Par Alif post
Par El Houssine Majdoubi
Le roi du Maroc Mohamed VI et le président français François Hollande Alifpost-Analyse/El Houssine Majdoubi - 26 فبراير، 2014
Ainsi, le plus beau pays du
monde est devenu un sous-traitant de la torture au niveau international.
Pensait-il que ne viendrait jamais le jour où il faut payer le prix de
ces errements, résultat d’un pouvoir absolu ?
Par El Houssine Majdoubi
Le roi du Maroc Mohamed VI et le président français François Hollande Alifpost-Analyse/El Houssine Majdoubi - 26 فبراير، 2014
Les relations
franco-marocaines constituent un modèle de coopération entre deux pays
de deux rives de la Méditerranée. Elles n’ont pas subi de secousses
depuis le début des années 1990, suite à la publication du livre « Notre
ami le roi » consacré à Hassan II.
Cependant, cette harmonie diplomatique a subi une rupture ces derniers jours, suite à une soudaine crise provoquée d’abord par la volonté e la justice française d’interroger le directeur marocain des renseignements civils DST, Abdellatif Hammouchi, et exacerbée ensuite par les propos de l’ambassadeur français à Washington, qui a comparé le Maroc à une « maitresse », selon ce qu’a déclaré à Paris jeudi dernier l’acteur espagnol Javier Bardem, lors d’une manifestation en faveur du Polisario.
Cependant, cette harmonie diplomatique a subi une rupture ces derniers jours, suite à une soudaine crise provoquée d’abord par la volonté e la justice française d’interroger le directeur marocain des renseignements civils DST, Abdellatif Hammouchi, et exacerbée ensuite par les propos de l’ambassadeur français à Washington, qui a comparé le Maroc à une « maitresse », selon ce qu’a déclaré à Paris jeudi dernier l’acteur espagnol Javier Bardem, lors d’une manifestation en faveur du Polisario.
Si le deuxième incident peut
être rapidement dépassé, le premier constitue un véritable défi au Maroc
et peut avoir des suites pénibles dans l’avenir.
La France a fourni un début de
solution au deuxième problème, en démentant que son ambassadeur ait
rencontré le cinéaste espagnol pour parler de la situation au Sahara.
Les propos humiliants seraient simplement donc imaginaires selon cette
version.
Cependant, il reste le vrai
problème est la poursuite de directeur de la DST, Abdellatif Hammouchi
devant les juridictions françaises sur fond d’accusations de torture,
suite à trois plaintes de trois Marocains, Adil Mtalsi, Zakaria Moumni
et Naâma Asfari, réputé proche du Polisario. Jeudi dernier, le parquet
français a certainement essayé d’emmener par la force Hammouchi devant
un juge d’instruction, profitant de son séjour à Paris pour participer à
une sommet régionale sur la sécurité (Maroc, France ; Espagne et le
Portugale), ce qui explique la réaction du Maroc. En effet, la présence
de sept policiers ne s’explique que par la volonté de l’amener par la
force.
Comment alors gérer cette
nouvelle donne ? Va-t-on encore évoquer un complot de l’Algérie et du
Polisario pour nuire aux relations franco-marocaines ? Est- il crédible
de parler d’une volonté de perturber la visite du roi Mohammed VI en
Afrique ? Ou bien s’agit-il d’une tentative de certains Marocains de
s’adresser à ce qu’on appelle la justice universelle, puisque la justice
de leur pays n’a pas le courage d’ouvrir le dossier épineux de la
torture ?
Concernant la première
hypothèse, il est vrai que le Polisario œuvre depuis un moment pour
essayer d’influencer l’arène politique française et réduire le soutien
de Paris au Maroc dans le Sahara. Il a réussi à s’infiltrer en France au
cours des journées de solidarité au cours de la semaine dernière, et
l’acteur Bardem a réussi à provoquer, au moins partiellement, une crise
entre le Maroc et la France. A ce niveau, la vrai question n’est pas
celle de l’existence ou non d’un complot, mais la question fondamentale
est : pourquoi la grosse machine marocaine de renseignements et la
diplomatie marocaine n’ont pas réussi à contrer les efforts de l’Algérie
et du Polisario en France ?
