Ali Aarrass et ses avocats engagent un procès contre D. Reynders (MR), vice-premier et ministre des affaires étrangères.
Lettre ouverte du bureau d’avocats Juscogens & Appel à soutien !
Vous
êtes né ici ? Vous êtes Belge, avec une double nationalité, mais vous
avez votre vie, votre famille, vos enfants ici ? Vous payez vos
impôts ? Vous n’avez jamais vécu au Maroc ? Vous êtes plus bruxellois
que Reynders, mais vous avez aussi un passeport marocain ? La Belgique
ne vous assistera pas quand vous aurez un problème à l’étranger. (Pour
rappel : avant d’être extradé au Maroc, le Belgo-marocain Ali Aarrass a
été détenu en Espagne et là aussi une aide consulaire belge lui a été
refusé.)
Cela suffit ! Dans une lettre
ouverte à Didier Reynders (2 octobre 2013), les avocats d’Ali Aarrass
relèvent le défi. Pour mettre fin à la discrimination, mettre fin à
l’existence de deux catégories de citoyens en Belgique, mettre fin au
refus des autorités belges d’intervenir même au cas où il y a une preuve
indiscutable de torture d’un citoyen belge, ayant la double
nationalité, ils engagent une citation en justice contre Reynders.
Au
moment où le monde politique belge et marocain se prépare à fêter les
50 ans d’immigration marocaine en Belgique, ce procès sera un événement
sans précédent. Il concerne tous les Belgo-marocains, toutes les
personnes ayant la double nationalité, tous les antiracistes et
antifascistes dans ce pays !
Nous avons besoin de votre aide et de votre mobilisation.
Nous lançons un appel urgent pour nous aider à couvrir les frais de justice.
Versez votre contribution sur le compte de Farida Aarrass : BE69001674848678 avec la mention : « Procès Reynders ».
Merci d’avance pour votre soutien et pour la diffusion de cet appel.
Pour la campagne Free Ali Aarrass,
Luk Vervaet.
NB : les lettres, illisibles , ne sont pas publiées
CABINET D’AVOCATS JUS COGENS – Me Christophe MARCHAND (GSM: 32.486.32.22.88 ; cm@juscogens.be) – Me Dounia ALAMAT (GSM: 32.470.57.59.25 ; da@juscogens.be) – Me Nicolas COHEN (GSM : 32.470.02.65.41 ; nc@juscogens.be)
2 octobre 2013 – Lettre ouverte à Monsieur Didier REYNDERS, Ministre des Affaires étrangères
Affaire Ali AARRASS :
Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, qui ne dit mot, consent
Monsieur le Ministre des Affaires
étrangères, comme vous le savez, depuis qu’il a été férocement torturé,
Ali AARRASS dénonce les terribles sévices qui lui ont été infligées afin
de signer des aveux.
Il s’est adressé sans relâche aux
autorités marocaines pour dénoncer ces faits, sans succès. Les mauvais
traitements infligés sont fermement niés par ces dernières, malgré
l’absence d’enquête au Maroc. Ali AARRASS a été condamné à douze ans
d’emprisonnement sur base de ses prétendus aveux.
Pourtant, le 31 mai 2013, le Rapporteur
spécial des Nations-Unies contre la torture a rendu public les constats
d’un médecin spécialisé, relevant les traces physiques et
psychologiques de la torture.
Il a exposé que :
« Le
médecin légiste indépendant qui accompagnait le Rapporteur spécial a
effectué un examen physique externe et trouvé des traces de torture sur
le corps de M. Aarrass. Le médecin légiste a conclu que la plupart des
traces observées, bien que non diagnostiquées comme signes de torture,
sont clairement compatibles avec les allégations présentées par M.
Aarrass, à savoir le genre de torture et de mauvais traitements
infligés, tels que brûlures occasionnées par une cigarette, pratique du
«falanja » (coups assenés sur la plante des deux pieds), attachement
intense puis suspension par les poignets et électrochocs aux testicules.
En outre, il a constaté que la description faite par M. Aarrass des
symptômes ressentis après les épisodes d’actes de torture et de mauvais
traitements est totalement compatible avec les allégations et que le
genre de pratiques décrites et les méthodologies qui auraient été suivis
par les agents pratiquant ces actes, coïncident avec les descriptions
et les allégations présentées par d’autres témoignages que le Rapporteur
spécial a reçus dans d’autres lieux de détention et qui ne sont pas
connus de M. Aarrass. Il a conclu que certains de ces signes seront de
moins en moins visibles avec le temps et, à terme, devraient disparaître
comme ceux, par exemple, existants sur la plante des deux pieds. Il a
également conclu que l’examen physique a uniquement été effectué sous
lumière artificielle. »
Dès la parution de ces informations,
Ali AARRASS s’est adressé à vous pour que vous interveniez et que notre
Etat le défende contre les terribles atteintes à ses droits les plus
fondamentaux.
Votre seule réponse a été de soutenir
que vous ne pouviez pas intervenir en faveur d’un belgo-marocain auprès
des autorités marocaines.
Monsieur le Ministre, vous ne pouvez ignorer que cette réponse est fausse.
Faux de prétendre que le droit
international empêcherait la Belgique de protéger son ressortissant.
Faux de soutenir que la Belgique n’intervient pas en faveur de
binationaux dans le pays de leur « autre » nationalité. Faux d’affirmer
que la Belgique ne peut pas agir pour Ali AARRASS. Vous avez d’ailleurs
publié un communiqué de presse, début août 2013, expliquant qu’une
missive avait été adressée à votre homologue marocain dans ce dossier.
A ce moment-là, Ali AARRASS était en
grève de la faim et de la soif parce qu’il continue à être gravement
maltraité, harcelé et menacé en détention. Il y a mis fin suite à des
promesses que les autorités marocaines ne tiennent pas. Son état de
santé continue de se détériorer. Sa situation reste extrêmement
préoccupante.
Monsieur le Ministre des Affaires
étrangères, Ali AARRASS est parvenu à transmettre des croquis des
horreurs qu’on lui a fait subir : suspension par les pieds, tête plongée
dans une bassine, écartèlement, chocs électriques sur les parties
génitales jusqu’à perte de connaissance, viols, …
Monsieur le Ministre, continuerez-vous à
faire la sourde oreille et à vous taire face à ces abominations
infligées à un compatriote ? Est-ce là tout le soutien que nous autres,
belges, pouvons attendre de vous ?
Monsieur le Ministre, qui ne dit mot, consent !
Ali AARRASS ne peut plus accepter d’être traité de la sorte.
Il lancera citation en référé endéans
la semaine si vous ne modifiez pas votre attitude délétère. La Belgique
doit assumer ses devoirs envers lui, comme lui-même l’a toujours fait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire