- Écrit par Lakome, 27/9/2013
Sit-in de victimes des "années de plomb" devant le CNDH |
Contacté
par Lakome, l’ancien détenu politique et victime des années plombs, Ba Hassan
Hassan nous explique que le sit-in vise à sensibiliser le CNDH sur la méthode et
les critères adoptés par l’Instance équité et réconciliation (IER) dans le
traitement de nombreuses demandes d’indemnisation déboutés nonobstant le
caractère objectif des revendications.
Dans
une vidéo diffusée sur
Youtube, Mohammed Fardi, né en 1947 et victime de la répression qui a
suivi la contestation sociale qu’a connu la ville de Ksar El Kébir en janvier
1984, dit avoir reçu par la poste « une recommandation d’intégration sociale
en octobre 2008 qui n’a toujours pas été mise en application ». En
Mars 2013, il raconte avoir reçu « un appel téléphonique d’une annexe du CNDH
l’informant qu’il bénéficie, en compagnie de quatre anciennes victimes, de
logements à Kénitra ». Rendus sur place une semaine plus tard, le
responsable de l’administration les informe qu’après avoir contacté la société
El Omrane, celle-ci ne dispose que de trois logements sur Kénitra et de deux
autres à Tamesna et qu’ils feraient mieux de revenir plus tard « afin de lui
donner le temps pour régler certains aspects administratifs liés à la
question». Quelques jours plus tard, le même responsable informe ses
visiteurs « qu’aucun logement n’est disponible, ni à Kénitra, ni à Tamesna
mais que deux solutions demeuraient possibles si les intéressés acceptaient de
verser 250 milles dirhams pour chaque logement ou de contracter avec un
prometteur immobilier sur la ville de Ksar El Kébir pour se faire construire des
maisons ». Une alternative jugée inacceptable par Mohammed Fardi, qui
revendique l’exécution sans délai de la recommandation de l’IER relative à son
intégration sociale.
Un
autre cas similaire. Celui de Mohammed Mrabet, également partie au sit-in.
Victime des événements de 1984 à Tétouan, Mohammed a passé six mois de prison et
a perdu son poste dans une entreprise dans laquelle il fut salarié durant 7 ans.
Comme les autres victimes, il présente son dossier au CCDH mais sa demande est
déboutée sous motif qu’elle a été transmise au delà du délais recquis. « Pour
moi, cette réponse est inacceptable et je suis ici aujourd’hui pour dire mon
indignation face à cette décision et je demande à être dédommagé des préjudices
que j’ai subi. Si mes revendications ne sont pas entendues, j’ai décidé
d’entamer une grève de la faim avec mes autres camarades car je n’ai plus rien à
perdre. De toute manière, je vis comme un damné et je suis prêt à sacrifier ma
vie pour recouvrir mes droits», explique-t-il sur cette vidéo.
Selon
Ba Hassan Hassan, « le CNDH n’a toujours pas entamé de dialogue avec nous
depuis le début de notre sit-in ». Le 5 septembre dernier, le CNDH a publié
un communiqué dans lequel il « réitère son engagement à poursuivre la mise en
œuvre du reste des recommandations de l’IER et celles de la Commission de suivi
au profit des anciennes victimes et à clore les dossiers en suspens dans les
plus brefs délais, assurant que les portes du Conseil resteront ouvertes à
toutes les personnes concernées jusqu'à l'application des recommandations
adoptées en leur faveur ». Le communiqué précise également que parmi les
"45 signataires d'un mémorandum revendicatif transmis au conseil, dont 15
observent le sit-in devant le siège du CNDH, le Conseil précise que 11 personnes
figurant parmi les signataires ont bénéficié de la régularisation de leur
situation administrative ou de l'intégration dans la Fonction publique. De plus,
17 autres personnes parmi les signataires ont bénéficié de la recommandation de
l'IER en matière d'intégration sociale et leurs dossiers sont en cours de
finalisation, tandis que 9 autres personnes figurant parmi les signataires ont
bénéficié d'indemnisation financières et de la couverture médicale sans aucune
recommandation en matière d'intégration sociale de l'IER ou de la commission de
suivi, note le CNDH". Pour ce qui est des 8 personnes restantes, le conseil
a rappelé qu'elles ont remis leurs dossiers hors du délai légal.
Malgré
tout, les protestataires ne semblent pas rassurés et pensent que de nombreuses
irrégularités entachent le système d’indemnisation adopté par l’IER.
« Comment pouvez-vous expliquer que d’anciennes victimes aient bénéficié de
réparation alors qu’elles étaient elles aussi déboutées pour motif de
prescription de délais ? » s’interroge Ba Hassan.
Quelques
semaines auparavant, c’est la fiabilité des
conclusions publiées par le CCDH à propos de disparitions
forcées qui était mise en cause dans un rapport
publié par Amnesty International suite à la découverte d’une fosse commune
dans la zone de Fadret Leguiaa, près d’Amgala au Sahara, par une équipe
espagnole d'experts médicolégaux.
https://fr.lakome.com/index.php/maroc/1419-ier-un-systeme-d-indemnisation-decrie-par-d-anciennes-victimes-des-annees-de-plomb
https://fr.lakome.com/index.php/maroc/1419-ier-un-systeme-d-indemnisation-decrie-par-d-anciennes-victimes-des-annees-de-plomb
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