Actions en faveur des 22 prisonniers sahraouis emprisonnés à Salé
Maroc
Vous souhaitez intervenir en faveur
des 22 prisonniers sahraouis emprisonnés :
- Écrivez au Roi
du Maroc
[Par courrier : affranchir à 0,95 euros - Fax : 00.212.53.77.68.515]
- Adressez une
copie de votre lettre à l'Ambassade du Maroc
[5 Rue Le Tasse - 75116 Paris- Fax : 01.45.20.22.58]
Télécharger la lettre :
http://www.acatfrance.fr/medias/files/appel_urgent/20130304_AU10_Maroc-lettre.doc
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Sa Majesté le Roi Mohammed VI
Palais Royal
Rabat
MAROC
Sire,
Sur la base
d’informations communiquées par l’ACAT-France, je vous exprime ma grande préoccupation
concernant la condamnation à de très lourdes peines de prison de 24 militants
sahraouis qui ont été arrêtés en lien avec le démantèlement du camp de
Gdeim Izik.
Ce verdict
a été prononcé à l’issue de neuf jours de procès inéquitable devant le tribunal
militaire, malgré la qualité de civils des accusés.
Il n’y a eu
aucune autopsie des neuf victimes des forces de sécurité et leur nom n’a même
pas été mentionné. Aucune preuve n’a été présentée prouvant l’implication des
accusés dans le meurtre des agents de sécurité. De plus, les juges se sont
refusés à tenir compte des allégations de torture formulées par les accusés et
de satisfaire à leur demande d’expertise médicale, en violation du droit
marocain et du droit international.
Conformément
à la Convention contre la torture et au Pacte international relatif aux droits
civils et politiques auxquels le Maroc est partie, je vous demande de :
· ordonner la libération immédiate de
22 des 24 accusés qui sont encore en détention ;
· si les poursuites à leur encontre
n’ont pas été motivées uniquement par leurs opinions politiques et leur
militantisme en faveur des droits de l’homme, les rejuger dans une juridiction
civile ;
· diligenter une enquête sur les
allégations de torture et de mauvais traitements dont ils disent avoir été
victimes.
Je vous
prie d’agréer, Votre Majesté, l’expression de ma haute considération.
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Rappel : informations sur le procès :
Rappel : informations sur le procès :
Des peines très lourdes pour les militants Sahraouis
Détenus
pour la plupart depuis novembre 2010, 24 militants civils ont été
condamnés à de très lourdes peines par le tribunal militaire de Rabat.
Un « procès vicié à la base », selon Amnesty International qui demande le 18 février que soient rejugés les prévenus.
(Article modifié le mardi 19 février)
A 3 h 30, dans la nuit de samedi à dimanche, l’avocat espagnol Juan
Soroeta envoyait un message pour informer du verdict. Un verdict « terrible »
selon l’observateur. France Weyl, une avocate française membre de la
mission d’observation juridique internationale, précisait le détail des
peines dans la matinée :
Condamnés à perpétuité : Sidahmed Lemjayed,
Abdeljalil lemghaimad, Ismaili Brahim, Mohamed Elbachir Boutenguisa,
Abdelahi Lekhfawni, Abdelahi Abhah, Ahmed Sbai, Mohamed Bani, Hassana
Aleya (par contumace)
Condamnés à 30 ans de prison : Naama Asfari, Chaikh Banga, Mohamed Bourial, Dah Hassan.
Condamnés à 25 ans : Daich Dafi, Mohamed Lamin
Haddi, Mohamed Embarek Lefkir, Mohamedjuna Babait, Elbakay Larabi,
Hossein Zaoui, Abdelahi Taoubali.
Condamnés à 20 ans : Mohamed Layoubi, Bachir Khadda, Mohamed Tahlil.
Condamnés à deux ans, ce qui correspond à la période de détention préventive subie : Sidi Abderrahman Zayou, Taki Elmachdoufi.
Jointe dans la soirée hier, Claude Mangin, qui voit son époux Naâma
Asfari, leader de la mobilisation à Geim Izik, dit sobrement : « C’est un procès politique ! ».
Débuté le 8 février dernier, le procès a donc pris fin le 17 février.
« Nous sommes scandalisés par le verdict qui est tombé cette nuit pour nos camarades Sahraouis, dont mon co-président (NDLR : Naâma Asfari) qui a été arrêté la veille des faits qui leur sont reprochés. Bien entendu ce n’est qu’un exemple de la procédure d’exception qui s’est appliquée à tous les camarades Sahraouis, tous civils et pourtant jugés devant un tribunal militaire ! », a déclaré Aline Pailler, journaliste et présidente du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits humains au Sahara Occidental (Corelso).
