Pauvre constitution
- Écrit par Ahmed Benseddik, 8/3/2013
Le roi Mohammed VI a présidé le mardi 5 mars à Fès la cérémonie de
lancement du «plan national des urgences médicales». A cette occasion,
le ministre de la Santé El Hossein Ouardi présentation devant le roi les
grandes lignes de ce plan et les principaux axes de voies de la
restructuration des circuits des urgences médicales.
La télévision nationale a montré les supports de présentation du
ministre qui comportent en particulier une page où sont listées les
références de base dont s'inspire le projet entier et qui lui donnent
en quelques sorte sa légitimité (voir l'image ci-dessous)
Le ministre a ainsi mis en évidence quatre références, dans l’ordre suivant:
- Les directives royales contenues dans le discours du 20 Août 2012 qui mentionne la nécessité d’assurer aux citoyens les conditions appropriées pour l'accès au logement, à la santé et à divers services de proximité.
- La nouvelle constitution: L'accès aux soins est un droit constitutionnel selon le chapitre 31
- Le programme de gouvernement
- La priorité du ministère de la Santé pour l'année 2013
On observe que les directives royales sont citées en premier rang et
la Constitution au deuxième rang, ce qui soulève cette question de
principe: Est-il raisonnable que la loi fondamentale occupe le deuxième
rang dans un Etat de droit ? Est-il raisonnable que la Constitution
(malgré ses lacunes) ne soit pas la référence des références, qui a la
préséance sur toutes les autres sans exception aucune et à laquelle se
soumet tout le monde, y compris le chef de l'Etat ? L’ordre choisi ne
signifie-t-il pas que le concept d’Etat des individus est encore
dominant par rapport à celui de l’Etat des institutions, en dépit de la
propagande officielle ?
Faut-il déduire que ce plan national n'aurait pas vu le jour s’il n’y
avait pas de directives royales, malgré ce que prévoit la Constitution
et malgré le programme gouvernemental qui engage le gouvernement (en
théorie) devant le élus de la nation (en théorie aussi) ?
Le ministre a commencé son discours ainsi: "En application des hautes
instructions de votre majesté qui visent à étendre la protection
sociale et la couverture sanitaire, la lutte contre toutes les formes
de pauvreté et d'exclusion, et la consolidation de la solidarité entre
les générations, j’ai le grand honneur d’exposer devant votre
prestigieuse majesté les grands axes du plan national des urgences
médicales… "
Ce discours du ministre est très clair : il considère que lui ainsi
que son ministère ne sont que des exécutants des hautes instructions.
Qu'est-ce qui a été changé si le responsable politique qui représente un
parti politique accepte volontairement d’être réduit au statut de
fonctionnaire qui se contente d’exécuter les instructions?
Le ministre ajoute ensuite dans la même veine: « En application des
directives éclairées de votre majesté qui visent la consécration
effective du droit à l'accès aux soins, le gouvernement a travaillé à
mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer le succès de ce
plan qui figure parmi les priorités du programme gouvernemental ...".
Qu'est-ce qui se passe si le programme du gouvernement ne correspond pas
aux directives éclairées, quelle est l’utilité du programme
gouvernemental entier, pourquoi ne pas se contenter seulement des
directives éclairées puisque ces directives sont incontestables et sont
par essence au dessus de toute autre considération ?
Avant de conclure, le ministre a encore puisé dans le même répertoire
de la rhétorique aujourd’hui dépassée: «…Voilà donc les grandes lignes
de ce plan qui, grâce à Allah et grâce à votre haute sollicitude et à
vos directives éclairées, permettra d’apporter des services d’urgence
conformes aux attentes des citoyens …»
De toutes les manières nous espérons que ce plan réussira à sauver
des vies de citoyennes et citoyens, pourra atténuer en particulier les
conséquences des accidents de la circulation et que le Maroc disposera
d’un système d’urgences médicales performant.
Quant à la modernisation du discours politique, l'abandon des
formules d’obséquiosité et l’instauration d’un Etat de droit, ce ne sont
pas des affaires urgentes.
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La santé est toujours malade au Maroc. Les principaux hôpitaux du service
public souffrent d’un manque flagrant de médicaments. Les stocks sont dans le
rouge. Les produits anesthésiants se font rares, du coup il est difficile
d’effectuer des opérations chirurgicales sauf dans les cas les plus urgents, le
reste est renvoyé à la liste d’attente. La cause: un retard dans la validation
des budgets des CHU (Centres hospitaliers universitaires) par la Direction des
Entreprises Publiques et de la Privatisation (DEPP), relevant du ministère des
Finances.
« C’est une première. Nous n’avons jamais assisté à une pareille crise », reconnaît Addi Bouaârfa, secrétaire général du syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT (Organisation démocratique de la santé). Actuellement, les hôpitaux travaillent avec ce qui leur reste de stocks de l’année précédente.
