1950-2014 : toujours les mêmes bidonvilles
Le 12 février, Mediapart se rendait sur les lieux de l'incendie du camp de Bobigny où Mélissa, 8 ans, est décédée (lire ici le reportage de Carine Fouteau).
En regardant les photos, nous sont revenues en mémoire celles prises
dans les années 1950 dans les bidonvilles de Nanterre ou Saint-Denis. À
l'issue d'une recherche d'archives, voici le face-à-face entre images
d'hier et d'aujourd'hui. En près de 50 ans, bien peu de choses ont
changé, si ce n'est qu'on ne dit plus bidonville, mais camp.
© Pierre Douzenel, Nicolas Serve01
À gauche, le bidonville de Franc-Moisin, dans les années 1960 en Seine-Saint-Denis. À droite, celui de Bobigny, dans le même département en 2014
© Pierre Douzenel02
1962, bidonville du Cornillon en Seine-Saint-Denis, à l'actuel emplacement du Stade de France.
© Nicolas Serve03
2014, le bidonville de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Environ 200 personnes s'y entassent
© Pierre Douzenel04
1963, bidonville du Cornillon. En 1965, il compte près de 600 habitants, dont 200 enfants.
© Nicolas Serve05
2014, le bidonville de Bobigny. Le camp compte environ 60 enfants scolarisés ou en cours d'inscription, auxquels s'ajoutent une vingtaine de moins de 3 ans.
© Pierre Douzenel06
Juin 1967, un incendie a ravagé le bidonville de Franc-Moisin.
© Nicolas Serve07
Février 2014, dans le bidonville de Bobigny, une poupée calcinée dans les décombres de l'incendie. « C’était la panique, j’ai été réveillé par les cris », raconte Corbian, un père de famille, à Carine Fouteau (lire ici le reportage). « Ça brûlait, ça fumait, les gens criaient, j’ai pris mes enfants sous le bras et je suis allé me réfugier dans la cabane de ma sœur un peu plus loin. On a essayé d’éteindre le feu, mais c’était impossible, c’était trop tard, les gens avaient peur, ils pleuraient. Les enfants sont choqués, tout le monde est choqué », se désole-t-il. « Que va faire cette famille ? Que va-t-on devenir ? Tout le monde est choqué, tout le monde est triste, tout le monde souffre pour Mélissa. »
© Monique Hervo08
Dans les années 1960, du linge sèche dans le bidonville de Carrières-sous-Poissy (Yvelines).
À la fin des années 1950, se crée la revue Igloos au camp de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Cette revue deviendra en 1986 la Revue QUART MONDE. Dès ses premiers numéros, Igloos a recueilli les témoignages de personnes vivant ou travaillant dans les bidonvilles. Dans les numéros 27 et 28 (mars-juin 1966), Loïc Prat, journaliste photographe, écrit : « Il faut bien observer dans quelles conditions ces mères de famille réussissent à tenir les leurs proprement, avant de mépriser ceux qui abandonnent la lutte pour le maintien de leur dignité humaine. Un seul point d'eau dessert cette agglomération de 3 000 habitants. Cette boue, et son odeur, attirent des réflexions dans l'autobus, à l'école, au travail. Bientôt vient la tentation de ne plus faire attention au dédain des autres et c'est la capitulation devant tant de difficultés.
(...)
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