Depuis l'important assaut perpétré en 2005 à la frontière séparant le Maroc de Ceuta, des ONG espagnoles et marocaines organisent chaque année une caravane en hommage aux victimes. Cette année le Maroc a interdit cet événement, empêchant ainsi l'ONG Chabaka de procéder à ses activités. Celle-ci dénonce la « contradiction » entre les discours et les faits concernant l'immigration au Maroc.
Interdiction de projeter des films sur l’immigration ?
Cependant l’interdiction n’était pas, en soi, une surprise pour l’ONG. « Avec le cas de l’an dernier, nous avions prévu un nouveau refus cette année », indique à Yabiladi Aboubakr El Khamlichi, président de Chabaka. En effet, les autorités marocaines avaient également interdit la tenue de cet événement en 2012. Mais ce militant associatif avait tout de même espéré en un changement, s’appuyant sur la nouvelle politique migratoire annoncée par le Maroc, avec notamment la récente décision du roi Mohammed VI de régulariser les sans-papiers.
De plus, l’homme se dit outré par le fait qu’il n’ait pas pu réaliser les activités culturelles, notamment la projection de films sur l’immigration et la présentation de poèmes, prévues au Théâtre Aouama Hadad de Tanger. « Ils nous l’ont interdit malgré l’accord écrit du préfet », dénonce M. Khamlichi.
« Pas de progrès en matière d’immigration »
Dimanche en journée, Chabaka a manifesté son mécontentement à Tanger. L’ONG n’arrive pas à comprendre cette interdiction « sans motif », d’autant que « nous ne faisons pas quelqu’un chose d’interdit », relève le responsable qui signale que lors de la manifestation, « les autorités ont menacé d’arrêter les chauffeurs de l’association ». Tout cela « montre qu'il n'y a pas de progrès en matière d'immigration dans ce pays », déclare M. Khamlichi, ajoutant que « l'interdiction de ces activités pacifiques est contradictoire au discours officiel des ONG qui parlent d'une ouverture sur l'immigration ».
Pour l'instant, les autorités de Tanger, que nous avons tenté en vain de joindre, ne se sont pas encore exprimées à ce sujet. Mais une chose est sûre, les affirmations de M. Khamlichi ne sauraient être de leur goût. D'autant plus que depuis le dernier rapport du CNDH sur l’immigration clandestine au Maroc, le gouvernement entend mener une nouvelle politique migratoire plus « humanisée ». Ce que réitérait récemment le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser, en réaction à l’assaut massif perpétré par plusieurs centaines de migrants sur Ceuta et Melilla.
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