Point
hebdomadaire n°54 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc, 15/2/2014
Au moment où la défenseure
marocaine des droits de l’Homme, Khadija Ryadi , lauréate du
prix 2013 des Nations Unies des droits de l’Homme, était en tournée en Europe
pour sensibiliser à cette cause, on avait au moins espéré une petite accalmie
sur le front des arrestations abusives et des procès à caractère politique
pendant cette période. Mais hélas, c’était sans compter avec la volonté des
autorités marocaines de persister dans leur logique de s’attaquer à toutes
celles et à tous ceux qui bougent sur ce terrain. Non seulement Khadija Ryadi a eu droit à sa part de provocations et
d’intimidations, mais les procès et les arrestations ont continué de plus belle.
Si on excepte une libération en fin de peine et deux heureuses relaxes, les
informations relatives aux atteintes des droits de l’Homme que l’ASDHOM a reçues
sont inquiétantes et préoccupantes. Ce point 54 leur est consacré. Commençons
par les bonnes nouvelles.
Groupe Liberté
d’expression-Syndicalistes : Le responsable syndical
(CDT-Ouarzazate), Hamid Majdi, a
été enfin acquitté par le tribunal
de Marrakech. Le procureur du roi qui avait fait appel quand Hamid Majdi avait
été innocenté en première instance, a été désavoué. Une grande victoire pour ce
défenseur infatigable des ouvriers-mineurs d’Ouarzazate, qui est due aussi à la
mobilisation des épris de justice, de ses avocats, de ses camarades du syndicat
et de toutes les organisations démocratiques qui lui ont apporté leur soutien.
L’ASDHOM tient à le féliciter pour
son engagement et à féliciter toute sa famille et ses camarades de lutte pour
cette victoire. Restons vigilants tout de même.
Groupe Liberté
de culte : Le Marocain, marchand ambulant
de son état, qui s’était converti il y a sept ans au christianisme à Taounate, a été relaxé par la Cour d’appel de Fès
dans un procès tenu le jeudi 13 février 2014 (voir points précédents). Rappelons que
Mohamed El-Baldi avait été
condamné en première instance à 2 ans et six mois de prison après avoir été
arrêté le 27 août 2013 par les gendarmes d’Ain Aicha (Taounate) et sur la base
de l’article 220 du code pénal marocain qui prévoit des peines entre six mois et
trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams pour toute personne qui emploie
« des moyens de séduction dans le but de convertir un musulman à une autre
religion… » Encore une victoire à mettre à l’actif des défenseurs de droits de
l’Homme au Maroc. Toutes nos félicitations.
Groupe
Ouarzazate-Microcrédit : Amina Mourad et Bennacer Ismaini, les deux coordinateurs du
mouvement de défense des victimes des dérives du microcrédit à Ouarzazate (voir points précédents), ont été condamnés, le mardi 11 février, à un an de prison ferme et à 10 000 dirhams d’amende. L’ASDHOM n’a cessé
de les soutenir tout en dénonçant l’acharnement du procureur du roi et de
l’organisme du microcrédit INMAA qui a déposé plainte après que le tribunal les
ait innocentés dans un précédent procès. Les victimes des dérives du
microcrédit, venues en nombre de toute la région, se sont rassemblées devant le
tribunal d’Ouarzazate pour exprimer leur solidarité entière avec les deux
coordinateurs. Amina et Bennacer n’avaient que dix jours devant eux
pour faire appel en cassation contre ce jugement injuste et qui intervient après
un procès entaché de multiples irrégularités et où on voit que la justice a pris
parti pour les organismes du microcrédit contre les victimes de leurs dérives et
leurs défenseurs. L’ASDHOM dénonce
fermement ce jugement inique et réclame son annulation. Les défenseurs des
victimes méritent mieux que ça.
Groupe
Sahraouis-Ifni-Tiznit-Ait Melloul-Inzgane : Après huit
mois de prison ferme, passés dans les prisons d’Ait Melloul et Tiznit, le
militant Mohamed Amzouz (voir points précédents) vient d’être libéré le mardi 11 février. Sa famille et
ses camarades s’apprêtaient à l’accueillir à Sidi Ifni, la ville où il avait été
arrêté suite à des manifestations pacifiques réclamant des emplois et
l’amélioration des conditions de vie des habitants, quand les forces de l’ordre
ont procédé à l’interpellation et l’arrestation à un barrage, dressé à l’entrée
de Sidi Ifni, de quatre jeunes sahraouis, venus participer à
cette cérémonie d’accueil. Il s’agit de Bachir Bouâmoud, de Mohamed Jemour, de l’étudiant et
journaliste Sidi Sbai, tous
membres de l’AMDH-section Laâyoune, ainsi que l’ancien détenu politique
sahraoui Hafed Toubali. Ils ont
été traduits devant le tribunal de première instance de Tiznit, le 13 février, pour « offense à un agent
d’État dans l’exercice de ses fonction, violence et non obéissance ». Leur
procès a été reporté au 17
février. L’ASDHOM dénonce une atteinte à la libre circulation et
réclame leur libération immédiate. Le chef d’accusation utilisé est fallacieux
et ne correspond en aucun cas à ces défenseurs des droits de l’Homme et
bloggeurs.
