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lundi 4 mars 2013

Point hebdomadaire n°13 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°13 sur la campagne de parrainage

La semaine passée a connu malheureusement son lot d’enlèvements, d’arrestations et de grève de la faim au sein des prisons marocaines. L’ASDHOM qui a tenu son assemblée générale élective, samedi 2 mars, est revenu sur ces nouvelles violations qui s’ajoutent à celles qui l’ont poussée à initier la campagne de parrainage des prisonniers politiques et syndicaux au Maroc pour concrétiser sa solidarité avec les victimes des violations de droits en vue de leur libération.
Comme nous l’avons signalé lors de l’AG de l’ASDHOM, cette campagne de parrainage commence à toucher du doigt l’un de ses objectifs, à savoir, briser l’isolement et l’enfermement et apporter le soutien moral aux victimes pour leur donner le courage de croire en leur combat. L’une des marraines nous a fait parvenir la réponse qu’elle a reçue de son filleul Hassan Dah, incarcéré à la prison Salé 1 et qui a écopé de 30 ans de prison ferme suite au procès du groupe Gdeim Izik.
Voici ce qu’il lui dit : « Comment allez-vous ? J'ai reçu votre message et je suis heureux là où je considère que c’est la preuve de l'amour et une grande compassion, nous sommes inébranlables en dépit de la condamnation injuste et les honteuses exactions que nous recevons ici.
J'espère vous rencontrer un jour, je vous remercie une fois de plus pour le message encourageant »
Hassan Dah.
Et sa marraine, Marie-José Fressard, de lui répondre : « Bonjour Hassan, ta réponse m’a procuré une très grande joie ! Je vois que les condamnations injustes et inhumaines n’ont pas démoli ton courage inébranlable ! Bravo, j’ai pour vous tous une grande admiration. Ce moral de béton vous aidera à surmonter l’épreuve qui, je l’espère toujours, ne sera pas trop longue.
J’espère aussi que nous nous rencontrerons un jour. Si dans les prochaines années je retourne au Maroc, je tenterai d’aller te voir à la prison de Salé si tu y es encore »
Vous trouverez toutes ces lettres, ainsi que d’autres, sur la rubrique « Témoignages et lettres » du site de l’ASDHOM.

Au moment où nous tenions notre assemblée générale, les services de sécurité à Zayou, une petite ville de l’oriental (Wilaya d’Oujda), ont procédé à la dispersion par la force d’un rassemblement de militants devant le commissariat de la ville pour protester contre l’enlèvement, survenu la veille à 9h sur la voie publique, de Hamid El-Garrari, militant de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM) et du 20-Févier. Les forces de l’ordre n’ont épargné aucun participant parmi les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicalistes et les autres membres de l’ANDCM et du 20-Février. Six autres militants ont été arrêtés à leur tour. Il s’agit de : Rachid Baghdadi, Mohamed Ibghi, Mohamed Salhi, Mohamed Kaddouri, Said El-ïli et Mohamed El-Yabadri.
L’ANDCM de la région de Nador (à quelques Km de Zayou) a aussitôt publié un communiqué pour dénoncer ces enlèvements et arrestations et réclamer leur libération immédiate.
Nous n’avons pas d’autres informations et nous ne savons pas s’ils vont être présentés au procureur du roi. Si tel sera le cas, nous les ajoutons bien évidemment à nos listes des candidats au parrainage. Nous avons espéré en réduire le nombre, mais malheureusement, la liste ne cesse de s’allonger. Nous l’avons établi à 172 noms au moment du lancement de la campagne, le 17 novembre 2012, et nous en sommes actuellement à 190. C’est dire s’il faut redoubler d’effort pour parrainer encore plus et faire gagner d’autres personnes, éprises de justice, à notre combat.

D’autres arrestations et informations relatives à la situation dans les prisons que nous résumons comme suit :

Taza-Groupe UNEM : Tarek Hammani et Abdessamad Haidour, deux prisonniers politiques appartenant au syndicat estudiantin UNEM et parrainés par la présidente de l’AMF (Association des Marocains de France) ont publié le 19 févrie 2013 un communiqué à l’occasion du deuxième anniversaire du mouvement 20-Février et dans lequel ils reviennent sur leurs conditions de détention et où ils se solidarisent avec leur camarade, Kamal El-Alami, militant de l’UNEM, qui vient d’être arrêté et qui sera présenté devant un juge d’instruction au tribunal d’appel de Taza le 27 mars 2013.
Pour marquer leur solidarité, ils observent une grève de la faim de 48 heures à partir du 19 février.

