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Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Les arrestations et les poursuites
judiciaires se poursuivent sur tout le territoire marocain. Et il ne se passe
pas une semaine sans que l’on soit informés de procès intentés aux militant(e)s
de différents mouvements : 20 février, syndical, associatif, etc. Les autorités
marocaines ne sont pas allées loin pour trouver les chefs d’accusation. Ils ne
semblent pas différer d’un procès à l’autre : Rassemblement non autorisé et
armé, offense et violence à l’encontre des agents de l’autorité dans l’exercice
de leurs fonctions. A la différence avec le début du mouvement du 20 février en
2011 où les caméras étaient braquées sur le Maroc, les forces de l’ordre,
sachant que les caméras ont, depuis, tourné le dos au Maroc pour d’autres
régions du monde, n’hésitent pas à intervenir violemment pour disperser ou
arrêter les manifestants.
C’est ce qui s’est passé par
exemple à la cité universitaire de Fès la semaine dernière quand les forces de
l’ordre ont chargé les étudiants qui se sont rassemblés pour protester contre
leurs conditions d’études et réclamer leur amélioration et la libération de
leurs camarades détenus à la prison Aïn Kadouss. L’étudiant et militant de
l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), Mohamed Fizazi, a été passé à tabac et
abandonné, baignant dans son sang. Transporté d’urgence à l’hôpital Hassan II,
il y succombe le samedi 26 janvier
suite aux traumatismes crâniens subis lors de l’intervention violente des forces
de l’ordre. Mohamed Fizazi,
originaire de Taounat, avait 22 ans et poursuivait ses études en 2ème
année anglais à la faculté de droit.
L’ASDHOM
présente toutes ses condoléances à sa famille et à tous ses amis et camarades.
Elle demande qu’une enquête impartiale soit diligentée pour déterminer les
responsabilités de ce crime et traduire devant la justice ceux qui en sont
derrière.
Concernant les groupes de
prisonniers politiques et syndicaux, proposés au parrainage par l’ASDHOM depuis
novembre dernier, nous pouvons signaler :
Groupe
UNEM-Fès : Les quatre militants de l’UNEM, incarcérés à la
prison Aïn Kadouss, ont entamé une grève de la faim de 48h et ce, à partir du
mercredi 23 janvier. Ils entendent alerter sur leurs conditions de détention et
réclamer leur libération. L’ASDHOM a reçu des témoignages ainsi que leurs fiches
d’identité complètes que vous pouvez retrouver sur le site de l’ASDHOM, rubrique
« Liste des prisonniers
politiques ».
Groupe 20
février-Casablanca : Tarik Rochdi,
Assal Abderrahman, Nouressalam Kartachi et Samir Bardly, tous
militants du 20 février, arrêtés et condamnés après leur participation à la
marche de Bernoussi à Casablanca, ont été libérés le mercredi 23 janvier 2013.
L’ASDHOM leur présente, ainsi qu’à leurs familles, ses sincères félicitations.
Nous demandons à celles et à ceux qui avaient parrainé ces détenus de porter
leur choix désormais sur d’autres prisonniers de la
liste.
Groupe
Ouarzazate (mineurs et syndicalistes) : Les cinq militants et syndicalistes (Omar Oubouhou, Hassan Akarkab, Abdelamajid Boumlik,
Imad Abdallah et Mohamed Jamili, tous membres de CDT, AMDH, ANDCM,
PSU, PADS, voir le point hebdomadaire n°7), arrêtés le samedi 12 janvier suite
au rassemblement de soutien à ceux qui sont déjà emprisonnés formant le groupe
d’Ouarzazate, ont été condamnés à une amende
de 4000 DH chacun pour « rassemblement non autorisé ». Ils ont été libérés le mercredi 23 janvier
2013. Ils ont été défendus par 80 avocats venus de tout le Maroc, à
leur tête Me Ben Amrou, secrétaire national du PADS. Rappelons que plusieurs
organisations de la société civile se sont constituées en Comité National de
Soutien aux syndicalistes et à tous les licenciés d’Ouarzazate. Ce comité a vu
le jour au local de l’AMDH de Rabat le jeudi 24 janvier
2013.