De son côté, Michèle Decaster, militante de l’AFASPA et du Bureau
International pour le Respect des Droits de l’Homme au Sahara
Occidental, mandatée en tant qu’observatrice au procès, a dit ce qu’elle
ressentait au lendemain du verdict :
« Il y a de quoi être abasourdi à l’énoncé de ce verdict, alors qu’aucune preuve, aucun témoignage de ces 9 policiers, sortis du chapeau du Procureur du roi à l’ouverture du procès, n’ont été produit à la Cour. Le Président a refusé des témoins demandés par la défense : l’ex-Ministre de l’Intérieur, les 2 walis avec qui le comité de dialogue était en rapport l’avant-veille de l’attaque du camp et une députée du Parlement, ancienne transfuge du Front Polisario. Trois témoins sahraouis ont affirmé qu’Enaama Asfari a été arrêté en leur présence dans la maison de l’un d’eux à Laayoune le 7 novembre 2010 en soirée et non le 8, date du PV de la police. Ce n’est d’ailleurs pas le seul PV falsifié en termes de dates et lieux d’arrestations : un chauffeur employé de la Région travaillait ce jour-là alors qu’il est accusé de meurtre au camp de Gdeim Izik…«
La militante française rapporte le 18 février les paroles prononcés par Naâma Asfari, un des militants condamnés :
« Ce verdict du régime marocain est à usage interne. Il entend raconter à son opinion publique qu’il a rendu justice aux 11 victimes. (…) Ce verdict est une vengeance à l’égard peuple sahraoui qui s’est levé en masse durant presque un mois en octobre 2010, comme le feront les autres peuples du Maghreb pour défendre eux aussi leur dignité. Ce procès est une victoire pour nous, il nous a permis de témoigner. (…)
« Avec mes camarades, nous avons (aussi) pu exprimer notre idéal pacifique de vivre en harmonie avec le peuple marocain qui lui aussi souffre de ce régime et les autres peuples de la région. Nous avons dénoncé les conditions atroces et illégales de nos arrestations, les tortures et humiliations que nous avons subies dans les commissariats, gendarmeries, dans l’avion qui nous transportait à Rabat et jusque dans les tribunaux de Laayoune et Rabat avant d’être présentés aux juges d’instruction dans des états lamentables. Ils n’ont pas pris en compte ces tortures, de même que les plaintes déposées suite aux séances de torture durant les premiers mois à la prison de Salé2.
Nous avons clamé notre innocence des crimes dont nous sommes accusés car nous sommes des défenseurs des droits de l’homme et ne pouvons attenter à la vie d’autrui. »
« Juger des civils devant un tribunal militaire est contraire aux normes d’équité reconnues au plan international »,
avait déclaré le 1er février Philip Luther, directeur du programme
Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. En vain.
« La poursuite de civils devant une juridiction militaire est
contraire non seulement aux standards internationaux mais également à la
Constitution marocaine », a précisé la Fédération Internationale des Droits de l’Homme dans un communiqué le 18 février.
Malgré la demande d’Amnesty qu’une enquête soit menée quant
aux allégations de torture formulées par les personnes détenues et que
le tribunal écarte tout élément de preuve obtenu sous la torture, les
juges ont refusé.
« Le tribunal a refusé de faire pratiquer des examens médicaux demandés par les accusés » (pour prouver les sévices subis), explique le Corelso dans un communiqué du 17 février.
« La Cour a failli à son obligation de diligenter une enquête et des expertises médicales suite aux allégations de torture formulées par plusieurs prévenus ce qui contrevient aux obligations du Maroc en vertu notamment de la Convention contre la torture », a déclaré Amina Bouayach, Vice-présidente de la FIDH qui a observé plusieurs audiences de cette procédure.
En outre, comme le rappelle l’observatoire international italien Per i diritti, « la Cour a prononcé un jugement non susceptible d’appel « . Ce que confirme Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH : « Les prévenus condamnés pour la plupart à de lourdes peines ne pourront faire appel de cette décision ». Pourtant, les avocats des prévenus auraient annoncé qu’ils comptaient se pourvoir en cassation.
Comme le rappelle Amnesty International, le Comité des Nations unies
contre la torture avait estimé il y a quelques mois que le pays « devrait
renforcer les mesures prises pour que des enquêtes approfondies,
impartiales et efficaces soient menées rapidement sur les violences et
les décès survenus à l’occasion du démantèlement du camp de Gdeim Izik,
et que les responsables soient traduits en justice ». Selon le Comité toujours, le Maroc doit en outre « modifier
sa législation afin de garantir à toutes les personnes civiles d’être
jugées exclusivement par des juridictions civiles ».
Cela a-t-il été fait ? Non.
Enfin, lors de sa visite effectuée au Maroc et au Sahara occidental
en septembre 2012, le rapporteur spécial des Nations unies sur la
torture, Juan Méndez, a noté que les procureurs et les juges
d’instruction n’ouvraient que rarement des enquêtes sur les allégations
faisant état de l’utilisation de la torture dans les premières phases de
l’enquête, pour obtenir des éléments de preuve ou des « aveux ».
« Le système de plaintes relatives aux allégations de torture et de mauvais traitements, à de rares exceptions près, ne semble fonctionnel qu’en droit mais pas dans la pratique », avait alors indiqué Juan Méndez. « Cela semble également être le cas pour les enquêtes, les poursuites et peines prononcées à l’égard des auteurs. Cette lacune doit disparaître », avait-il conclu.
Pour aller plus loin :
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