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dimanche 27 janvier 2013

Point hebdomadaire n° 8 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc (endeuillé par la mort de Mohamed Fizazi à Fès)


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Les arrestations et les poursuites judiciaires se poursuivent sur tout le territoire marocain. Et il ne se passe pas une semaine sans que l’on soit informés de procès intentés aux militant(e)s de différents mouvements : 20 février, syndical, associatif, etc. Les autorités marocaines ne sont pas allées loin pour trouver les chefs d’accusation. Ils ne semblent pas différer d’un procès à l’autre : Rassemblement non autorisé et armé, offense et violence à l’encontre des agents de l’autorité dans l’exercice de leurs fonctions. A la différence avec le début du mouvement du 20 février en 2011 où les caméras étaient braquées sur le Maroc, les forces de l’ordre, sachant que les caméras ont, depuis, tourné le dos au Maroc pour d’autres régions du monde, n’hésitent pas à intervenir violemment pour disperser ou arrêter les manifestants.
C’est ce qui s’est passé par exemple à la cité universitaire de Fès la semaine dernière quand les forces de l’ordre ont chargé les étudiants qui se sont rassemblés pour protester contre leurs conditions d’études et réclamer leur amélioration et la libération de leurs camarades détenus à la prison Aïn Kadouss. L’étudiant et militant de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), Mohamed Fizazi, a été passé à tabac et abandonné, baignant dans son sang. Transporté d’urgence à l’hôpital Hassan II, il y succombe le samedi 26 janvier suite aux traumatismes crâniens subis lors de l’intervention violente des forces de l’ordre. Mohamed Fizazi, originaire de Taounat, avait 22 ans et poursuivait ses études en 2ème année anglais à la faculté de droit.
L’ASDHOM présente toutes ses condoléances à sa famille et à tous ses amis et camarades. Elle demande qu’une enquête impartiale soit diligentée pour déterminer les responsabilités de ce crime et traduire devant la justice ceux qui en sont derrière.

Concernant les groupes de prisonniers politiques et syndicaux, proposés au parrainage par l’ASDHOM depuis novembre dernier, nous pouvons signaler :

Groupe UNEM-Fès : Les quatre militants de l’UNEM, incarcérés à la prison Aïn Kadouss, ont entamé une grève de la faim de 48h et ce, à partir du mercredi 23 janvier. Ils entendent alerter sur leurs conditions de détention et réclamer leur libération. L’ASDHOM a reçu des témoignages ainsi que leurs fiches d’identité complètes que vous pouvez retrouver sur le site de l’ASDHOM, rubrique « Liste des prisonniers politiques ».

Groupe 20 février-Casablanca : Tarik Rochdi, Assal Abderrahman, Nouressalam Kartachi et Samir Bardly, tous militants du 20 février, arrêtés et condamnés après leur participation à la marche de Bernoussi à Casablanca, ont été libérés le mercredi 23 janvier 2013. L’ASDHOM leur présente, ainsi qu’à leurs familles, ses sincères félicitations. Nous demandons à celles et à ceux qui avaient parrainé ces détenus de porter leur choix désormais sur d’autres prisonniers de la liste.

Groupe Ouarzazate (mineurs et syndicalistes) : Les cinq militants et syndicalistes (Omar Oubouhou, Hassan Akarkab, Abdelamajid Boumlik, Imad Abdallah et Mohamed Jamili, tous membres de CDT, AMDH, ANDCM, PSU, PADS, voir le point hebdomadaire n°7), arrêtés le samedi 12 janvier suite au rassemblement de soutien à ceux qui sont déjà emprisonnés formant le groupe d’Ouarzazate, ont été condamnés à une amende de 4000 DH chacun pour « rassemblement non autorisé ». Ils ont été libérés le mercredi 23 janvier 2013. Ils ont été défendus par 80 avocats venus de tout le Maroc, à leur tête Me Ben Amrou, secrétaire national du PADS. Rappelons que plusieurs organisations de la société civile se sont constituées en Comité National de Soutien aux syndicalistes et à tous les licenciés d’Ouarzazate. Ce comité a vu le jour au local de l’AMDH de Rabat le jeudi 24 janvier 2013.

