationale des Diplômés
Chômeurs au Maroc (ANDCM) et du mouvement 20-Février. Il a été condamné
à deux ans de prison ferme suite aux protestations populaires survenues
le 8 mars 2012 à Béni Bouayach, non loin d’Al-Hoceima dans le nord du
Maroc.
Groupe Sahraouis :
- Le prisonnier politique
Atik Baray a été transféré le 29 septembre 2013 de la prison de Dakhla
vers la prison de Laâyoune. Il se peut que ce transfert soit en lien
avec le recours en cassation qu’il avait introduit après avoir été
condamné, en compagnie de cinq autres défenseurs des droits de l’Homme
sahraouis, à 3 ans de prison ferme. Atik Baray avait été arrêté à Dakhla
le 14 novembre 2011 suite aux agressions dont étaient victimes des
Sahraouis de ladite ville. Son recours en cassation a finalement été
accepté et la date du 22 octobre 2013 a été fixée pour le rejuger. C’est
une première dans les annales des procès intentés aux militants
sahraouis.
- La Cour d’appel d’Agadir a finalement rendu son
verdict en ajoutant deux mois de prison ferme à chacun des six
prisonniers politiques sahraouis qui avaient été arrêtés à Guelmim et
condamnés le 19 septembre en première instance par le tribunal d’Agadir à
des peines allant de 4 à 10 mois (voir points précédents). Il s’agit
d’Ammar Laâouissid (62 ans) qui écope de dix mois, Ammar Daoudi et Taha
Daoudi qui écopent d’un an, Babya Bahdach, Hamza Bazzi et Mustapha
Ahcine qui écopent, eux, de six mois.
- Le 28 septembre 2013,
le citoyen sahraoui Mbarek Daoudi (57 ans), le père des deux frères
Daoudi cités plus haut et condamnés à un an de prison ferme, est à son
tour arrêté chez lui en compagnie de ses trois autres fils, Mohamed
Daoudi, Brahim Daoudi et le mineur Hassan Daoudi. Après une garde-à-vue
de trois jours, le Procureur du roi près du tribunal de première
instance de Guelmim a décidé de transférer Mbarek Daoudi à Rabat pour
être présenté devant le Procureur du roi près du tribunal militaire de
Rabat. Ça promet ! Son fils, Brahim Daoudi, a, quant à lui, été
transféré auprès du procureur du roi d’Agadir pour incompétence de celui
de Guelmim. Son fils mineur Hassan Daoudi a, quant à lui, été libéré au
bout de 10 heures passées au commissariat de Guelmim.
La ville
de Guelmim connait un déploiement sans précédent des forces de l’ordre
depuis les derniers événements d’Assa-Zag. Plusieurs d’autres
arrestations (au mois 7) ont été opérées dont celle de l’étudiant
sahraoui Mohamed Lamine Attar (22 ans), survenue le 1er octobre 2013.
- D’autres arrestations ont été opérées le 1er octobre 2013 par la
gendarmerie marocaine au sein des étudiants sahraouis (Mohamed Khalfoun
et Youssef Attar) de la ville de Zag qui a connu le 25 septembre 2013
des manifestations de solidarité avec la famille de Rachid Ech-Chine,
tué par balle le 23 septembre lors de l’intervention brutale des forces
de l’ordre pour disperser le campement Tizimi. Le 2 octobre, c’est au
tour de l’étudiant Azouz Cheikhi et de l’enfant mineur Nourdine Ech-chad
(15 ans) d’être arrêtés. Un autre enfant mineur, Hamza Tamek (15 ans),
a, lui aussi, été arrêté le même jour à Guelmim.
Ces quatre
citoyens sahraouis arrêtés (Mohamed Khalfoun, Youssef Attar, Azouz
Cheikhi et le mineur Nourdine Ech-chad) ont traduits le 3 octobre 2013
devant le tribunal de première instance de Guelmim qui a reporté le
procès au 7 octobre 2013.
Groupe Liberté d’expression-Journalistes-Avocats :
- L’avocat Me Mohamed El-Massaoudi, défenseur des droits de l’Homme,
membre de l’AMDH de Casablanca, sera de nouveau traduit devant le
tribunal le 18 octobre 2013. Le bureau régional de l’AMDH a appelé,
comme il l’avait fait lors de l’audience du 20 septembre, à un
rassemblement de soutien devant le tribunal d’appel de Casablanca.
Rappelons qu’il est connu pour avoir toujours défendu les prisonniers
politiques. La justice lui reproche « le manque de respect dû aux
magistrats et perturbation du déroulement de l’audience » lorsqu’il
s’est mis, par manque de place, près du représentant du parquet lors
d’un procès tenu en 2011 pour défendre le groupe de prisonniers
politiques sahraouis Tamek.
- Selon Aboubakr Jamai, directeur
de la version francophone du site d’information électronique Lakome, son
collègue, Ali Anouzla, directeur, lui, de la version arabophone du même
site, risquerait de « six ans de prison, et jusqu’à vingt en cas de
circonstances aggravantes ». « Il sera présenté à un juge d’instruction à
Rabat, le 22 octobre 2013, puis traduit devant une cour d’assises, ou
bien il bénéficiera d’un non-lieu » a dit Aboubakr Jamai au journal du
Sud-ouest qui l’interrogeait, le 3 octobre, sur son collègue Ali
Anouzla.
Groupe Liberté de culte : Nous venons d’apprendre que
le citoyen Mohamed El-Baldi, arrêté à Taounate et accusé de «
prosélytisme chrétien » (voir point n°35) a été libéré provisoirement
sans caution par la Cour d’appel de Fès. La prochaine audience a été
fixée au 10 octobre 2013. Il avait été condamné en première instance à
deux ans et six mois de prison ferme et à une amende de 550 Dhs.
Groupe UNEM-Fès : Le comité de familles des dix prisonniers politiques
de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc, incarcérés à la prison Ain
Kadous à Fès, a publié, le 30 septembre 2013, un communiqué de presse
dans lequel il tire le signal d’alarme et interpelle les autorités
marocaines sur les conditions de détention. Il rappelle que ces
militants ont été arrêtés depuis le 15 avril 2013 et ne sont toujours
pas jugés. Les dix détenus politiques observent depuis le 17 septembre
une grève de la faim de 25 jours, susceptible d’être prolongée si leurs
revendications ne sont pas satisfaites. Ils exigent sinon leur
libération immédiate, du mois l’amélioration de leurs conditions de
détention et la tenue rapide de leur procès.
Nous sommes
conscients à l’ASDHOM que nos points hebdomadaires sont de plus en plus
longs. Ce n’est surement pas de notre faute. Nous ne pouvons faire
l’économie d’informations préoccupantes et qui concernent au premier
chef les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc que nous soutenons
à travers cette campagne de parrainage. Il est certes plus facile de se
limiter à un cas très médiatique comme le font certains, mais l’ASDHOM a
fait le choix de défendre toutes les victimes de violations de droits.
Nous ne nous permettons pas de faire la sélection parmi elles.
Le bureau exécutif de l’ASDHOM Paris, le 5 octobre 2013
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