Le 6 février 2014, un autre groupe de dix Sahraouis, dont trois mineurs, a vu son
procès reporter par la Cour d’Agadir au 18
mars prochain. Hamza Tamek, Omar
Ben Yazide et Rachid Ben Said, les trois mineurs, qui ont eu une
audience à hui-clos sont actuellement incarcérés à la prison d’Inzgane, quant au
sept autres (Hiba Chouiâr, Mohamed lamine
Attar, Mohamed Hasnaoui, Hassan Ghazouani, Moussa Malki, Mohamed Hammou et
Abdallah Boukayoud), incarcérés à la prison locale d’Ait Melloul, ont
eu droit à une audience publique. Tous les dix avaient été arrêtés en septembre 2013 à Guelmim après une
manifestation de soutien aux participants au campement Tizimi qu’avait connu la ville d’Assa et qui a été violement démantelé par
les forces de l’ordre entrainant la mort, le 23 septembre 2013, du jeune sahraoui
Rachid
Echine.
Le 12 février, la même Cour d’appel a condamné, cette fois-ci, le jeune
Sahraoui Mohamed Daoudi, à
deux ans de prison ferme sans lui
permettre de prévenir sa famille, ni même d’être défendu par un avocat.
Rappelons qu’il a été arrêté le 23 décembre 2013 à Guelmim suite aux mêmes
événements liés au campement Tizimi d’Assa et placé en détention à la prison
d’Inzgane. Trois de ses frères sont déjà condamnés et son père, Mbarek Daoudi, 58 ans, attend d’être jugé
par le tribunal militaire permanent de Rabat (voir points
précédents).
Groupe
Imider-Mineurs : Dans nos précédents points,
nous avions signalé les enlèvements de Hamid
Berka et d’Ichou
Hamdan, survenus respectivement le 28 et le 30 décembre 2013 à Imider, et placés, depuis, en détention à
Tinghir. Leur procès s’est enfin
ouvert le vendredi 14 février 2014. Nous y reviendrons dès
qu’on a plus d’éléments.
Nous vous informons par contre
qu’aujourd’hui, en principe, Idir
Oukhydir, arrêté le 13 février 2013, devrait quitter la prison après avoir été condamné
à un an de prison ferme.
Pour clore ce point hebdomadaire,
voici des dates importantes pour l’ASDHOM à
retenir.
- 18
février : L’ASDHOM signe et appelle à
signer le texte en soutien à Maître
Buttin, avocat de la famille Ben
Barka, qui sera jugé par le Tribunal de grande instance de Lille pour
une soi-disant divulgation du secret de l’instruction dans l’affaire Mehdi Ben
Barka. Un rassemblement de
solidarité est prévu ce mardi à
14h devant ledit tribunal (voir pièce
jointe).
- 20
février : L’ASDHOM participe, dans le
cadre de la semaine anticoloniale,
à une rencontre à Paris sur les prisonniers
politiques et d’opinion au Maroc. Voir le lien suivant pour le
programme de la semaine http://anticolonial.net/spip.php?article2934
- 21
février : L’ASDHOM participe avec
d’autres associations de l’immigration marocaine à un débat à l’occasion du
troisième anniversaire du mouvement
20-Février sur « les libertés démocratiques au Maroc à l’aune du
20-Février » en présence du rappeur du mouvement, Mouad Belrhouate, alias Elhaqed, qui vient de sortir son nouvel
album, Waloo, et qu’il n’a pas pu
présenter au Maroc à la librairie Alkarama de Casablanca, celle-ci ayant reçu
l’interdiction officielle alors qu’en quarante ans d’existence, la librairie
n’avait jamais demandé d’autorisation pour ce genre d’événements culturels (à
18h30 au 3, Place des Grès 75020
Paris Métro ligne 3 (Porte de Bagnolet) ou ligne 9
(Maraîchers).
Le bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le 15 février 2014
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