Quant à la seconde hypothèse,
elle ne tient pas la route, tout simplement, pour deux raisons. La
première raison est que le Maroc ne peut en aucun cas rivaliser avec la
France en matière d’influence en Afrique, la deuxième raison est
l’indépendance de la justice française. Cette justice ne trouve aucun
scrupule à juger l’ancien président Nicolas Sarkozy, comme il a jugé son
prédécesseur, Jacques Chirac. Actuellement, cette justice interroge
l’ancien directeur des renseignements français DST Bernard Squiarcini,
ainsi que l’ancienne directrice du Fonds monétaire international,
Christine Lagarde. Quelqu’un a-t-il parlé de complot visant à nuire à
l’image de la France ?
Le véritable problème réside
dans la justice marocaine et les renseignements marocains. Auprès de
l’opinion publique internationale, l’image sécuritaire et judiciaire du
Maroc demeure très négative à cause de la grande corruption de
l’appareil judiciaire et des violations répétées des droits de l’homme.
Tous les rapports des organisations internationales comme Amnesty, Human
Wrights Watch, et des organisations nationales crédibles comme
l’Association marocaine des droits de l’homme, en plus des rapports des
Nations Unies, ont confirmé des cas de torture et pointé du doigt le
lieu de torture par excellence, le siège de la DST à Témara. Par
ailleurs, des organes de renseignements occidentaux, en particulier ceux
des Etats Unis et de la Grande Bretagne, ont reconnu avoir transféré
des terroristes présumés pour être interrogés et torturés à Témara.
Dans le même temps, une bonne
partie de l’histoire des renseignements marocains est peu glorieuse.
Ils se sont impliqués dans des enlèvements, des assassinats, des
fabrications d’accusations contre les politiciens et des journalistes,
sans parler de leur implication passée et actuelle dans des campagnes de
dénigrement médiatique pour discréditer des militants, les journalistes
et même un membre de la famille royale, prince Moulay Hicham.
Les victimes qui ont recours
aux tribunaux au Maroc pour réclamer justice et réparation des
préjudices se sont trouvé face à une justice corrompue, selon des
rapports nationaux et internationaux, qui préfère le silence et classe
les plaintes sans suite lorsqu’elles sont contre l’Etat marocain et
essentiellement les renseignements.
Devant l’impasse, et pour
contourner le silence de la justice marocaine, certaines victimes de
torture s’adressent à la justice internationale, dans le cadre du
nouveau concept de justice universelle, et qui consiste à poursuivre des
responsables devant une justice d’un pays qui n’est pas le leur,
surtout si la victime porte la nationalité de ce pays, en plus de celle
de son pays d’origine.
Ce n’est pas la première fois
qu’une plainte est déposée auprès d’un tribunal international contre des
responsables marocains. Déjà, des plaintes contre des responsables
sécuritaires avaient été portées par des anciens activistes sahraouis,
et d’autres plaintes ont été portées contre certains hauts
fonctionnaires, y compris l´ex ministre de l´intérieur Driss Basri à
Bruxelles en 2000. L’épisode Hammouchi n’est donc pas isolé, et il ne
sera probablement pas le dernier.
Même un pays influent comme
Israël n’a pas été capable d’arrêter les poursuites internationales
contre ses responsables. Sur un autre registre, la justice espagnole
examine la plainte de deux marocains contre l’ancien président américain
George W. Bush. Ce n’est pas pour autant que ces deux citoyens visent à
perturber les relations entre Madrid et Washington !
Au Maroc, il y a un point noir
qui est le centre de détention et de torture de Témara, et il y a des
organes de renseignements qui ne sont soumis ni à l’autorité judiciaire
et encore moins au contrôle parlementaire. A un moment donné, et dans
l’impunité totale, un de ces organes a transformé son siège en une
grande prison pour recevoir des Marocains et des étrangers en vue de la
torture. Les sécuritaires et les tortionnaires n’auraient jamais
exercé leur tristes talents s’il n’y avait pas la complicité passive
d’une justice aux ordres de certains magistrats qui ont vendu leur
conscience et leur morale au diable.
Le directeur de la DST; Hamouchi |
Bien entendu, il peut y avoir
des complots, mais le passif honteux exige un courage politique et une
intransigeance judiciaire pour l’apurer. Si les victimes présumées
avaient trouvé l’équité au Maroc, pourquoi elles se seraient adressées à
des juridictions étrangères ? Combien de Français ont recours à la
justice internationale contre leur pays ? Aucun, parce qu’ils font
confiance à la justice de leur pays.
La solution n’est pas si
difficile pour éviter à l’avenir ce genre de crises pénibles. Il faut
d’abord soumettre les services de renseignements au contrôle judiciaire
et parlementaire, comme dans les pays démocratiques, et ne jamais
hésiter à ouvrir une enquête, une vraie, chaque fois qu’il y a une
présomption de torture.
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