AufaitMaroc avec AFP, 23/01/2013
L'accord de libre-échange signé entre le Maroc et l'Union européenne en 2000 sur l'exportation des tomates marocaine ne profiterait qu'à trois grandes entreprises dont une marocaine, au grand dam des petits producteurs, selon ses détracteurs.
Des agriculteurs espagnols jettent des tomates le 14 février 2012 à Madrid pour protester contre l'accord UE-Maroc sur les produits agricoles./AFP
Le Maroc peut exporter vers l'Europe un quota
de tomates, concombres ou oranges sans droits de douane, en vertu d'un accord
qui profite à quelques grandes entreprises mais pénalise durement les petits
producteurs des deux côtés de la Méditerranée, selon ses
détracteurs.
Le Maroc et l'Union européenne ont passé en
2000 un accord de libre-échange sur les produits agricoles. En février 2012, les
députés européens ont décidé de l'élargir, en dépit des mises en garde répétées
du rapporteur de ce dossier, l'écologiste français José Bové*.
Depuis septembre, le Royaume peut donc
exporter 55% de denrées sans droits de douane vers l'Europe, contre 33%
précédemment. En échange, 70% des exportations européennes vers le Maroc seront
progressivement exemptées de droits de douane en dix ans, contre 1% jusqu'à
présent.
José Bové, ancien patron de la Confédération
paysanne, ne décolère pas contre cet “accord pervers qui frappe l'agriculture
familiale des deux côtés”: au Maroc mais aussi en France, Espagne, Italie ou
Grèce.
Concurrence
déloyale
En Europe, les producteurs dénoncent la
concurrence déloyale. Pour Angélique Delahaye, des producteurs de Légumes de
France, le calcul est simple: un ouvrier agricole est payé 5 euros par jour au
Maroc contre 15 euros par heure en France.
De plus, les agriculteurs européens doivent
respecter un certain nombre de “contraintes”, sur l'eau notamment et pas les
Marocains, s'insurge-t-elle, parlant de “dumping environnemental”.
Résultat: les prix du marché communautaire de
la tomate ont atteint “un minimum historiquement bas” en novembre avec “un fort
impact social en Espagne où les principales zones de production de tomates
enregistrent déjà des taux de chômage supérieurs à 35%”, selon le groupe de
contact “tomate” qui réunit les producteurs français, espagnols et
italiens.
Interrogée par l'AFP, la Commission européenne
assure que “les prix des tomates remontent en ce moment, et les chiffres pour
décembre montrent que les importations en provenance du Maroc sont un tiers plus
basses qu'en décembre 2011”.
Un accord
illégal ?
Au Maroc, “ces productions utilisent les
meilleures terres pour un développement à l'exportation qui pénalise les
producteurs locaux et permet en retour à l'Union européenne d'exporter
massivement viande, céréales et produits laitiers vers le Royaume qui se
retrouve encore plus dépendant des importations alimentaires”, dénonce encore
José Bové.
Cette agriculture fortement irriguée pompe
aussi les ressources en eau avec des conséquences dramatiques de salinisation
comme le reconnaît elle-même l'Agence marocaine pour le développement agricole.
Elle s'inquiète sur son site d'“un risque lié à la baisse des ressources
hydriques” dans la plaine du Souss, principale région de production
maraîchère.
Au final, cet accord “bénéficie
essentiellement à trois grandes sociétés qui se retrouvent de fait en situation
de monopole”, selon José Bové qui cite les entreprises Idyl et Azura basées dans
le sud de la France et Les Domaines Agricoles (ex-Domaines Royaux), dont la
société-mère, la SNI, est contrôlée majoritairement par la famille royale
marocaine.
Pour “faire tomber” cet accord, la
Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, a décidé de s'en prendre
à une de ces trois sociétés.
Elle a donc lancé début janvier une requête
devant le tribunal de commerce de Tarascon contre Idyl qui importerait des
produits du Sahara, en violation, selon elle, du droit
international.
En s’immisçant ainsi dans des failles
juridiques, la Confédération espère montrer que l'accord de libre-échange est
illégal.
27 jan.
2013
Intervention de José Bové au
Parlement européen sur les accords de libre-échange de l'UE avec le Maroc,
catastrophiques pour les paysans et le peuple marocain.
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