Tata
(nouveau) : L’AMDH-section de Tata dans le sud du Maroc,
nous apprend que deux de ses militants, Ammi
Fadili et Abdellatif Belkaid, font face en ce moment à des poursuites
judiciaires pour les empêcher de faire leur travail de défense des droits de
l’Homme à Tata. La ville connait ces derniers temps un mouvement de protestation
contre la corruption et la prévarication qui gangrènent l’administration locale.
Les défenseurs des droits de l’Homme sont présents à tous les rassemblements
pour appuyer la population et la protéger de toute exaction. Ce qui ne plait pas
aux autorités locales.
Groupe
UNEM-Meknès : Un sixième militant de l’UNEM (courant de la
Voie Démocratique Bassiste) est arrêté le 22 janvier 2013 à Meknès après une
course poursuite sur la route menant à El Hajeb. Il s’agit de Rachid Machkour. Il a déjà été arrêté en 2009
lors d’un mouvement de protestation qu’a connue la faculté des sciences de
Meknès. Le groupe (nouveau) est désormais composé de : Soufiane Esseghir, Hassan Ahmouch, Mohamed El
Oualki, Hassan Koukou, Mounir Aït Khoufou et donc Rachid Machkour. Hassan Koukou (numéro d’écrou 6851) nous a
fait parvenir un témoignage en arabe. Il sera traduit et publié sur la rubrique
« Témoignages et lettres » du
site de l’ASDHOM.
Groupe Gdeim
Izik (Sahraouis) de salé 1 : Nous rappelons que le procès du groupe des 24
Sahraouis est fixé finalement au 1er février. Sur les 24, seul un,
Mohamed El Ayoubi, est poursuivi en liberté pour des raisons médicales. Les 23
autres ont passé plus de deux ans en prison, dépassant ainsi la durée légale de
la détention provisoire prévue par le code pénal marocain. Une conférence de
presse sera organisée, le 31 janvier 2013 au local de l’AMDH de Rabat, par le
Comité des familles des Prisonniers Politiques Sahraouis de Gdeim Izik. Une
délégation française de six observateurs (civils et juristes) participera aux
côtés d’autres délégations européennes à ce procès. Samedi 26 janvier à Paris,
un rassemblement de soutien au groupe Gdeim Izik a été organisé au Parvis des
droits de l’Homme de Trocadéro par des associations de soutien
sahraouies.
L’ASDHOM sera présente par
ailleurs à la conférence internationale qui aura lieu au Palais du Luxembourg,
le samedi 2 février, sur le respect des droits de l’Homme dans la
région.
Guercif
(nouveau) : Un défenseur des droits de l’Homme et
syndicaliste de la ville de Guercif (province de Taza), Mohamed Chouiya, fait face à une poursuite
judiciaire qui date de 2009 pour « participation à un rassemblement non
autorisé ». Il risque de subir le même sort que d’autres militants à travers le
Maroc. C’est ce que nous apprend le communiqué de la section locale de l’AMDH.
Mohamed Chouiya a été innocenté en
première instance, mais le parquet général a fait appel et la prochaine audience
est prévue au tribunal d’appel de Taza pour lundi 28 janvier
2013.
Groupe
Marrakech (les douze de Sidi Youssef Ben Ali) : Après avoir condamné les deux
mineurs du groupe, le 4 janvier, à 2 mois de
prison ferme chacun pour « outrage à des fonctionnaires publics, le
tribunal de première instance de Marrakech a condamné, le 21 janvier 2013,
les dix autres manifestants à des peines de
prison ferme allant jusqu’à 2 ans et demi. Toujours les mêmes chefs
d’accusation : Rassemblement non autorisé, coups et violence à l’encontre des
agents de l’autorité, destruction de biens d’autrui et de biens publics, etc.
(Voir les noms sur les points hebdomadaires précédents sur le site de
l’ASDHOM)
La recrudescence des arrestations
et des procès nous incitent à redoubler d’efforts et à accentuer notre
mobilisation pour parrainer le plus possible de détenu(e)s victime de violations
de droits….c’est notre devoir auquel nous ne dérobons
pas.
L’ASDHOM vous invite à faire de
même. Parrainer quelqu’un, victime d’emprisonnement pour ses opinions, est un
devoir qui doit nous interpeller toutes et tous.
Bien
cordialement,
Ayad
Ahram
Secrétaire général de l’ASDHOM
Paris, le 27 janvier 2013
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