Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°36 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Le 16 novembre
2013, retenez bien cette date,
l’ASDHOM organisera sa soirée annuelle de solidarité dans le cadre de la Semaine
de la Solidarité Internationale (SSI). Notre campagne de parrainage des
prisonniers politiques et d’opinion au Maroc aura alors un an, jour pour jour. Et ce sera
l’occasion de revenir sur cette action concrète de solidarité, de faire son
bilan annuel et de réfléchir ensemble aux moyens pour l’améliorer et la faire
évoluer.
En attendant ce premier
anniversaire de la campagne, nous continuons à faire des points hebdomadaires
pour vous tenir informés et pour sensibiliser à l’importance de parrainer par la
correspondance une ou un détenu d’opinion au Maroc. Tenir à jour les listes de
ces détenus n’est pas une mince affaire. Cela nécessite un suivi régulier car
leur nombre bouge constamment. Nous avons essayé de tenir la cadence, mais des
imperfections existent toujours car la collecte des informations n’est pas si
évidente que cela.
Nous vous parlions dans le dernier
point (N°35) de 245 prisonniers d’opinion.
Nous avons fait une nouvelle mise à jour entre-temps et nous en sommes à
244. Vous trouverez ces listes,
annotées des derniers éléments recueillis au 4 octobre 2013, sur la rubrique
« Campagne de parrainage » du
site de l’ASDHOM.
Ce point est consacré aux toutes
nouvelles informations que nous avons collectées sur les différents groupes
listés.
Groupe
20-Février-Tanger : Le prisonnier politique
Abdelhalim Bakkali, incarcéré à la
prison « Sept Villages » de Tanger sous le numéro 86222, observe une grève de la faim depuis le jeudi 3 octobre
2013 pour réclamer son inscription en Master (Management des
organisations) à l’université Abdelmalek Essaâdi de Tanger. Il estime que
l’administration a fait disparaitre son dossier de candidature par deux fois
pour lui interdire la poursuite de ses études. Rappelons qu’Abdelhalim Bakkali est membre de
l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM) et du mouvement
20-Février. Il a été condamné à deux ans de
prison ferme suite aux protestations populaires survenues le 8 mars
2012 à Béni Bouayach, non loin d’Al-Hoceima dans le nord du
Maroc.
Groupe
Sahraouis :
- Le prisonnier politique
Atik Baray a été transféré le 29
septembre 2013 de la prison de Dakhla vers la prison de Laâyoune. Il se peut que
ce transfert soit en lien avec le recours en cassation qu’il avait introduit
après avoir été condamné, en compagnie de cinq autres défenseurs des droits de
l’Homme sahraouis, à 3 ans de prison ferme. Atik Baray avait été arrêté à Dakhla le 14
novembre 2011 suite aux agressions dont étaient victimes des Sahraouis de ladite
ville. Son recours en cassation a finalement
été accepté et la date du 22
octobre 2013 a été fixée pour le rejuger. C’est une première dans les annales des procès
intentés aux militants sahraouis.
-
La Cour d’appel d’Agadir a
finalement rendu son verdict en ajoutant deux mois de prison ferme à chacun des
six prisonniers politiques sahraouis qui avaient été arrêtés à Guelmim et
condamnés le 19 septembre en première instance par le tribunal d’Agadir à des
peines allant de 4 à 10 mois (voir points
précédents). Il s’agit d’Ammar Laâouissid
(62 ans) qui écope de dix mois, Ammar Daoudi et Taha Daoudi qui écopent d’un an,
Babya Bahdach, Hamza Bazzi et Mustapha Ahcine qui écopent, eux, de six
mois.
-
Le 28 septembre 2013, le citoyen
sahraoui Mbarek Daoudi (57 ans),
le père des deux frères Daoudi
cités plus haut et condamnés à un an de prison ferme, est à son tour arrêté chez
lui en compagnie de ses trois autres fils, Mohamed Daoudi, Brahim Daoudi et le mineur Hassan
Daoudi. Après une garde-à-vue de trois jours, le Procureur du roi
près du tribunal de première instance de Guelmim a décidé de transférer Mbarek Daoudi à Rabat pour être
présenté devant le Procureur du roi près du tribunal militaire de
Rabat. Ça promet ! Son fils, Brahim Daoudi, a, quant à lui, été
transféré auprès du procureur du roi d’Agadir pour incompétence de celui de
Guelmim. Son fils mineur Hassan
Daoudi a, quant à lui, été
libéré au bout de 10 heures passées au commissariat de
Guelmim.
