Les jeunes, au Maroc, sont tentés par l'idée d'émigrer pour améliorer leur situation, affirme une étude.
Par Siham Ali pour Magharebia à Rabat – 05/03/13
Une nouvelle étude révèle que 42 % des Marocains nourrissent le désir de
vivre à l’étranger. Et l’intention d’émigrer est plus forte chez les jeunes.Ces conclusions apparaissent dans une enquête menée par l’Association
marocaine d’Etudes et de Recherches sur la Migration.
Selon le rapport rendu public le 26 février, l’intention déclarée ne change
pas considérablement selon le niveau d’éducation, mais la propension ou le
potentiel à migrer sont plus importants chez les personnes qui ont un niveau
élevé et un niveau moyen d’éducation.
Si "le chômage encourage l’émigration dans certaine mesure", les données de
l’enquête démontrent que la migration ne concerne pas uniquement les catégories
sociales pauvres ou les sans-emplois, dit l'étude.
L’enquête révèle que la difficulté à trouver un emploi est la raison de
départ la plus fréquente chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation.
Contactés par Magharebia, des jeunes manifestent en effet leur désir de
s’installer à l’étranger.
Hicham Bourebbah, 28 ans, a obtenu son diplôme en comptabilité il y a six ans
et peine à trouver un emploi stable.
"Je sais que l’Europe est en crise. Mais, je n’ai plus d’espoir ici au Maroc.
Je veux explorer d’autres cieux pour pouvoir décoller", explique-t-il.
Comme Hicham, Noura Cherrafi, 25 ans, diplômée en gestion d’entreprises, veut
aller tenter sa chance à l’étranger pour échapper au gouffre du chômage.
"Depuis trois ans, je ne fais que passer des stages sans être embauchée. Je
suis déprimée. Ma famille veut me marier", raconte-t-elle.
"Mais, moi je veux travailler et avoir mon autonomie financière. Puisqu’au
Maroc, je peine à réaliser mes rêves, je pense à immigrer en France", dit-elle
avec détermination.
Ce désir est manifesté au moment où un certain nombre d'immigrés retournent
au Maroc en raison des répercussions de la crise économique.
Une enquête de la Fondation Européenne pour la Formation a concerné les
migrants de retour au pays. Plus des deux tiers d’entre eux ont épargné durant
leur séjour à l’étranger. L’épargne est, le plus souvent, utilisée pour l’achat
de propriétés.
Un tiers des migrants de retour dans le pays pense à émigrer de nouveau.
Seulement 5 % ont décidé d'y revenir pour investir.
Les compétences acquises pendant la migration ne sont pas assez valorisées
après le retour au pays, ce qui représente un manque à gagner pour le migrant,
le Maroc et le pays d’accueil, regrette Madlen Serban, directrice générale de la
Fondation Européenne pour la Formation.
Conscient des difficultés rencontrées par les Marocains résidant à l’étranger
(MRE), le gouvernement a mis en place, le 27 février, un programme pour
encourager cette communauté à investir.
Un expatrié désireux d'investir au Maroc pourra ainsi bénéficier d’une
subvention de l'Etat allant jusqu’à 10 % du montant du projet et d’un emprunt
bancaire de l’ordre de 65 %. Il aura également la possibilité de bénéficier d'un
accompagnement, même s’il s’associe avec un investisseur marocain ou
étranger.
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