Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°13 sur la campagne de
parrainage
La semaine passée a connu
malheureusement son lot d’enlèvements, d’arrestations et de grève de la faim au
sein des prisons marocaines. L’ASDHOM qui a tenu son assemblée générale
élective, samedi 2 mars, est revenu sur ces nouvelles violations qui s’ajoutent
à celles qui l’ont poussée à initier la campagne de parrainage des prisonniers
politiques et syndicaux au Maroc pour concrétiser sa solidarité avec les
victimes des violations de droits en vue de leur
libération.
Comme nous l’avons signalé lors de
l’AG de l’ASDHOM, cette campagne de parrainage commence à toucher du doigt l’un
de ses objectifs, à savoir, briser l’isolement et l’enfermement et apporter le
soutien moral aux victimes pour leur donner le courage de croire en leur combat.
L’une des marraines nous a fait parvenir la réponse qu’elle a reçue de son
filleul Hassan Dah, incarcéré à la
prison Salé 1 et qui a écopé de 30 ans de prison ferme suite au procès du groupe
Gdeim Izik.
Voici ce qu’il lui
dit : « Comment
allez-vous ? J'ai reçu votre message et je suis heureux là où je considère que
c’est la preuve de l'amour et une grande compassion, nous sommes inébranlables
en dépit de la condamnation injuste et les honteuses exactions que nous recevons
ici.
J'espère vous rencontrer un jour, je vous remercie une fois de plus pour le message encourageant » Hassan Dah.
J'espère vous rencontrer un jour, je vous remercie une fois de plus pour le message encourageant » Hassan Dah.
Et sa marraine, Marie-José
Fressard, de lui répondre : « Bonjour Hassan, ta réponse m’a procuré
une très grande joie ! Je vois que les condamnations injustes et inhumaines
n’ont pas démoli ton courage inébranlable ! Bravo, j’ai pour vous tous une
grande admiration. Ce moral de béton vous aidera à surmonter l’épreuve qui, je
l’espère toujours, ne sera pas trop
longue.
J’espère
aussi que nous nous rencontrerons un jour. Si dans les prochaines années je
retourne au Maroc, je tenterai d’aller te voir à la prison de Salé si tu y es
encore »
Vous trouverez toutes ces lettres,
ainsi que d’autres, sur la rubrique « Témoignages et lettres » du site de
l’ASDHOM.
Au moment où nous tenions notre
assemblée générale, les services de sécurité à Zayou, une petite ville de l’oriental
(Wilaya d’Oujda), ont procédé à la dispersion par la force d’un rassemblement de
militants devant le commissariat de la ville pour protester contre l’enlèvement,
survenu la veille à 9h sur la voie publique, de Hamid El-Garrari, militant de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc
(ANDCM) et du 20-Févier. Les forces de l’ordre n’ont épargné aucun
participant parmi les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicalistes et les
autres membres de l’ANDCM et du 20-Février. Six autres militants ont été arrêtés
à leur tour. Il s’agit de : Rachid Baghdadi,
Mohamed Ibghi, Mohamed Salhi, Mohamed Kaddouri, Said El-ïli et Mohamed
El-Yabadri.
L’ANDCM de la région de Nador (à
quelques Km de Zayou) a aussitôt publié un communiqué pour dénoncer ces
enlèvements et arrestations et réclamer leur libération
immédiate.
Nous n’avons pas d’autres
informations et nous ne savons pas s’ils vont être présentés au procureur du
roi. Si tel sera le cas, nous les ajoutons bien évidemment à nos listes des
candidats au parrainage. Nous avons espéré en réduire le nombre, mais
malheureusement, la liste ne cesse de s’allonger. Nous l’avons établi à 172 noms
au moment du lancement de la campagne, le 17 novembre 2012, et nous en sommes
actuellement à 190. C’est dire s’il faut redoubler d’effort pour parrainer
encore plus et faire gagner d’autres personnes, éprises de justice, à notre
combat.
D’autres arrestations et
informations relatives à la situation dans les prisons que nous résumons comme
suit :
Taza-Groupe
UNEM :
Tarek Hammani et Abdessamad
Haidour, deux prisonniers politiques appartenant au syndicat
estudiantin UNEM et parrainés par la présidente de l’AMF (Association des Marocains de France)
ont publié le 19 févrie 2013 un communiqué à l’occasion du deuxième anniversaire
du mouvement 20-Février et dans lequel ils reviennent sur leurs conditions de
détention et où ils se solidarisent avec leur camarade, Kamal El-Alami, militant de l’UNEM, qui vient d’être
arrêté et qui sera présenté devant un juge d’instruction au tribunal d’appel de
Taza le 27 mars 2013.
Pour marquer leur solidarité, ils
observent une grève de la faim de 48 heures à partir du 19
février.
