Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°37 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Pas moins de dix jeunes citoyens
dont quatre Sahraouis, ont été arrêtés cette semaine par les autorités
marocaines. Des arrestations qui seront fort probablement suivies de procès. Ce
qui rallongera encore plus nos listes de candidats au parrainage. Ses
arrestations sont toutes révélatrices de la dégradation de la situation des
droits de l’Homme au Maroc. Elles mettent à nu tout son discours officiel sur
ses engagements en matière de respect des droits de l’Homme. Il ne se passe pas
une semaine sans que la police marocaine n’intervienne pour arrêter des
citoyen-ne-s en quête de liberté, de dignité et de justice sociale. Après les
journalistes Mustapha El-Hasnaoui et Ali
Anouzla, tombés sous le coup de la loi 03-03 dite anti-terroriste (voir point n°36), c’est maintenant au tour de
quelques jeunes d’être inquiétés et poursuivis. Ce point leur est consacré en
partie. Parmi ces arrestations, celles de Nador au nord-est du Maroc sont
particulièrement insolites et retiennent notre attention comme celle de
l’opinion publique. Trois jeunes mineurs ont été traduits le vendredi 11 octobre 2013 devant le tribunal
de première instance de Nador pour « atteinte
à la pudeur et aux bonnes mœurs ». De quoi s’agit-il dans cette
affaire ? Une photo postée sur Internet montrant un couple d’ami-e-s en train de
s’embrasser à la sortie de son lycée. Le plus drôle et révoltant au même temps
dans cette histoire, c’est que les auteurs de ce « baiser de Nador » et leur ami, celui qui a
pris la photo, se retrouvent tous les trois face au juge parce qu’une
association qui se dit « Organisation unie
des droits de l’Homme et des libertés au Maroc » a saisi le Procureur
du roi de Nador qui a aussitôt déclenché la procédure de l’arrestation. On croit
rêver ! On marche sur la tête. Réprimer un « baiser » et oser parler des
« droits de l’Homme et libertés au Maroc », c’est le monde à l’envers. Nous
n’avons pas les noms des trois jeunes victimes, qui ont été remises entre-temps
à leurs parents en attendant leur procès qui
s’est ouvert hier. L’ASDHOM leur apporte tout le soutien
nécessaire, s’indigne de leur arrestation et de la situation qui leur est faite
et demande leur libération
immédiate. Nous les mettrons bien évidemment sur nos listes si par
malheur ils venaient à être condamnés. Ça serait quand même le
comble !
Pour ce qui est des autres
arrestations, voici les informations inquiétantes qui nous sont
parvenues.
Groupe
20-Février à Casablanca (nouveau) : La citoyenne
Fatiha Haloui, militante du
mouvement 20-Février, s’est rendue le samedi 5 octobre 2013 au commissariat de
Lissasfa de Casablanca pour une affaire la concernant, mais au lieu de rentrer
chez elle, elle s’est retrouvée à l’hôpital après avoir été malmenée et passée à tabac. Elle a été de
nouveau ramenée au commissariat al-Hamra du quartier Hassani où elle est restée
toute la journée du dimanche. Elle a été relâchée lundi 7 octobre, mais poursuivie en état de liberté, d’après
Me Mohamed El-Massaoudi, avocat et membre de l’AMDH, poursuivi lui-même dans une
autre affaire (voir point
n°36).
Fatiha Haloui
sera traduite devant un tribunal le 25 octobre 2013.
Partis à sa recherche pour
s’enquérir de sa situation, son fils Hamza
Haddi, lui-même militant du 20 Février, et deux de ses camarades du
même mouvement, Mouad Khalloufi et Rabie
Homazin, se retrouvent à leur tour arrêtés et vont être poursuivis pour « coups,
blessures et agression d’un agent de police ». Selon leur avocat, Me
El-Massaoudi, les trois jeunes qui sont toujours en garde à vue au commissariat
de Lamârif de Casablanca avant d’être présentés au parquet général, ont subi des
violences.
