par Ahmed Benseddik, 9/3/2013
Nous
sommes le 9 mars 2013, deux années après le 9 mars 2011, date du
discours royal qui a annoncé la révision constitutionnelle.
Voilà ce que j’avais écris dans la nuit du 9 au 10 mars 2011.
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"Le Makhzen se régénère pour donner l’illusion de se réformer
Le discours royal reste très insuffisant
Ahmed BENSEDDIK
10 MARS 2011
ahmed.benseddik@gmail.com
Le
discours royal du 09 mars 2011 n’est pas à la hauteur des attentes. Les
points manquants sont nombreux. Parmi les points non tranchés, on
peut citer :
- La monarchie parlementaire : le concept n’a pas été déclaré. Or tant que le roi ne dit pas explicitement qu'il ne gouvernera pas, ce n'est pas convaincant.
- Le roi a limité déjà lui-même les points à réviser, pourquoi pas toute la constitution ? De quel droit le fait-il ? Est-ce démocratique ?
- Pourquoi parler encore de première et deuxième chambre ? Pourquoi anticiper? Et si le peuple voulait une seule chambre ?
- Pourquoi il cite Imarat Al mouminine (Commanderie des croyants) comme un dogme sacré non touchable qui se superpose aux institutions ? Or cette affaire permet au Roi d'agir par-dessus la constitution, c'est un joker très dangereux car il n'est soumis à aucun contrôle. Cela peut à chaque instant neutraliser les mécanismes de l’Etat de droit et des institutions.
- L'article 23 relatif à la sacralité du Roi est passé sous silence, pourquoi ? Cette sacralité (fictive d’ailleurs et contraire aux vrais valeurs de l’Islam ou seul Dieu est sacré) est source de tous les abus.
- Pourquoi ne pas dire explicitement que les marocains sont désormais citoyens et non plus sujets du roi ?
- La séparation entre pouvoir et argent n'a pas été évoquée alors que c’est une revendication majeure, sans laquelle le reste des réformes n’ont aucune chance de réussir.
- Les symboles de la corruption politique et économique et de l'abus de pouvoir Majidi et Himma et les autres sont épargnés par le discours, pourquoi ?
- Pourquoi maintenir le gouvernement actuel et pourquoi ne pas s’engager clairement qu’il n’y aura plus de ministère de souveraineté ?
- La libération vraie de l'audio-visuel est passée sous silence alors qu’il est sous emprise sécuritaire, une démocratie sans média libres pluraliste est impossible. Est-ce que les TV publiques vont inviter les responsables d’ANNAHJ DIMOCRATI et d’ADL WA LIHSSSANE pour dire leur opinion ? Ce sont des citoyens qui paient leurs impôts, n’est-ce pas ?
- Le roi ne s’engage pas à déconstruire et éliminer les mécanismes du Makhzen qui agit en parallèle à l’état visible et officiel et qui a le vrai pouvoir, surtout celui de vider de son sens toute réforme.
- Combien de fois le roi a parlé de la réforme de la justice dans ses discours avec les résultats que l’on sait.
- Constitutionnalité de l’Amazighe, c’est bien mais l’Arabe est déjà langue constitutionnelle mais marginalisée au profit du Français et la Francophonie, faut-il peut être constitutionnaliser le respect de la constitution !
- Le roi lui-même ne respecte pas la constitution lorsqu’il nomme des ministres sans l’avis du premier ministre, pourquoi personne ne proteste ? Il est donc permis de douter un peu et ne plus tomber dans le béni oui-ouisme et signer des chèques en blanc.
Nous
avons besoin d’une vraie rupture et d’une nouvelle constitution et non
pas d’une réforme de la constitution dans le cadre de la continuité.
Déjà
la nomination par le roi lui-même du président et des membres de la
commission qui va rédiger les modifications montre qu’il trace le
périmètre du jeu. Le roi n’a pas ouvert un débat, il l’a fermé dès le
premier jour.
Ce discours a pour objectif d'avorter les
manifestations prévues le 20 mars et peut même ouvrir un boulevard à EL
HIMMA premier ministre demain avec des élections truquées avec de
l’argent sale et des élites corrompues.
Ne pas virer le
gouvernement actuel et ne pas dissoudre le parlement actuel est un
mépris pour les citoyens descendus dans la rue. Ne pas reconnaitre les
erreurs et errements et ne pas nettoyer à l’eau de javel le palais et
les sous palais des multiples tyrans est un autre mépris. On veut faire
du neuf avec du vieux recyclé. Ainsi le makhzen se régénère et donne
l’illusion de se réformer. Encore une fois le roi est très mal
conseillé.
La vraie bataille ne fait que commencer pour que les gens ne tombent pas dans le piège.
Si
le mouvement du 20 février a pu arracher ces décisions avec une
première mobilisation, c’est qu’il est pris très au sérieux. Cela prouve
qu’il peut obtenir plus avec plus de mobilisation. Il faut d’abord y
croire."
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