Nadir Dendoune, journaliste français détenu à Bagdad pour des photos
Vers 20h45 lundi soir, Nadir Dendoune, journaliste indépendant de
40 ans, poste un message sur sa page Facebook. Pas tout à fait lui, en
réalité : le texte parle de Nadir à la troisième personne (il a été
retiré depuis). Le journaliste aurait été arrêté à Bagdad et détenu
depuis cinq jours dans une prison irakienne.
Au bout de plusieurs commentaires incrédules et quelques blagues, sa sœur Houria confirme que c’est sérieux. Des amis à lui y vont de leur conseil, témoignent de leur soutien, glissent le numéro de la cellule de crise au ministère des Affaires étrangères. Les derniers qui pensent encore à une plaisanterie se font rabrouer.
Les nombreux messages apparaissent au fur et à mesure, comme un tchat un peu surréaliste autour de la détention de leur ami qui devait rentrer en France dans les jours qui viennent. Mardi, un nouveau post a remplacé l’ancien :
En 2010 et 2011, Nadir Dendoune a publié trois articles sur Rue89. Diplômé sur le tard du Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris, le journaliste a toujours réussi ses défis un peu dingues :
Leur crime : avoir tourné sans autorisation des images d’un bâtiment, appartenant – ils l’apprennent plus tard – aux Forces spéciales américaines. Les quatre hommes, pourtant identifiés comme journalistes, sont arrêtés par des Irakiens armés, se souvient aujourd’hui Michel Despratx, le rédacteur de l’équipe. Avant d’être confiés aux Forces spéciales américaines :
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Au bout de plusieurs commentaires incrédules et quelques blagues, sa sœur Houria confirme que c’est sérieux. Des amis à lui y vont de leur conseil, témoignent de leur soutien, glissent le numéro de la cellule de crise au ministère des Affaires étrangères. Les derniers qui pensent encore à une plaisanterie se font rabrouer.
Les nombreux messages apparaissent au fur et à mesure, comme un tchat un peu surréaliste autour de la détention de leur ami qui devait rentrer en France dans les jours qui viennent. Mardi, un nouveau post a remplacé l’ancien :
« Pas trop d’initiatives persos pour l’instant, merci. Plein de choses sont faites. Restons vigilants. On vous donne des nouvelles dans la journée de mardi. »
Reportage sans autorisation
Entre temps, une dépêche AFP citant une source consulaire a fait état de la situation de Nadir Dendoune, « arrêté par la police irakienne pour avoir pris des photos sans autorisation à Bagdad » :« Nadir Dendoune a été arrêté dans le quartier de Dora (sud-ouest) “en milieu de semaine dernière” et “est toujours en détention, il n’a pas été encore inculpé”, a ajouté la source consulaire. Les autorités irakiennes ont assuré qu’il “est bien traité, il n’a pas de problème médical”, selon elles.La dépêche précise que Nadir Dendoune, qui a la triple nationalité française, algérienne et australienne, faisait un reportage pour Le Monde Diplomatique sur les dix ans de l’invasion du pays.
Selon sa sœur Houria Dendoune, contactée par l’AFP, le journaliste aurait été arrêté alors qu’il prenait des photos d’une usine de traitement des eaux. »
Un journaliste hors norme
Il est aussi collaborateur de L’Humanité et chroniqueur pour Le Courrier de l’Atlas, dans lequel il a publié plusieurs billets sur son voyage en Irak, mettant à profit son surnom revendiqué : « le tocard ».En 2010 et 2011, Nadir Dendoune a publié trois articles sur Rue89. Diplômé sur le tard du Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris, le journaliste a toujours réussi ses défis un peu dingues :
- faire 3 000 km à vélo en Australie (puis faire le tour du monde) ;
- être bouclier humain en Irak en 2003 ;
- gravir l’Everest (oui oui) à 37 ans ;
- organiser une « journée sans immigrés » pour montrer leur importance dans l’économie française.
Le précédent américain
En mai 2003, des journalistes français avaient déjà été arrêtés à Bagdad et détenus trois jours, cette fois-ci par les Américains. C’était une équipe de Canal Plus : un rédacteur, un journaliste reporter d’images, un traducteur et leur chauffeur.Leur crime : avoir tourné sans autorisation des images d’un bâtiment, appartenant – ils l’apprennent plus tard – aux Forces spéciales américaines. Les quatre hommes, pourtant identifiés comme journalistes, sont arrêtés par des Irakiens armés, se souvient aujourd’hui Michel Despratx, le rédacteur de l’équipe. Avant d’être confiés aux Forces spéciales américaines :
« Nous avons été maltraités, encagés, avec le statut de prisonnier de guerre. Nous avons vécu deux simulacres d’exécution, une fois alignés contre un mur, l’autre au bord d’un fleuve, avant que l’armée américaine nous sorte de là. Un général américain nous a ensuite présenté des excuses officielles. »A l’époque, un article de Télérama raconte l’épisode. Et précise :
« A une semaine du transfert de souveraineté, les conditions de travail des journalistes n’ont jamais été aussi exécrables. “ Plus dangereux que pendant la guerre ”, commente-t-on dans les rédactions. [...]Comme les journalistes de Canal Plus il y a dix ans, Nadir Dendoune a pris le risque de sortir.
Dans ce climat pourri, entre attentats quotidiens, enlèvements et balles perdues, les reporters hésitent de plus en plus à sortir de leur hôtel bunkerisé. »
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