La ville de
Guelmim connait un déploiement sans précédent des forces de l’ordre depuis les
derniers événements d’Assa-Zag.
Plusieurs d’autres arrestations (au mois 7) ont été opérées dont celle de
l’étudiant sahraoui Mohamed Lamine Attar (22
ans), survenue le 1er
octobre 2013.
-
D’autres arrestations ont été
opérées le 1er octobre 2013 par la gendarmerie marocaine au sein des
étudiants sahraouis (Mohamed Khalfoun et
Youssef Attar) de la ville de Zag qui a connu le 25 septembre 2013
des manifestations de solidarité avec la famille de Rachid Ech-Chine, tué par balle le 23 septembre lors
de l’intervention brutale des forces de l’ordre pour disperser le campement
Tizimi. Le 2 octobre, c’est au tour de l’étudiant Azouz Cheikhi et de l’enfant mineur
Nourdine Ech-chad (15 ans) d’être
arrêtés. Un autre enfant mineur, Hamza Tamek
(15 ans), a, lui aussi, été arrêté le même jour à
Guelmim.
Ces quatre
citoyens sahraouis arrêtés (Mohamed Khalfoun,
Youssef Attar, Azouz Cheikhi et le mineur Nourdine Ech-chad) ont traduits le 3
octobre 2013 devant le tribunal de première instance de Guelmim qui a reporté le
procès au 7 octobre 2013.
Groupe Liberté
d’expression-Journalistes-Avocats :
-
L’avocat Me Mohamed El-Massaoudi, défenseur des
droits de l’Homme, membre de l’AMDH de Casablanca, sera de nouveau traduit
devant le tribunal le 18 octobre
2013. Le bureau régional de l’AMDH a appelé, comme il l’avait fait
lors de l’audience du 20 septembre, à un rassemblement de soutien devant le
tribunal d’appel de Casablanca. Rappelons qu’il est connu pour avoir toujours
défendu les prisonniers politiques. La justice lui reproche « le manque de
respect dû aux magistrats et perturbation du déroulement de l’audience »
lorsqu’il s’est mis, par manque de place, près du représentant du parquet lors
d’un procès tenu en 2011 pour défendre le groupe de prisonniers politiques
sahraouis Tamek.
-
Selon Aboubakr Jamai, directeur de la version
francophone du site d’information électronique Lakome, son collègue, Ali Anouzla, directeur, lui, de la version
arabophone du même site, risquerait de « six ans de prison, et jusqu’à vingt en
cas de circonstances aggravantes ». « Il sera
présenté à un juge d’instruction à Rabat, le 22 octobre 2013, puis traduit
devant une cour d’assises, ou bien il bénéficiera d’un non-lieu » a
dit Aboubakr Jamai au journal du
Sud-ouest qui l’interrogeait, le 3 octobre, sur son collègue Ali Anouzla.
Groupe Liberté
de culte : Nous venons d’apprendre que le
citoyen Mohamed El-Baldi, arrêté à Taounate et accusé de « prosélytisme
chrétien » (voir point n°35) a été libéré provisoirement sans caution par la Cour d’appel
de Fès. La prochaine audience a été fixée au 10 octobre 2013. Il avait été condamné en
première instance à deux ans et six mois de prison ferme et à une amende de 550
Dhs.
Groupe
UNEM-Fès : Le comité de familles des dix prisonniers
politiques de l’Union Nationale des Etudiants
du Maroc, incarcérés à la prison Ain Kadous à Fès, a publié, le 30
septembre 2013, un communiqué de presse dans lequel il tire le signal d’alarme et interpelle les autorités
marocaines sur les conditions de détention. Il rappelle que ces
militants ont été arrêtés depuis le 15 avril 2013 et ne sont toujours pas jugés.
Les dix détenus politiques observent depuis
le 17 septembre une grève de la faim de 25 jours, susceptible d’être prolongée
si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ils exigent sinon
leur libération immédiate, du mois l’amélioration de leurs conditions de
détention et la tenue rapide de leur procès.
Nous sommes conscients à l’ASDHOM
que nos points hebdomadaires sont de plus en plus longs. Ce n’est surement pas
de notre faute. Nous ne pouvons faire l’économie d’informations préoccupantes et
qui concernent au premier chef les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc
que nous soutenons à travers cette campagne de parrainage. Il est certes plus
facile de se limiter à un cas très médiatique comme le font certains, mais
l’ASDHOM a fait le choix de défendre toutes les victimes de violations de
droits. Nous ne nous permettons pas de faire la sélection parmi
elles.
Le bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le 5 octobre 2013
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