« Les ouvertures de plis des appels d’offres sont suspendus. Le contrôleur fiscal ne peut autoriser des opérations d’achats de produits anesthésiants ou de n'importe quel médicament tant qu’il n’a pas l’aval de la DEPP. Certes le ministère des Finances a approuvé le budget du département de la Santé mais c’est la DEPP qui se charge de celui des CHU », explique-t-il. Et bien entendu, ce sont les malades qui paient les frais de ce retard.
Une grève noircit davantage le tableau
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les malades subissent, également, de plein fouet les conséquences de la grève des chirurgiens affiliés au syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Un débrayage lancé le 10 février dans de nombreux hôpitaux du royaume (Oujda, Tétouan, Khouribga, Settat, Souss-Massa-Darâa) pour exiger que les blocs opératoires répondent aux normes internationales au début de cette semaine, une délégation du SIMSP s’est entretenue avec le secrétaire général du ministère de la Santé afin de mettre un terme à cette grève.
Un dialogue qui aboutit sur la constitution d’une commission chargée de classer les centres où il est difficile d’effectuer des opérations. Sous couvert d’anonymat, un chirurgien n’hésite pas à faire le lien entre cet arrêt de travail des médecins la SIMSP et la décision d’Houcine El Ouradi d’interdire aux blouses blanches de travailler dans les cliniques privées.
250 praticiens auraient présenté leurs démissions
Justement, les inspecteurs du département de la Santé continuent leurs traques des éléments qui ne sont pas conformes à la décision du ministre. Des informations font état de l’interpellation de huit médecins à Agadir.
Parallèlement à ces inspections, le ministre hésite encore à répondre favorablement aux demandes de démissions présentées par 250 praticiens dont notamment des professeurs universitaires et des assistants. « S’il donne son accord, ce sera, alors, le coup de grâce pour le service de santé publique au Maroc. Sachant que 200 chirurgiens et médecins avaient quitté les hôpitaux lors de l’opération de départs volontaire lancée en 2005 », avertit Addi Bouaârfa, le SG syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT.
URL Source :http://www.yabiladi.com/articles/details/15893/hopitaux-maroc-faute-moyens-operations.html
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Hôpitaux au Maroc : Faute de moyens, les opérations chirurgicales se font rares
Les opérations chirurgicales se font au compte-gouttes. Un retard
dans la validation du budget en est, en partie, la cause. L’autre partie est à
mettre au passif d’une grève de médecins qui refusent d’opérer tant que les
blocs opératoires ne répondent pas aux normes internationales. Résultat, c’est
le malade qui paie les pots cassés.
« C’est une première. Nous n’avons jamais assisté à une pareille crise », reconnaît Addi Bouaârfa, secrétaire général du syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT (Organisation démocratique de la santé). Actuellement, les hôpitaux travaillent avec ce qui leur reste de stocks de l’année précédente.
« Les ouvertures de plis des appels d’offres sont suspendus. Le contrôleur fiscal ne peut autoriser des opérations d’achats de produits anesthésiants ou de n'importe quel médicament tant qu’il n’a pas l’aval de la DEPP. Certes le ministère des Finances a approuvé le budget du département de la Santé mais c’est la DEPP qui se charge de celui des CHU », explique-t-il. Et bien entendu, ce sont les malades qui paient les frais de ce retard.
Une grève noircit davantage le tableau
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les malades subissent, également, de plein fouet les conséquences de la grève des chirurgiens affiliés au syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Un débrayage lancé le 10 février dans de nombreux hôpitaux du royaume (Oujda, Tétouan, Khouribga, Settat, Souss-Massa-Darâa) pour exiger que les blocs opératoires répondent aux normes internationales au début de cette semaine, une délégation du SIMSP s’est entretenue avec le secrétaire général du ministère de la Santé afin de mettre un terme à cette grève.
Un dialogue qui aboutit sur la constitution d’une commission chargée de classer les centres où il est difficile d’effectuer des opérations. Sous couvert d’anonymat, un chirurgien n’hésite pas à faire le lien entre cet arrêt de travail des médecins la SIMSP et la décision d’Houcine El Ouradi d’interdire aux blouses blanches de travailler dans les cliniques privées.
250 praticiens auraient présenté leurs démissions
Justement, les inspecteurs du département de la Santé continuent leurs traques des éléments qui ne sont pas conformes à la décision du ministre. Des informations font état de l’interpellation de huit médecins à Agadir.
Parallèlement à ces inspections, le ministre hésite encore à répondre favorablement aux demandes de démissions présentées par 250 praticiens dont notamment des professeurs universitaires et des assistants. « S’il donne son accord, ce sera, alors, le coup de grâce pour le service de santé publique au Maroc. Sachant que 200 chirurgiens et médecins avaient quitté les hôpitaux lors de l’opération de départs volontaire lancée en 2005 », avertit Addi Bouaârfa, le SG syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT.
URL Source :http://www.yabiladi.com/articles/details/15893/hopitaux-maroc-faute-moyens-operations.html
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