Ali Anouzla
Dans un monde où les inégalités règnent affreusement, la liberté demeure une valeur absente à laquelle certaines personnes s’attachent et d’autres nuisent.
Il était une fois au plus beau pays du monde, une personne, dite journaliste, diffusait des informations et éclairait l’opinion publique autour de plusieurs sujets qui la préoccupent.
« Combien la monarchie coûte-t-elle ? », telle est la question que ce journaliste, nommé Ali Anouzla, s’est posée, le 28 octobre 2012, en publiant une chronique qui a traité avec pertinence et professionnalisme le coût que la monarchie Alaouite génère en le comparant avec ceux des autres systèmes de gouvernances monarchiques et républicains.
Sa majesté majestueuse Mohamed VI s’était absentée de la scène pendant une longue durée, ce qui a suscité une certaine inquiétude ainsi qu’une forme de curiosité sur les causes de cette absence inhabituelle du roi des pauvres, communément appelés les marocains.
C’est ainsi qu’Ali Anouzla s’est permis, le 04 juin 2013, d’évoquer le sujet, considéré tabou, de l’absence du monarque ainsi que ses liens avec sa santé et la gouvernance d’un pays qui agonise péniblement, au sein de l’une de ses chroniques grandioses qui connaissaient un partage massif auprès des internautes du Maroc et d’ailleurs.
Il est grandement important de rappeler qu’Ali Anouzla était le directeur de la version arabophone du journal électronique indépendant Lakome qui, ne l’oublions pas, a été le révélateur de l’affaire, désormais connue, de la libération accordée au ressortissant espagnol, Daniel Galvan Viña, condamné pour pédophilie. Le titre choc date du 31 juillet 2013 et a été le suivant :
« Grâce royale accordée à un espagnol, violeur de onze enfants, après avoir passé un an et demi en prison ! »
La révélation en question a été l’initiatrice d’une vague conséquente d’indignation et de protestations à l’encontre de la décision de libérer Daniel Galvan. Une mobilisation imposante a vu le jour et des manifestations se sont organisées au sein de plusieurs villes du royaume.
L’affaire #DanielGate a représenté une onde déstabilisatrice de la monarchie et l’a révélée au peuple marocain dans ces états les plus lâches et regrettables.
Croyez-vous qu’un journaliste, qui remet en cause le budget monstrueux accordé à la monarchie, qui se pose des questions sur l’absence du monarque, qui dénonce les inégalités sociales ainsi que la propagande médiatique que mène le Mekhzen et qui révèle au grand jour la décision d’accorder une grâce royale à un pédophile espagnol, continuera à exercer son métier en toute placidité au sein d’un pays tel que le Maroc ?
Nous connaissons parfaitement la réponse et le Makhzen nous a démontré qu’il la détienne aussi en procédant à l’arrestation d’Ali Anouzla et à son placement en détention préventive à la prison de Salé, destinée à la détention des prisonniers inculpés pour terrorisme.

Mais pourquoi ce journaliste a-t-il été arrêté ?
Il faut savoir qu’au Maroc, le Makhzen accorde une deadline aux personnes qui dérangent les pouvoirs publics, plus précisément, la monarchie. L’appareil étatique suit de près toute menace au maintien de son existence et attend le bon moment pour dévorer cruellement sa proie, ce bon moment était bel et bien la publication, le 13 septembre 2013, d’un article informatif et explicatif d’une vidéo attribuée à l’AQMI, Al-Qaida au Maghreb Islamique, comprenant une incitation de la part d’Abou Mosaâb Abdel Woudoud, l’émir de l’organisation armée, à commettre des actes terroristes au Maroc. L’article en question ne diffusait pas la vidéo et contenait un lien renvoyant au site Internet du quotidien espagnol El Pais, où la vidéo était disponible.
Nous avons vécu le #DanielGate et nous voilà en pleine lutte pour le #FreeAnouzla. L’appareil arbitraire du royaume chérifien ne cesse de démontrer sa bassesse et son exiguïté.
Il n’y a qu’un seul devoir patriotique auquel le peuple marocain doit accorder un intérêt conséquent, c’est bien le combat pour un état de liberté, de dignité et de justice sociale.