Les services d'espionnage marocains, la DGED, sont connus pour être très
efficaces et actifs en Europe. Deux sujets principaux mobilisent les
espions du Maroc : la question du Sahara Occidental et l'intégrisme
islamique.
La DGED a réussi,
en 1990, à infiltrer le ministère des affaires étrangères espagnol. Son
agent lui a transmis un rapport confidentiel sur le contenu d'une
rencontre entre le ministre des Affaires Etrangères de l'époque,
Francisco Fernandez Ordoñez et un responsable du Front Polisario.
Selon Mondial Nieuws,
en Belgique, le 8 juillet 2008, le patron de la Sûreté belge Alain
Winants demanda à Mohamed Yassine Mansouri, chef de la DGED, de rappeler
trois agents marocains repérés en Belgique. "Cette mesure n'était pas
liée à l'affaire Belliraj. Dans le passé, il y a déjà eu des problèmes
répétées avec les agents de la DGED. Ils avaient par exemple organisé
une manifestation devant l’ambassade d’Algérie à Bruxelles", déclare
Alan Winants. "Les allégations de la Sûreté belge étaient tellement
graves que la DGED a non seulement rappelé les trois agents démasqués
mais a également décidé de fermer carrément sa représentation en
rappelant tous ses agents", a ajouté la même source.
En 2008, les services secrets marocains ont réussi à recruter Redouane Lemhaouli,
42 ans, un policier hollandais d'origine marocaine qui avait accès à la
base de données du Ministère de l'Intérieur des Pays Bas qu'il
transmettait aux officiers de renseignement exerçant à l'ambassade
marocaine sous couverture diplomatique.
Au mois de juin 2010, l'ex-policier sahraoui Mustapha Salma Sidi Mouloud
se rend dans la ville occupée de Smara où se trouve son père. Mustapha
appartient à la même tribu que le transfuge Omar Hadrami. Celui a été
désigné par Rabat comme chef du budget alloué aux subventions appelées
communement "cartilla", une aide destinée aux plus démunis. Hadrami mise
sur deux axes pour attirer ses proies : le tribalisme et les 2000
Dirhams mensuels. Mustapha est vite contacté par Hadrami. Ils passeront
trois mois ensemble à Rabat pour préparer l'opération du retour de
Mustafa en Algérie pour louer les "bienfaits" de la proposition
marocaine d'autonomie. Deux mois avant son retour, les médias marocains
vont relayer son histoire. Le coup médiatique est réussi, mais
inefficace parce que Mustafa, après avoir embrassé les thèses
marocaines, n'a plus le droit de revendiquer le statut de réfugié en
Algérie.
Le succès médiatique du recrutement de Mustafa Salma Sidi Mouloud a
encouragé les services secrets marocains à redoubler leurs opérations
dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf. Dans ce but, les Marocains ne rechignent pas sur les moyens. Selon le site Bladi,
se basant sur des informations rapportées par le journal libanais
Addiyar, le budget de la DGED avoisine un milliard de dollars par an.
Un mois après le feuilleton de Mustafa, deux coopérants espagnols et une
italienne sont kidnappés de Rabouni, siège des principales
administrations de la RASD. Al-Qaida nie toute implication dans cette
opération. Une semaine après, un mystérieux mouvement revendique
l’enlèvement. Il se fait appeler Mouvement pour l'Unicité et le Jihad
dans l'Afrique de l'Ouest (MUJAO). Les conséquences sont néfastes pour
les Sahraouis. Ils sont accusés de complicité avec les kidnappeurs. Pire
encore, l'Espagne décide d'évacuer ses coopérants des camps des
réfugiés. Les soupçons des Sahraouis sont vite portés sur les services
secrets marocains. En plus, le MUJAO, au lieu de diriger ses opérations
vers les pays de l'Afrique de l'Ouest, il ne vise que le Polisario et
l'Algérie. Celle-ci est visée en tant que principal allié des Sahraouis
et pour saper sa position de partenaire numéro 1 des USA dans la lutte
anti-terroriste au Sahel contre Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
L'activité souterraine de la DGED continue dans les pays voisins dont la
position compte dans la recherche d'une solution au conflit
sahraoui-marocain. En janvier 2011, deux Marocains amazighs
sont arrêtés par l’agence libyenne de sûreté extérieure. Ils
exécutaient un plan concocté par la DGED et le Mossad dans le but "de
briser l’unité territoriale de Algérie, la Libye et la Tunisie".
A Nouakchott, un agent qui agit sous couvert de correspondant de la MAP en Mauritanie, Abdelhafid El Bakkali,
a été sommé, en décembre 2011, de quitter le territoire mauritanien
dans un délai de 24 heures à cause de son activité visant, entre autres,
à dénigrer le Polisario et l'Algérie dans les médias mauritaniens. Pire
encore, certaines sources accusent les services marocains d'être
derrière la tentative d'assassinat du président mauritanien Mohamed Ould
Abdelaziz.
En mai 2013, le Centre national d’intelligence espagnol (CNI) a ordonné l’expulsion
de Nour-Eddine Ziani, un Marocain accusé d’être un "agent" de la et
de mettre en danger la sécurité de l’Etat à cause de ses "relations"
avec l’islamisme radical.
Dans la ville algérienne de Tindouf, des ressortissants algériens,
certains d'origine sahraouie, ont été recrutés pour mener des activités
subversives dans les camps des réfugiés sahraouis et un vaste trafic de
cannabis est organisé en vue d'accuser le mouvement sahraoui de
"collusion avec le trafic de drogue et les organisations terroristes".
Des officiers de l'armée marocaine installés dans le mur de défense
marocain et à Zouérate vont fournir la drogue aux trafiquants.
Dans les camps, d'autres agents vont attiser le feu de la rébellion
contre la direction du Front Polisario. La dernière en date, une
manifestation devant le siège de la présidence sahraouie contre les
mesures prises par le Front Polisario pour combattre la contrebande de
carburants.
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