Par Mohammed Belmaïzi 7/03/2013
Par Mohammed Belmaïzi 7/03/2013
Tariq
Ramadan s'adressait aux jeunes dans une conférence, en posant la
question : « Est-ce que tu es plutôt Musulman ou Français? »
Et
il répond : "- Musulman c'est une conception de la vie, c'est le sens
de ma vie, c'est le sens de ma mort, c'est au-delà de tout.
"- Français c'est une situation géographique, et ma situation
géographique, qu'elle ne peut pas avoir raison de ma vie et du sens que
je donne à ma vie.."
A
cette affirmation ravageuse en 2003, je me suis autorisé à lui répondre
pour ruiner sa prétention de manipuler les jeunes esprits :
Pour une immigration citoyenne
La
revendication à tout bout de champ de l'identité musulmane -au sein
d'une Europe irriguée sinon par la laïcité, du moins par la
séparation de l’État et de la religion, ou l'on négocie d'ailleurs
aujourd'hui fermement au sein de la Convention européenne pour y
inscrire une référence à la chrétienté - me paraît non seulement
anachronique, mais génératrice de contresens mettant définitivement
l'immigration hors de la citoyenneté.
Elle
est anachronique, même lorsqu'on met tout le zèle possible derrière
l'étiquette de «l'Islam européen», comme le revendique Tariq Ramadan,
ou de «l'Islam progressiste». Qualificatif destiné à aveugler le
sens, pour connoter une pertinence soi-disant de taille, basée sur
l'opposition «Islam civilisé / Islam archaïque». Or jusque là, rien
ne permet de penser que cet Islam européen a résolument supplanté
les poncifs qui attestent terriblement en sa défaveur.
Il est à craindre - dans le sillage d'intervenants parmi lesquels
Hubert Védrine, l'ex-ministre français des Affaires Étrangère qui
retient dans son article «Comment nier le choc Islam-Occident» (Le
Monde du 27 février 2003), une regrettable et fausse opposition
«Islam-Occident», et non «Orient-Occident» - de voir certains
intellectuels issus de l'immigration, ou travaillant dans ce
domaine, rebondir pour brandir l'Islam comme identité majeure des
citoyens ordinaires du Maghreb ou de l'Orient, perpétuant ainsi le
concept de minorité déjà mis à mal par le charlatanisme scientifique
(cf. enquête sur la criminalité des étrangers, commandée par le
ministre belge Verwilghen). Cantonner cette composante de l'immigration
dans ce simplisme réducteur de l'identité islamique, n'est-ce pas
rendre un piètre service à la revendication de la citoyenneté? Figer
le statut de l'immigration dans cette identité n'apporte-t-il pas
privilèges et ascension sociale à ses soi-disant «représentants», tel
que se veut Tariq Ramandan?
C'est qu'il
n'est pas étonnant d'entendre - et Hubert Védrine le fait déjà en
prônant de «soutenir plus courageusement partout les musulmans
modernes» et «intégrer mieux les musulmans d'Europe sans transiger
quant aux principes fondamentaux de nos sociétés» - quelques voix de
l'immigration, franchir le Rubicon pour aller dans le sens d'appuyer
l'intégration du Musulman en tant qu'acteur politique, participant
aux rouages institutionnels à travers l'Europe. Avec ce qualificatif
religieux de «Musulman», aucune perspective n'est offerte à ceux
qui aspirent à l'entière citoyenneté...
Cette
mise en avant du statut musulman au centre de l'Europe, est
habilement encouragé par le lobby chrétien qui ne demande pas mieux
que de se cacher derrière les revendications partagées, tel que
l'abolition de l'avortement, la stigmatisation de l'homosexualité et
la guerre au blasphème, ainsi que l'athéisme...
Cette
poussée au devant de la scène de l'islam, aboutit aujourd'hui à un
racisme ouvert et sans complexe qui rejette l'immigration en tant
que moteur de l'obscurantisme, de l’archaïsme et de l'arrièrisme...
Ne pourrions-nous pas exister, avec nos diverses confessions, en tant
que citoyens libres et égaux en droit? La seule condition pour une
immigration citoyenne.
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