Par Julie Chaudier, 11/10/2013
http://www.yabiladi.com/articles/details/20202/chasse-migrants-repris-maroc-subsaharien.html
Hier, Moussa, un jeune Sénégalais vivant à Tanger,
poursuivi par la police, est mort défenestré. Les rafles contre les
Subsahariens soupçonnés de vouloir passer irrégulièrement en Espagne,
ont repris dans la ville du détroit. Vers Nador, elles n’ont même jamais
cessées.
La trêve n’aura pas été très longue pour
les migrants irréguliers de Tanger. Hier matin, jeudi 10 octobre,
plusieurs sources concordantes associatives et directes, affirment que
Moussa, un jeune Sénégalais de 22 ans est mort défenestré par la police
ou au cause d’elle, dans le quartier de Boukhalef, qui rassemble une
forte communauté de Subsahariens. L’annonce d’une nouvelle politique
migratoire marocaine pour une approche « globale et humaniste », début
septembre, avait pourtant laissé croire que les droits des migrants
irréguliers seraient mieux respectés.
Moussa, en situation régulière selon ses amis, habitait dans un
appartement qu’il partageait avec 7 amis. La police est arrivée vers 6
ou 7 heures du matin pour interpeller ou chasser les habitants, supposés
être des migrants irréguliers en partance pour l’Europe via Gibraltar,
de l’appartement. Tous les occupants ont alors tenté de prendre la
fuite, mais Moussa a été rattrapé et quelques minutes plus tard il
passait par la fenêtre du 4e étage. Ses amis accusent les policiers de
l’avoir défenestré volontairement, mais aucun témoin direct ne peut
l’attester. Il est également possible qu’il se soit jeté de lui-même
dans le vide dans l’espoir d’échapper à la police. Transporté en urgence
à l’hôpital Mohammed V de Tanger, il serait mort, en fin de matinée.
4 morts connus depuis janvier
Ce dernier décès porte à 4 le nombre de morts connus par la presse
marocaine depuis le début de l’année. La trêve opérée par les forces
marocaines, à Tanger, suite à la publication du rapport du CNDH appelant
à une refonte de la politique migratoire au Maroc n’aura finalement
duré qu’un mois. « Depuis ces évènements, les policiers ne venaient plus
nous chasser tous les jours des appartements comme ils le faisaient
auparavant mais depuis deux jours, ils ont recommencé », témoigne
Aboubakar*, un autre habitant du quartier Boukhalef de Tanger.
Les interpellations de Subsahariens viennent de reprendre sans plus
de respect pour les droits individuels que par le passé. « Des ‘frères’
ont été pris et dont nous sommes restés sans nouvelles jusqu’à hier.
Aujourd’hui, je viens d’apprendre que 50 d’entre eux ont été emmenés en
bus par la police sans savoir où. Ce qui est très inquiétant c’est
qu’elle leur a pris leur passeport », s’alarme Aboubakar.
Gourougou : 2 bases des forces auxiliaires
La trêve d’un mois dont a bénéficié le quartier de Boukhalef, à
Tanger n’a pas bénéficié à d’autres régions du Maroc. Du côté de Nador,
avec ou sans déclaration du palais royal, rien n’a changé selon les
associatifs qui interviennent localement pour aider les migrants. « Les
forces auxiliaires ont continué à ratisser la forêt de Gourougou [au
dessus de Melilla, elle abrite les migrants qui veulent tenter de
travers la frontière avec l'enclave espagnole, ndrl] deux fois par jours
pour détruire les campements des migrants », témoigne Stéphane Julinet,
chargé de programme droits des étrangers et plaidoyers, pour le Groupe
antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants
(GADEM).
Pire, il a pu observer directement que la répression contre les
migrants irréguliers, dans cette zone, augmente. « Depuis le 30
septembre, les forces auxiliaires ont installés une base permanente, sur
la placette qui donne accès à la forêt, où était installé MSF à
l’époque où elle intervenait au Maroc », rapporte-t-il. Mardi 8 octobre,
une seconde base a été installée, « près de la source où les migrants
viennent s’approvisionner », précise Stéphane Julinet. Régulièrement,
des dizaines d’entre eux sont interpelés et éloignés de la frontière
espagnole en direction d’Oujda.
http://youtu.be/W6eGY3OTmq0
http://www.yabiladi.com/articles/details/20202/chasse-migrants-repris-maroc-subsaharien.html
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