Groupe
20-Février et ANDCM à Tanger et à Al-Hoceima : Nous avons
signalé dans notre dernier point (n°36) la
grève de la faim observée par le prisonnier politique Abdelhalim Bakkali à la prison Sept
Villages de Tanger depuis le 1er octobre pour son droit de s’inscrire
en master. L’administration pénitentiaire, après intervention du comité régional
du CNDH, a finalement accepté d’accéder à sa demande. Et au moment où il a
décidé de suspendre sa grève de la faim et sans être informé au préalable,
Abdelhalim Bakkali se retrouve
embarqué le 10 octobre 2013, les mains menottées, dans un car réservé aux
voyageurs, destination d’Al-Hoceima où il va être rejugé lundi 14 octobre 2013. Le Parquet
général, non content de la remise de peine dont il avait bénéficié, avait déposé
un recours en cassation. Rappelons qu’Abdelhalim Bakkali, militant de l’ANDCM et du 20-Février, avait été
condamné à 4 ans de prison ferme en première instance et à deux ans en appel
pour sa participation aux protestations populaires qui avaient eu lieu le 8 mars
2012 à Béni Bouayach près d’Al-Hoceima.
Par ailleurs, un autre procès en
appel a eu lieu à Al-Hoceima le 7 octobre 2013. C’est celui du prisonnier
politique du même groupe Ali Ben
Abdellah. Un rassemblement de soutien était organisé ce jour-là par
le mouvement 20-Février et l’ANDCM.
Groupe
Sahraouis : Suite aux arrestations que nous
avons signalées au point précédent (36)
survenues à Guelmim et Assa-Zag, le procès des citoyens sahraouis dont des
mineurs, traduits le 7 octobre en état d’arrestation devant le tribunal de
première instance de Guelmim, a été reporté au 14 octobre 2013. Il s’agit de
Mohamed Khalfoun, de Youssef Attar et d’Azouz
Cheikhi. D’autres jeunes sahraouis sont poursuivis soit en état
d’arrestation, soit en liberté provisoire pour avoir participé au mouvement de
protestation le 23 septembre dernier à Assa. Ainsi le jeune Ayoub Moustaghfar, 19 ans, arrêté à Assa le
30 septembre 2013, a été placé à la prison locale d’Inzgane, tout comme le
citoyen Hassan Chouiâr qui a été
arrêté le 1er octobre. Le jeune mineur Ghali Boulaghdiyan qui avait été arrêté le
30 septembre, a été transféré à la prison de réinsertion d’Agadir tout comme le
mineur Nourdine Ech-chad (15 ans),
arrêté le 2 octobre. Le citoyen Baba
Bouâlba, arrêté le 1er octobre 2013, est quant à lui
poursuivi en liberté provisoire. C’est aussi le cas de Mohamed Dihani, de Nacer Kanir, de Salem Raghay, de la
citoyenne Jmiaâ Raghay et de Boujamaâ Yazzi, arrêtés entre le
1er et le 4 octobre et qui attendent leurs procès devant le tribunal
de première instance de Guelmim.
Groupe Liberté
d’expression-Journalistes-Avocats :
- Suite à la publication par un
quotidien marocain d’informations qui pourraient resserrer encore plus l’étau
sur le journaliste Ali Anouzla et
lui valoir un procès devant le tribunal militaire de Rabat, sa défense composée
de plusieurs avocats a publié un communiqué qu’elle veut comme une « alerte
contre la fabrication des fausses vérités en vue de manipuler l’opinion
publique ». Vous trouverez ce communiqué sur la rubrique consacrée à la campagne de
parrainage.
- Le procès de Me Mohamed El-Massaoudi qui était
initialement prévu le 18 octobre va être reporté à une autre date. Rappelons
qu’il est poursuivi pour « outrage à
magistrat » lors d’un procès où il défendait le groupe sahraoui de
Tamek.
Rappelez-vous, nous vous avons
donné rendez-vous le 16 novembre 2013 pour notre soirée de solidarité avec les
prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Venez nombreux pour dire votre
indignation et témoigner votre soutien à toutes ces victimes. Une communication
spéciale vous parviendra prochainement.
Le bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le 12 octobre 2013
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