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vendredi 1 février 2013

Le Réseau CADTM Afrique et Amnesty condamnent l’intervention militaire de la France et de ses alliés au Mali

Le Réseau CADTM Afrique condamne l’intervention militaire de la France et de ses alliés au Mali, 1/2/2013


 Comme le dénonce un appel lancé par des femmes maliennes, la situation dramatique du Mali doit ouvrir les yeux sur une réalité terrible qui se vérifie dans d’autres pays en conflit : les violences faites aux femmes sont instrumentalisées pour justifier l’ingérence et les guerres de convoitise des richesses de leurs pays.

Nous condamnons sans réserve les violations des droits humains par les groupes armés qui contrôlent la partie Nord du Mali. Nous sommes aux côtés des femmes et de toutes les victimes d’abus. Nous dénonçons également l’intervention militaire que mène la France depuis le 10 janvier 2013. L’État Français mène une guerre au Nord du Mali, non pas pour défendre la démocratie et garantir le respect des droits humains comme on le prétend, mais bel et bien pour défendre ses propres intérêts coloniaux et ceux des multinationales françaises présentes en Afrique afin d’exploiter les ressources naturelles (uranium, or, diamants, pétrole, terre, eau…). La France, comme les États-Unis dans d’autres parties du monde, veut montrer sa capacité militaire à prendre la défense des intérêts stratégiques des grandes puissances occidentales et de leurs grandes entreprises.
Les bombardements français sur les régions très appauvries du Mali reflètent avant tout la détermination de l’impérialisme français à maintenir une domination néocoloniale sur les richesses des peuples de l’Afrique dans un contexte de crise mondiale du capitalisme. Il utilise les armes de pointe pour dissuader les convoitises de la Chine et les autres puissances. Par ailleurs, l’intervention occidentale a aussi comme but d’empêcher l’autoorganisation des Maliens afin d’éviter le réveil de leurs aspirations démocratiques, anti impérialistes et panafricanistes. La France et ses alliés veulent éviter la remise en cause des régimes relais de la Françafrique.
Le Mali est l’un des pays les plus appauvris et exploités du monde malgré ses importantes ressources naturelles minières et agricoles. Elles sont accaparées par les multinationales. Le peuple malien est terriblement affecté par les politiques néolibérales imposées par la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, l’OMC, l’Union européenne et l’Etat français. Ces politiques n’ont été possibles qu’avec la complicité des régimes en place. Ces politiques ont empêché le Mali de se libérer du poids d’une dette extérieure qui sert d’instrument de pompage de ressources et de soumission du pays aux intérêts des institutions et des puissances créancières. L’initiative d’allègement de la dette du Mali, qui fait partie des pays pauvres très endettés (PPTE) a prolongé les effets dévastateurs du système d’endettement car les réductions de dette accordées au compte-gouttes ont été systématiquement conditionnées par l’application de mesure de privatisation et d’ouverture économico-commerciale. Ces mesures ont soumis les paysans/paysannes et les travailleurs/travailleuses des villes a une concurrence internationale à laquelle ils et elles ne pouvaient pas répondre. Les femmes maliennes qui portent un poids énorme dans la vie du pays sont victimes au quotidien de privation de tous ordres. Elles résistent au quotidien.
La dette et son remboursement continuent d’être les instruments d’une paupérisation des populations.
L’État français bombarde des villes, des villages et des infrastructures déjà rares du Mali dont la reconstruction demain sera probablement le prétexte pour endetter encore un peu plus le pays et augmenter sa soumission aux créanciers. Le FMI vient justement d’annoncer l’octroi au Mali d’un prêt de 18,4 millions de dollars. Cela ouvrira un nouveau cycle de malheurs pour le peuple malien s’il ne prend pas son sort en main.
Le gouvernement français devrait normalement réserver les millions d’euros que coûtera son déploiement militaire au Mali pour les besoins sociaux de sa population condamnée elle-même à l’austérité du fait de l’explosion de la dette publique.
La région connaît une propagation des groupes intégristes qui ont été appuyés et armés par les puissances occidentales, États-Unis en tête, directement ou par le biais du Qatar ou de l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui les grandes puissances occidentales ne savent plus comment se dépêtrer d’un mouvement qui ne leur est plus utile, leur échappe et s’est retourné contre elles. La manière dont elles sont intervenues en Libye a aggravé la situation de la région entraînant notamment une prolifération des armes. Les interventions occidentales en Afghanistan et en Irak ont démontré que les arguments humanitaires cachent des intérêts économiques, politiques et militaires inavouables. L’intervention et l’occupation militaire occidentale n’apporte pas de solution réelle aux problèmes des droits humains. Elle tend même à les aggraver.
Pour le CADTM Afrique, c’est au peuple malien de régler les conflits internes et chasser tous les groupes qu’il considère anti démocratiques et obscurantistes qui veulent imposer leurs lois par les armes.
Le Réseau CADTM Afrique :
- condamne l’intervention impérialiste de la France et de ses alliés au Mali, il appelle à l’arrêt immédiat des bombardements et au retrait des troupes françaises et africaines du Mali ;
- exprime sa solidarité avec le peuple malien et son droit de décider librement de son devenir.
- appelle à un renforcement de la solidarité des Peuples maliens et africains pour barrer la route aux forces de la restauration et de ré-colonisation du Mali et du Sahel ;
- considère que la CEDEAO, organisation sous régionale dirigée par un club de chefs d’États au service des hégémonies américaine et européenne, n’a aucune légitimité et aucun pouvoir légal pour contracter des prêts de guerre au nom du peuple souverain du Mali ;
- invite le Peuple malien à invoquer l’absence de consentement comme fondement juridique d’une répudiation de toute dette héritée de l’intervention étrangère.
- appelle les peuples d’Afrique du nord au sud, du Maghreb au Machrek à s’unir contre les guerres.
Pour le Réseau CADTM Afrique, le groupe de coordination, le 29 janvier 2013
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Amnesty International : Au Mali les civils menacés par toutes les parties au conflit

