Le quai d’Orsay doit respecter le principe de
séparation des pouvoirs
Le 20 février, à la demande de la justice française, sept
policiers se sont rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France pour
remettre une convocation au directeur général de la surveillance du territoire
(DST) marocain, accusé de complicité de torture par trois victimes défendues par
l’ACAT [1]. Face à la vive réaction du Maroc, le quai d’Orsay annonçait avoir
« immédiatement demandé que toute la lumière soit faite, le plus rapidement
possible, sur cet incident regrettable » [2].
Selon Me Joseph Breham, « l’incident en question n’est
autre qu’un acte judiciaire pris par un juge d’instruction français indépendant
dont on ne peut que saluer la diligence et le sérieux. » Ce magistrat a été
désigné fin 2013 pour enquêter sur la plainte pour torture déposée en mai 2013
par l’ACAT et Adil Lamtalsi. Ce dernier, ressortissant franco-marocain, a
déclaré avoir été arrêté et torturé au Maroc au centre de détention secret de
Temara administré par la DST marocaine. C’est dans le cadre de cette enquête que
le juge d’instruction, informé de la présence sur le territoire français du
directeur de la DST visé par la plainte pour complicité de torture, a convoqué
ce dernier pour l’entendre. Il s’agit là d’un acte judiciaire tout à fait
conforme au code de procédure pénal français.
« Il n’y a pas de "lumière" à faire ni même d’enquête à
mener » ajoute Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à
l’ACAT. « Dans une démocratie comme la France, le ministère des Affaires
étrangères, en tant que branche du pouvoir exécutif, n’a absolument pas le droit
de s’immiscer dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire. La violation
flagrante du principe fondamental de séparation des pouvoirs à laquelle s’est
livré le quai d’Orsay dans sa déclaration est préoccupante. »
L’ACAT et Me Breham saluent la réactivité et
l’impartialité de la justice française dans le traitement d’un dossier aussi
sensible diplomatiquement que celui d’Adil Lamtalsi. Selon Me Joseph Breham,
« le traitement de cette affaire fait honneur à la réputation de la France -
pays des droits de l’homme. La réaction ubuesque du ministère des affaires
étrangères signe la nervosité de l’administration quand sont mis en cause les
"amis" de la France. »
Contact presse :
• Pierre Motin, ACAT, 01 40 40 99 69 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr
• Maître Joseph Breham, 01 53 01 92 20, jb@jb-juris.fr
Notes aux rédactions :
• [1] Le 21 mai 2013, l’ACAT, Me Joseph Breham et Me
William Bourdon ont déposé deux plaintes pénales en France pour deux
ressortissants franco-marocains, Adil Lamtalsi et Mostafa Naïm, arrêtés
respectivement en 2008 et 2010 par la police marocaine, et condamnés pour crime
de droit commun, dans des affaires différentes. A deux ans d’intervalle, ils ont
subi des sévices au centre de détention secret de Temara, aux mains de la DST
marocaine jusqu’à ce qu’ils signent des aveux sous la torture
Le 20 février 2014, alors que le directeur de la DST
marocaine était de passage en France, l’ACAT et Maître Joseph Breham ont adressé
au parquet du pôle spécialisé dans les crimes graves une plainte pour torture
sur le fondement de la compétence universelle, au nom d’Ennaâma Asfari. Ce
défenseur des droits de l’homme et militant pour l’autodétermination du Sahara
occidental a été torturé au Maroc en novembre 2010, avant d’être condamné
injustement en 2013 à 30 ans de détention par la justice militaire sur la base
d’aveux signés sous la torture. La plainte pour torture vise notamment le
directeur de la DST, ainsi que des agents des Renseignements généraux marocains,
des gendarmes et des policiers.
• [2] Le communiqué du ministère des affaires étrangères
peut être consulté à cette adresse :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/maroc/la-france-et-le-maroc/article/action-des-chretiens-pour-l
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/maroc/la-france-et-le-maroc/article/action-des-chretiens-pour-l
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Pierre
Motin
Chargé
des relations médias et de la communication en ligne
01 40 40
99 69 / 06 12 12 63 94 @PierreMotin
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