Tata (nouveau) : L’AMDH-section de Tata dans le sud du Maroc, nous apprend que deux de ses militants, Ammi Fadili et Abdellatif Belkaid, font face en ce moment à des poursuites judiciaires pour les empêcher de faire leur travail de défense des droits de l’Homme à Tata. La ville connait ces derniers temps un mouvement de protestation contre la corruption et la prévarication qui gangrènent l’administration locale. Les défenseurs des droits de l’Homme sont présents à tous les rassemblements pour appuyer la population et la protéger de toute exaction. Ce qui ne plait pas aux autorités locales.

Groupe UNEM-Meknès : Un sixième militant de l’UNEM (courant de la Voie Démocratique Bassiste) est arrêté le 22 janvier 2013 à Meknès après une course poursuite sur la route menant à El Hajeb. Il s’agit de Rachid Machkour. Il a déjà été arrêté en 2009 lors d’un mouvement de protestation qu’a connue la faculté des sciences de Meknès. Le groupe (nouveau) est désormais composé de : Soufiane Esseghir, Hassan Ahmouch, Mohamed El Oualki, Hassan Koukou, Mounir Aït Khoufou et donc Rachid Machkour. Hassan Koukou (numéro d’écrou 6851) nous a fait parvenir un témoignage en arabe. Il sera traduit et publié sur la rubrique « Témoignages et lettres » du site de l’ASDHOM.

Groupe Gdeim Izik (Sahraouis) de salé 1 : Nous rappelons que le procès du groupe des 24 Sahraouis est fixé finalement au 1er février. Sur les 24, seul un, Mohamed El Ayoubi, est poursuivi en liberté pour des raisons médicales. Les 23 autres ont passé plus de deux ans en prison, dépassant ainsi la durée légale de la détention provisoire prévue par le code pénal marocain. Une conférence de presse sera organisée, le 31 janvier 2013 au local de l’AMDH de Rabat, par le Comité des familles des Prisonniers Politiques Sahraouis de Gdeim Izik. Une délégation française de six observateurs (civils et juristes) participera aux côtés d’autres délégations européennes à ce procès. Samedi 26 janvier à Paris, un rassemblement de soutien au groupe Gdeim Izik a été organisé au Parvis des droits de l’Homme de Trocadéro par des associations de soutien sahraouies.
L’ASDHOM sera présente par ailleurs à la conférence internationale qui aura lieu au Palais du Luxembourg, le samedi 2 février, sur le respect des droits de l’Homme dans la région.

Guercif (nouveau) : Un défenseur des droits de l’Homme et syndicaliste de la ville de Guercif (province de Taza), Mohamed Chouiya, fait face à une poursuite judiciaire qui date de 2009 pour « participation à un rassemblement non autorisé ». Il risque de subir le même sort que d’autres militants à travers le Maroc. C’est ce que nous apprend le communiqué de la section locale de l’AMDH. Mohamed Chouiya a été innocenté en première instance, mais le parquet général a fait appel et la prochaine audience est prévue au tribunal d’appel de Taza pour lundi 28 janvier 2013.

Groupe Marrakech (les douze de Sidi Youssef Ben Ali) : Après avoir condamné les deux mineurs du groupe, le 4 janvier, à 2 mois de prison ferme chacun pour « outrage à des fonctionnaires publics, le tribunal de première instance de Marrakech a condamné, le 21 janvier 2013, les dix autres manifestants à des peines de prison ferme allant jusqu’à 2 ans et demi. Toujours les mêmes chefs d’accusation : Rassemblement non autorisé, coups et violence à l’encontre des agents de l’autorité, destruction de biens d’autrui et de biens publics, etc. (Voir les noms sur les points hebdomadaires précédents sur le site de l’ASDHOM)

La recrudescence des arrestations et des procès nous incitent à redoubler d’efforts et à accentuer notre mobilisation pour parrainer le plus possible de détenu(e)s victime de violations de droits….c’est notre devoir auquel nous ne dérobons pas.
L’ASDHOM vous invite à faire de même. Parrainer quelqu’un, victime d’emprisonnement pour ses opinions, est un devoir qui doit nous interpeller toutes et tous.

Bien cordialement,
Ayad Ahram
Secrétaire général de l’ASDHOM   
Paris, le 27 janvier 2013

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