[01/02/2013]
L'armée malienne a commis de graves violations des droits humains
AFP/Getty Images
L'armée malienne a commis de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH) au cours du conflit qui continue contre les groupes armés, notamment des exécutions extrajudiciaires de civils, selon les témoignages recueillis par Amnesty International lors d'une mission de dix jours au Mali. 
Un nouveau document "Mali : premier bilan de la situation des droits humains après trois semaines de combats"  tirant les conclusions de cette mission indique également que les groupes islamistes armés ont commis de graves atteintes aux droits humains et violations du DIH, notamment des homicides illégaux et le recrutement d'enfants soldats.
En outre, il est établi qu'au moins cinq civils, dont trois enfants, ont été tués dans un raid aérien dans le cadre d'une opération conjointe menée par les armées française et malienne afin de stopper l'offensive des groupes islamistes armés.

Alors que les combats se poursuivent au Mali, toutes les parties au conflit doivent veiller au respect du droit international humanitaire - en particulier au traitement humain des prisonniers et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les dommages causés aux civils.

Par Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International sur le Mali.

Durant sa mission, la délégation d’Amnesty International a mené ses recherches dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabaly.

Des exécutions extrajudiciaires et arrestations arbitraires

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Amnesty International a recueilli des témoignages indiquant que, le 10 janvier 2013, soit la veille de l'intervention française, l'armée malienne a arrêté et exécuté de manière extrajudiciaire plus d’une vingtaine de civils, principalement dans la ville septentrionale de Sévaré.
Des témoins oculaires ont raconté qu’ils avaient vu des soldats jeter les corps de plusieurs personnes dans un puits dans le quartier Waïludé à Sévaré.
"Une fois que les corps ont été jeté au fond du puits, ils ont tiré des rafales à deux ou trois reprises", a déclaré un témoin.
Plusieurs personnes ont évoqué la façon dont les forces de sécurité maliennes ont apparemment ciblé des personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les groupes islamistes armés - souvent sur des bases ténues, telles que les vêtements qu'ils portaient ou leur origine ethnique.
Beaucoup de gens ont réellement peur d'être arrêtés, voire pire, par les militaires. Les forces de sécurité doivent veiller à ce que les civils soient protégés de toutes représailles sur la base de l’appartenance ethnique ou de sympathie politique présumée.Gaëtan Mootoo
Les autorités doivent ouvrir immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur tous les cas d'exécutions extrajudiciaires par les forces armées, et suspendre tout membre du personnel de sécurité soupçonné d'implication dans des violations des droits humains.
De plus, l'armée malienne a procédé à l’arrestation arbitraire de personnes soupçonnées de liens avec les groupes islamistes armés. Amnesty International s'est entretenue avec plusieurs détenus qui ont déclaré avoir été battus ou maltraités durant leur détention.
Par ailleurs, Amnesty International a recueilli des témoignages d’homicides illégaux perpétrés par les groupes islamistes armés.
Un témoin a raconté que des membres des groupes armés islamistes avaient sommairement tué cinq soldats maliens blessés ainsi qu’un civil dans la ville de Diabaly les 14 et 15 janvier, après sa prise par des groupes islamistes armés.

Recrutement d’enfants soldats

En outre, Amnesty International détient des informations selon lesquelles des membres des groupes islamistes armés ont enrôlé de force et eu recours à des enfants soldats dans leurs rangs.
À Diabaly, plusieurs personnes ont raconté qu’elles avaient vu des enfants, certains âgés de dix ans, armés de fusils aux côtés des combattants islamistes.
À Ségou, Amnesty International a pu s'entretenir avec deux enfants soldats en détention - dont l'un présentait des signes de déficience mentale.
Le garçon était silencieux, abattu, et n'était pas en mesure de nous parler – il semblait absent » a déclaré Gaëtan Mootoo.
Le recrutement d'enfants soldats doit cesser immédiatement...


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