De Omar BROUKSY (AFP), 1/10/2013
Rabat
— Après des mois de tractations, les islamistes au pouvoir au Maroc
sont parvenus à former un nouveau gouvernement, dans lequel ils sont
désormais en minorité alors que des réformes économiques importantes
doivent être menées.
Ce remaniement intervient trois mois après le
retrait en juillet dernier de l'Istiqlal, le principal allié des
islamistes du Parti justice et développement (PJD) dans l'ancienne
coalition gouvernementale.
Le PJD, cantonné durant des décennies
dans l'opposition avant de remporter un succès historique lors des
législatives de novembre 2011 dans le contexte du Printemps arabe, s'est
retrouvé fragilisé par le départ de l'Istiqlal. Le parti a du faire de
sérieuses concessions pour convaincre le Rassemblement national des
indépendants (RNI) de faire partie de la nouvelle coalition
gouvernementale.
L'islamiste Saad-Eddine El Othmani, ancien député
et l'un des dirigeants du PJD, a ainsi abandonné le ministère des
Affaires étrangères au profit du chef du RNI, Salaheddine Mezouar.
Le
roi Mohammed VI, qui a nommé le nouvel exécutif lors d'une cérémonie
officielle au palais royal de Rabat en fin d'après-midi, doit s'exprimer
vendredi devant les députés à l'ouverture de la session d'octobre du
Parlement.
Le nouveau gouvernement, dont l'annonce a été reportée
plusieurs fois, comprend par ailleurs six femmes au lieu d'une seule
dans l'ancienne équipe.
En minorité dans l'actuel gouvernement
remanié, les islamistes doivent surtout mener d'importantes réformes
économiques, dans un pays qui a connu en 2012 une aggravation de son
déficit (plus de 7% du PIB), et où l'emploi des jeunes reste un enjeu
économique majeur.
Il faut notamment "retrouver l'équilibre
macro-économique", et mener "la réforme de la Caisse de compensation et
les réformes fiscales", estime le politologue Mohammed Tozy, joint par
l'AFP.
La caisse de compensations, en cours de réforme, subventionne à grand frais des produits de base.
Très
critiqué par le roi cet été, le portefeuille de l'Education nationale a
vu le remplacement, à sa tête, de Mohammed El Ouafa, un ancien membre
du parti de l'Istiqlal, par Rachid Belmokhtar, un technocrate sans
appartenance partisane.
Les jeunes "demeurent confrontés à
certaines contraintes dans leur vécu ou dans leurs perspectives
d'avenir", avait déclaré le roi en août à propos de la réforme de
l'enseignement, réclamant des "des stratégies propres à préparer nos
jeunes pour des lendemains meilleurs".
Le problème du chômage des
jeunes est également évoqué par M. Mezouar, avec lequel le chef du
gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane avait mené l'essentiel des
tractations.
"Le nouvel exécutif devrait répondre aux attentes des
citoyens, oeuvrer particulièrement en faveur des jeunes et lutter contre
les disparités sociales", a indiqué le nouveau ministre des Affaires
étrangères après la nomination du nouveau gouvernement.
Le gouvernement est plus étoffé que le précédent, avec 39 ministres contre 31.
Le
ministère de l'Intérieur est désormais dirigé par le technocrate
Mohamed Hassad, assisté par un autre indépendant, le ministre délégué
Cherki Draiss, tous deux d'anciens hauts fonctionnaires du même
département.
Malgré sa victoire historique aux législatives fin
2011, le PJD, ne disposant pas de la majorité, a du former une coalition
hétéroclite au sein de laquelle figuraient l'Istiqlal mais aussi le
Mouvement populaire (MP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS).
M.
Benkirane a mené tout l'été des négociations avec le Rassemblement
national des indépendants (RNI, libéral) pour pallier au retrait de
l'Istiqlal et éviter des élections anticipées.
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