- Par Mehdi El Amine, 29/9/2013
Plus de deux années après la réforme de la
constitution du Maroc pour y introduire la langue amazighe comme langue
officielle au même titre que l’arabe, des associations marocaines de
défense des droits des amazighs reviennent à la charge pour rappeler au
gouvernement ses promesses non-tenues.
La mobilisation
citoyenne s’amplifie au Maroc, où des associations amazighes, des
artistes, des personnalités politiques et des citoyens lambda viennent de
lancer une pétition nationale et aux Marocains établis à l’étranger
pour rassembler 1 million de signatures en faveur de la mise en
application du caractère officiel de la langue amazighe dans les
institutions du pays. Cette initiative sonne comme une piqure de rappel
au Roi du Maroc et à son gouvernement, sur leur promesse non-tenue de
l’officialisation de la langue amazighe. Une promesse faite dans le
sillage des révoltes dites du « printemps arabe » qui ont ébranlé les
régimes autoritaires de Tunisie et d'Egypte, et dont le souverain
voulait à tout se prémunir.
Recul des institutions
Dans un communiqué
rendu public par les premiers signataires de la pétition, les militants
berbéristes marocains dénoncent « les hésitations et le refus du
gouvernement et du parlement marocains d’aller de l’avant » dans le sens
de l’officialisation de la langue amazigh au Maroc, à travers son
introduction dans les institutions du pays et son enseignement à une
plus large échelle à travers le pays. En 2012, près de 1 million
d’élèves du cycle primaire ont bénéficié de l’enseignement de tamazight
dans les écoles, selon des chiffres officiels, un bilan que les
militants berbéristes jugent insuffisant au regard du nombre important
de Marocains pratiquant les différents dialectes berbères. Les
associations marocaines évoquent également « un recul des institutions
et des engagements non tenus depuis un an et demi » et accusent les
autorités de « tourner autour du pot », dans la mise en application de
la constitutionalisation de tamazight, rappelant les engagements
internationaux en matière de respect des droits de l’homme paraphés par
le Maroc.
Tifinagh ou latin ?
Le Maroc est le
principal pays berbérophone en Afrique du Nord, où le dialecte amazigh,
dans ses différentes variantes, est parlé par près de la moitié de la
population. L’introduction de la langue amazighe dans la constitution
est aussi une première et une grande avancée par rapport aux pays
voisins, particulièrement l'Algérie où la question n’a pas atteint ce
stade malgré une réforme constitutionnelle qui a limité l’amazighité au
seul statut de « composante fondamentale » de l’identité du peuple
algérien. Au Maroc, les retards dans l’introduction effective de la
langue amazighe dans les institutions bute sur l’absence de consensus
autour de l’alphabet à utiliser (tifinagh ou latin) et le refus d’une «
langue standard » qui ne prenne pas en considération les différents
dialectes de tamazight parlés au Maroc.
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Maroc : Une pétition pour rendre effective l’officialisation de l’amazigh
Le gouvernement Benkirane est tenu de préparer, durant
son mandat, les lois organiques de plusieurs articles de la constitution
de 2011. Les activistes amazighs s’impatientent de voir
l’officialisation de leur langue maternelle devenir effective. Pour
pousser à la réalisation de cet objectif, ils ambitionnent de collecter
un million de signatures.
La loi organique de l’officialisation de
la langue amazighe tarde à voir le jour. En vue d'inciter le
gouvernement Benkirane à accélérer la cadence, des militants amazighs,
de différents horizons, viennent de lancer un manifeste.
Celui-ci
appelle à rendre l’officialisation effective, et ce, conformément d’une
part à l’article 5 de la constitution du 1er juillet
2011 annonçant que « l’amazighe constitue une langue officielle de
l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans
exception » et d’autre part au discours du roi Mohammed VI d’octobre
2012 à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire.
Objectif : un million de signatures
Cette initiative des associations amazighes est la réponse au constat
du recul des institutions et des engagements non tenus depuis un an et
demi dans la mise en application de la constitutionnalisation de la
langue amazighe. Pour soulever la chape de plomb qui retarde la
concrétisation de cet objectif, les initiateurs de l’appel se sont fixés
comme but final la collecter d'un million de signatures. Une fois ce
seuil atteint, la pétition sera adressée aux instances nationales et
internationales compétentes.
Pour le moment, les adhésions affluent des quatre coins du Maroc, de
France, du Canada, de Belgique, du Royaume Uni, d’Espagne et des
Etats-Unis. Côté célébrités, l’initiative a pu compter sur l’adhésion de
la députée du RNI Fatima Chahou, plus connus sous le nom de Raïssa
Fatima Tabaamrant. La chanteuse, poétesse et membre de l'IRCAM avait, au
printemps 2012, posé, à la Chambre des représentants, une question en amazighe au ministre de l’Education Mohamed El Ouafa.
Les appels de ce genre sont légion
Bien avant la nouvelle loi fondamentale de 2011, le mouvement amazigh
militait déjà pour une reconnaissance de sa langue maternelle au même
titre que l’arabe. En 2006, la toute jeune Ligue amazighe des droits de
l’Homme lançait, en ce sens, une pétition. A l’époque, les signataires
n’ont pas dépassé les 200. Mais c’était le premier coup de pioche. Cinq
ans plus tard et en plein débat sur la réforme de la constitution, des
ONG avaient rédigé « une charte des revendications amazighes ». La
constitutionnalisation de cette langue a été érigée au rang de priorité
« pour la réconciliation du Maroc avec son identité, sa culture, et sa
langue amazighe », pouvait-on lire dans le texte.
A la différence des précédentes tentatives, celle qui vient d’être
lancée s’appuie sur la loi fondamentale de 2011. L’officialisation de
l’amazighe a dépassé le stade des débats qui déchainaient, autrefois,
les passions entre partisans et opposants pour devenir être une réalité,
du moins sur le papier pour l’instant.
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