Fès-Groupe
UNEM :
Les trois prisonniers politiques, militants de l’UNEM, Tarek Jaïbi, Youness Erroufi et Hicham Boughlad,
arrêtés le 14 janvier 2013 et se trouvant actuellement à la prison
Aïn Kadouss de Fès en compagnie de leurs cinq camardes de l’UNEM (voir listes sur la rubrique de la
campagne), ont publié un communiqué qui détaille leurs conditions
d’arrestation et de détention désastreuses. Ils dénoncent surtout le traitement
qui a été réservé à leurs familles au moment de leur procès tenu le jeudi 14 février 2013. Le tribunal les
a condamnés à 6 mois de prison ferme et 500 DH d’amende chacun.
Meknès-Groupe
UNEM :
Hassan Koukou, l’un des
prisonniers politique appartenant à l’UNEM et incarcéré à la prison de Toulal 2
à Meknès, déclare, dans un communiqué publié le 25 février 2013, entamer une
grève de la faim de 15 jours à partir du 1er mars. Il envisage de la
poursuivre avec ses camarades de l’UNEM se trouvant avec lui (voir listes sur le site) si ses
revendications ne sont pas satisfaites, à savoir : libération de tous les
prisonniers politiques, la tenue d’un procès dans le plus bref délai,
regroupement des militants de l’UNEM et leur séparation des prisonniers de droit
commun, les visites libres, les soins et l’accès à la
lecture.
Goulmim-Groupe
Sahraouis : Trois citoyens sahraouis ont été arrêtés le 22
février 2013 par les forces de l’ordre suite à une manifestation en soutien aux
détenus du groupe Gdeim Izik et pour avoir dénoncé les condamnations lourdes
prononcées par le tribunal militaire de Rabat. Il s’agit de : Jamal Akridach, Ammar Laâouissi et Ammar
Daoudi. D’autres ont été également arrêtés le 21 février pour avoir
organisé un rassemblement pacifique, devant le commissariat, qui a été dispersé
dans la violence. Présentés au procureur du roi le 24 février 2013, ce dernier
les a finalement libérés le 25 février.
Groupe Belliraj-Salé 2 : Abdelkader Belliraj, le principal condamné dans l’affaire dite « Belliraj » et qui était à l’isolement dans un quartier de la prison de Salé 2, aurait été transféré à celle de Toulal 2, près de Meknès, selon le communiqué publié par sa femme le 28 février 2013. Ceci s’apparente fort à une mesure de coercition intervenant après qu’un militant du 20-Février ait commémoré le deuxième anniversaire du mouvement par la diffusion d’une vidéo, depuis sa cellule de la même prison où Belliraj purgeait sa peine. Les témoignages qui nous parviennent de la prison Toulal 2 de Meknès donnent froid au dos quant à la torture et les exactions subies par les prisonniers islamistes qui s’y trouvent.
Ali Aarrass, un autre Belgo-marocain, incarcéré avec le groupe Belliraj et parrainé par Me Alima Boumediene Thiery dans le cadre de notre campagne de parrainage, subit lui aussi les affres de l’administration pénitentiaire en représailles à l’action menée par sa famille et ses avocats pour réclamer sa libération. Rappelons qu’Ali Aarrass a été extradé le 14 décembre 2010 par l’Espagne alors même que toutes les enquêtes menées par le juge Garzon Baltasar l’ont innocenté.
Zaouiyat
Kheikh-AMDH-Région Béni Mellal : Le président de l’AMDH-Béni Mellal, Rahal
Ouahidi, a été convoqué par la gendarmerie royale pour le mercredi 27 février.
On lui reproche d’avoir incité la population d’Aït Oum Bakht à se dresser contre
la société de véhicules qui détériorent la seule route praticable de la
localité. Le bureau régional de l’AMDH a publié un communiqué pour dénoncer ces
intimidations et a appelé à se rassembler devant le siège de la gendarmerie le
jour de l’interrogatoire.
S’agissant de la liberté de la presse, et après avoir
dénoncé l’arrestation et la condamnation du journaliste environnemental Mohamed
Attaoui (voir point hebdomadaire n°12 et le communiqué de RSF sur le site www.asdhom.org), un autre journaliste risque
d’être condamné à un an de prison pour un article qu’il a écrit concernant un
dîner d’un ministre marocain. Selon Amnesty International,
« s’il est reconnu coupable,
Youssef Jajili pourrait être
condamné à une peine d’un an de prison pour avoir fait paraître en juin 2012
dans le magazine Al Aan un article selon lequel le ministre de l’Industrie, du
commerce et des nouvelles technologies a dépensé 10 000 dirhams marocains de
fonds public pour un dîner privé lors d’un voyage au Burkina
Faso. »
Le tribunal de
première instance d’Aïn Sebaa, à Casablanca, doit abandonner les poursuites
engagées contre le journaliste Youssef Jajili qui n’a fait qu’exercer son droit
le plus élémentaire à la liberté d’expression.
Pour le nouveau conseil
d’administration de l’ASDHOM
Ayad
Ahram
Paris, le 4 mars 2013
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