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vendredi 8 mars 2013

Musulman ou Citoyen?


 Par Mohammed Belmaïzi 7/03/2013

Tariq Ramadan s'adressait aux jeunes dans une conférence, en posant la question :    « Est-ce que tu es plutôt Musulman ou Français? »

Et il répond : "- Musulman c'est une conception de la vie, c'est le sens de ma vie, c'est le sens de ma mort, c'est au-delà de tout.

"- Français c'est une situation géographique, et ma situation géographique, qu'elle ne peut pas avoir raison de ma vie et du sens que je donne à ma vie.."
                                                                    
                                                                                 
 A cette affirmation ravageuse en 2003, je me suis autorisé à lui répondre pour ruiner sa prétention de manipuler les jeunes esprits :
 

Pour une immigration citoyenne

La revendication à tout bout de champ de l'identité musulmane -au sein d'une Europe irriguée sinon par la laïcité, du moins par la séparation de l’État et de la religion, ou l'on négocie d'ailleurs aujourd'hui fermement au sein de la Convention européenne pour y inscrire une référence à la chrétienté - me paraît non seulement anachronique, mais génératrice de contresens mettant définitivement l'immigration hors de la citoyenneté.

Elle est anachronique, même lorsqu'on met tout le zèle possible derrière l'étiquette de «l'Islam européen», comme le revendique Tariq Ramadan, ou de «l'Islam progressiste». Qualificatif destiné à aveugler le sens, pour connoter une pertinence soi-disant de taille, basée sur l'opposition «Islam civilisé / Islam archaïque». Or jusque là, rien ne permet de penser que cet Islam européen a résolument supplanté les poncifs qui attestent terriblement en sa défaveur.

Il est à craindre - dans le sillage d'intervenants parmi lesquels Hubert Védrine, l'ex-ministre français des Affaires Étrangère qui retient dans son article «Comment nier le choc Islam-Occident» (Le Monde du 27 février 2003), une regrettable et fausse opposition «Islam-Occident», et non «Orient-Occident» - de voir certains intellectuels issus de l'immigration, ou travaillant dans ce domaine, rebondir pour brandir l'Islam comme identité majeure des citoyens ordinaires du Maghreb ou de l'Orient, perpétuant ainsi le concept de minorité déjà mis à mal par le charlatanisme scientifique (cf. enquête sur la criminalité des étrangers, commandée par le ministre belge Verwilghen). Cantonner cette composante de l'immigration dans ce simplisme réducteur de l'identité islamique, n'est-ce pas rendre un piètre service à la revendication de la citoyenneté? Figer le statut de l'immigration dans cette identité n'apporte-t-il pas privilèges et ascension sociale à ses soi-disant «représentants», tel que se veut Tariq Ramandan?

C'est qu'il n'est pas étonnant d'entendre - et Hubert Védrine le fait déjà en prônant de «soutenir plus courageusement partout les musulmans modernes» et «intégrer mieux les musulmans d'Europe sans transiger quant aux principes fondamentaux de nos sociétés» - quelques voix de l'immigration, franchir le Rubicon pour aller dans le sens d'appuyer l'intégration du Musulman en tant qu'acteur politique, participant aux rouages institutionnels à travers l'Europe. Avec ce qualificatif religieux de «Musulman», aucune perspective n'est offerte à ceux qui aspirent à l'entière citoyenneté...

Cette mise en avant du statut musulman au centre de l'Europe, est habilement encouragé par le lobby chrétien qui ne demande pas mieux que de se cacher derrière les revendications partagées, tel que l'abolition de l'avortement, la stigmatisation de l'homosexualité et la guerre au blasphème, ainsi que l'athéisme...

Cette poussée au devant de la scène de l'islam, aboutit aujourd'hui à un racisme ouvert et sans complexe qui rejette l'immigration en tant que moteur de l'obscurantisme, de l’archaïsme et de l'arrièrisme...


Ne pourrions-nous pas exister, avec nos diverses confessions, en tant que citoyens libres et égaux en droit? La seule condition pour une immigration citoyenne.



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