Le
diplomate américain Christopher Ross œuvre aux préparatifs d'une
rencontre entre le Front Polisario et le Maroc au début de cette
nouvelle année 2014. Mais pour l'envoyé spécial du Secrétaire général de
l'Organisation des Nations Unies, la manœuvre diplomatique s'annonce
périlleuse.
2014,
un tournant dans les négociations entre le Front Polisario et le Maroc
sur le Sahara Occidental? Une relance se prépare mais les pourparlers
promettent d’être difficiles. Entre 2009 et 2010, pas moins de neuf
tables rondes se sont déroulées dans la banlieue new-yorkaise à
Manhasset. Le résultat est néant jusqu’à présent. Le Maroc est favorable
à une large autonomie du Sahara Occidental tandis que le Front
Polisario revendique la tenue d’un référendum d’autodétermination. Un
dernier point auquel le Front Polisario reste très attaché. Le
secrétariat national du Polisario Mohamed Abdelaziz l’a rappelé au mois
de décembre lors d’une session ordinaire du mouvement. « Le Sahara
Occidental qui « représente la dernière colonie en Afrique et qui
demeure sous occupation illégale, constitue un stigmate pour le système
international et l’humanité entière » a-t-il précisé dans un communiqué
avant d’ajouter « Pour l’heure, le gouvernement sahraoui veut un
scrutin libre, juste et transparent, pour le référendum exigé pour
l’autodétermination du peuple sahraoui ».
Ainsi il s’agit d’un exercice délicat et sensible pour Christopher
Ross, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara Occidental. Le
diplomate devrait rencontrer les deux parties ce mois-ci. L’annonce est
venue de Mohamed Kheddad, Coordinateur du Front Polisario avec la
Minurso. Un signe encourageant vers une reprise des pourparlers. Pour
l’instant pas de précisions sur la date et le lieu mais selon certaines
rumeurs, la rencontre pourrait se tenir en Suède, à huit clos et de
manière informelle. Tel un équilibriste, Christopher Ross testera sa
nouvelle stratégie. L’émissaire du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki
Moon, mise sur la plus grande discrétion pour appuyer dans un premier
temps des discussions indirectes. En octobre dernier, il avait précisé
son intention de partir en tournée pour défricher à nouveau le terrain
et sonder les deux camps. Les consultations concerneront également les
membres du conseil de sécurité onusien à l’exception de la Chine.
Alger et Nouakchott en retrait des pourparlers?
Il se pourrait également que deux pays toujours associés jusqu’ici
par l’ONU aux démarches pour la résolution du dossier épineux restent en
retrait des pourparlers. Il s’agit de l’Algérie et de la Mauritanie.
S’agit-il d’une volonté claire de la part de Christopher Ross de ne pas
froisser le Royaume du Maroc? A l’origine des tensions diplomatiques
entre Rabat et Alger, la question des droits de l’homme au Sahara. De
nombreux rapports d’organisations internationales épinglent le Maroc sur
les violations des droits de l’homme commises envers le peuple
sahraoui. Même si la Mauritanie a toujours été fortement impliquée dans
les négociations entre Rabat et le Front Polisario, ces derniers temps,
Alger aurait multiplié les initiatives pour convaincre Nouakchott de
mener une offensive sur la question du respect des droits du peuple
sahraoui. En avril prochain, un projet pourrait être soumis au Conseil
de sécurité. Par ailleurs, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel
Aziz s’est entretenu à plusieurs reprises avec le chef de la diplomatie
du Front Polisario Mohamed Salem Salek ces douze derniers mois, ce qui
laisse penser à un rapprochement entre Nouakchott et le Front Polisario.
Ainsi la question des droits de l’homme s’inscrit désormais comme un
argument de poids pour faire basculer le dossier à l’ONU dans le camp du
mouvement pour la libération du Sahara Occidental. Pour Christopher
Ross, il s’agit de faire respecter l’équilibre des intérêts sahraouis et
marocains.
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