h24info.ma, 27/02/2014
Haj
Manouzi en compagnie d'Alain Martinet, l'avocat français de la famille,
à l'occasion d'une conférence de presse en juillet 2001 à Rabat. La
famille avait saisi l'occasion d'une visite officielle de l'ex-président
tunisien Ben Ali au Maroc pour attirer l'attention sur la disparition
de Houcine à Tunis. © Abdelhak Senna/AFP
C'est une des icônes du militantisme
marocain et de la lutte pour l'indépendance qui s'en va. Le Haj Ali El
Manouzi s'est éteint mercredi 26 février dans la soirée, à l'âge de 100
ans, informe sa famille dans un communiqué.
Haj
Manouzi est le doyen de cette famille de militants dont le nom est
associé à tous les combats politiques du peuple marocain, de la lutte
pour l'indépendance à la résistance et l'activisme durant les années de
plomb.
Après avoir contribué à libérer le pays, Ali El Manouzi épouse le
courant politique de la gauche marocaine et figure parmi les fondateurs
de l'UNFP (Union nationale des forces populaires), ancêtre de l'actuel
USFP. Ses fils, Rachid, Brahim et Boubker sont tous militants et passent
plusieurs années en exil avant de rentrer au pays.
Son fils Houcine disparait pendant les années de plomb
Mais c'est le destin d'un autre de ses fils, Houcine El Manouzi, qui a
marqué douloureusement la vie du défunt et reste la plus grande
injustice subie par le Haj et sa famille.
Le 29 octobre 1972, Houcine El Manouzi, syndicaliste et membre en exil
de l'UNFP, est enlevé lors de son arrivée à l’aéroport de Tunis. Il est
"rapatrié" au Maroc dans le coffre d'une voiture diplomatique. Sa
famille est sans nouvelles jusqu'à sa tentative d'évasion du bagne PF3
où il était secrètement détenu, en 1975.
Mais Houcine El Manouzi est de nouveau arrêté, et disparaît de nouveau.
En 2003, sa famille reçoit un certificat de décès non signé, qui établit
la mort de Houcine… deux jours avant son arrestation.
La famille refuse cette version et demande la vérité. Et si l’Instance
Équité et Réconciliation (IER) s'est saisie du dossier, elle n'a jamais
réussi à déterminer le sort de Houcine El Manouzi. Son père a passé sa
vie à chercher la vérité, sans résultat.
"Je suis fatigué et malade"
"Arrivé à la fin de ma vie, je me pose souvent la question de savoir si
les choses auraient pu, auraient dû, se dérouler autrement. A plus de
quatre-vingt-cinq ans, j’ai une longue vie derrière moi: je suis fatigué
et malade. Le diabète ne me laisse pas de répit, et il y a bien
longtemps que je ne bois plus mon thé à la menthe sucré (…) Voici près
de trente ans que nous attendons un signe de vie de Houcine, notre fils
aîné disparu au début des années soixante-dix. C’était à l’époque où le
Maroc était ébranlé par des coups d’Etat, des émeutes et une répression
barbare", raconte-t-il, à la fin des années 90, à la journaliste
néerlandaise Sietske de Boer qui a publié un livre sur son combat
(Années de Plomb, Chronique d’une famille marocaine, aux éditions Le
Fennec, 1999).
Ali El Manouzi est donc mort à sans savoir ce qui est arrivé à son fils,
sans connaître la vérité derrière cette deuxième grande énigme des
années de plomb, après la disparition de Mehdi Ben Barka.
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