Fès-Groupe UNEM : Les trois prisonniers politiques, militants de l’UNEM, Tarek Jaïbi, Youness Erroufi et Hicham Boughlad, arrêtés le 14 janvier 2013 et se trouvant actuellement à la prison Aïn Kadouss de Fès en compagnie de leurs cinq camardes de l’UNEM (voir listes sur la rubrique de la campagne), ont publié un communiqué qui détaille leurs conditions d’arrestation et de détention désastreuses. Ils dénoncent surtout le traitement qui a été réservé à leurs familles au moment de leur procès tenu le jeudi 14 février 2013. Le tribunal les a condamnés à 6 mois de prison ferme et 500 DH d’amende chacun.

Meknès-Groupe UNEM : Hassan Koukou, l’un des prisonniers politique appartenant à l’UNEM et incarcéré à la prison de Toulal 2 à Meknès, déclare, dans un communiqué publié le 25 février 2013, entamer une grève de la faim de 15 jours à partir du 1er mars. Il envisage de la poursuivre avec ses camarades de l’UNEM se trouvant avec lui (voir listes sur le site) si ses revendications ne sont pas satisfaites, à savoir : libération de tous les prisonniers politiques, la tenue d’un procès dans le plus bref délai, regroupement des militants de l’UNEM et leur séparation des prisonniers de droit commun, les visites libres, les soins et l’accès à la lecture.

Goulmim-Groupe Sahraouis : Trois citoyens sahraouis ont été arrêtés le 22 février 2013 par les forces de l’ordre suite à une manifestation en soutien aux détenus du groupe Gdeim Izik et pour avoir dénoncé les condamnations lourdes prononcées par le tribunal militaire de Rabat. Il s’agit de : Jamal Akridach, Ammar Laâouissi et Ammar Daoudi. D’autres ont été également arrêtés le 21 février pour avoir organisé un rassemblement pacifique, devant le commissariat, qui a été dispersé dans la violence. Présentés au procureur du roi le 24 février 2013, ce dernier les a finalement libérés le 25 février.
Groupe Belliraj-Salé 2 : Abdelkader Belliraj, le principal condamné dans l’affaire dite « Belliraj » et qui était à l’isolement dans un quartier de la prison de Salé 2, aurait été transféré à celle de Toulal 2, près de Meknès, selon le communiqué publié par sa femme le 28 février 2013. Ceci s’apparente fort à une mesure de coercition intervenant après qu’un militant du 20-Février ait commémoré le deuxième anniversaire du mouvement par la diffusion d’une vidéo, depuis sa cellule de la même prison où Belliraj purgeait sa peine. Les témoignages qui nous parviennent de la prison Toulal 2 de Meknès donnent froid au dos quant à la torture et les exactions subies par les prisonniers islamistes qui s’y trouvent.
Ali Aarrass, un autre Belgo-marocain, incarcéré avec le groupe Belliraj et parrainé par Me Alima Boumediene Thiery dans le cadre de notre campagne de parrainage, subit lui aussi les affres de l’administration pénitentiaire en représailles à l’action menée par sa famille et ses avocats pour réclamer sa libération. Rappelons qu’Ali Aarrass a été extradé le 14 décembre 2010 par l’Espagne alors même que toutes les enquêtes menées par le juge Garzon Baltasar l’ont innocenté.
Zaouiyat Kheikh-AMDH-Région Béni Mellal : Le président de l’AMDH-Béni Mellal, Rahal Ouahidi, a été convoqué par la gendarmerie royale pour le mercredi 27 février. On lui reproche d’avoir incité la population d’Aït Oum Bakht à se dresser contre la société de véhicules qui détériorent la seule route praticable de la localité. Le bureau régional de l’AMDH a publié un communiqué pour dénoncer ces intimidations et a appelé à se rassembler devant le siège de la gendarmerie le jour de l’interrogatoire. 

S’agissant de la liberté de la presse, et après avoir dénoncé l’arrestation et la condamnation du journaliste environnemental Mohamed Attaoui (voir point hebdomadaire n°12 et le communiqué de RSF sur le site www.asdhom.org), un autre journaliste risque d’être condamné à un an de prison pour un article qu’il a écrit concernant un dîner d’un ministre marocain. Selon Amnesty International, « s’il est reconnu coupable, Youssef Jajili pourrait être condamné à une peine d’un an de prison pour avoir fait paraître en juin 2012 dans le magazine Al Aan un article selon lequel le ministre de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies a dépensé 10 000 dirhams marocains de fonds public pour un dîner privé lors d’un voyage au Burkina Faso. »
Le tribunal de première instance d’Aïn Sebaa, à Casablanca, doit abandonner les poursuites engagées contre le journaliste Youssef Jajili qui n’a fait qu’exercer son droit le plus élémentaire à la liberté d’expression.

Pour le nouveau conseil d’administration de l’ASDHOM
Ayad Ahram
Paris, le 4 mars 2013

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