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dimanche 29 décembre 2013

Point hebdomadaire n°48 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 30/12/2013



Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°48 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 30/12/2013

Ce point est le dernier de l’année 2013 qui aura été marquée par une recrudescence des arrestations et des procès d’opinion au Maroc, maquillés à l’évidence en procès de droit commun ou de terrorisme. Rappelons-nous qu’au lancement de sa campagne internationale de parrainage, l’ASDHOM avait recensé le 17 novembre 2012, lors de sa soirée de solidarité annuelle, 172 prisonniers politiques ou d’opinion répartis sur 8 groupes (Etudiants-UNEM, Sahraouis, Mineurs-Ouarzazate, Mineurs-Imider, Paysans-Chlihat, Mouvement social-Agadir, 20-Février et Belliraj-Islamistes).
Au dernier bilan effectué il y a une semaine, nous en sommes à 261 dont 183 effectuent leurs peines.
Au cours de notre suivi hebdomadaire, nous avons pu relever la libération en fin de peine de 105 détenus politiques ou d’opinion dont 5 femmes (Deux étudiantes à Fès, une militante d’ATTAC à Agadir, une Sahraouie à Tantan et une islamiste du groupe Belliraj). Cela veut dire, si on veut faire un différentiel entre les libérations d’une part et les arrestations et les poursuites judiciaires d’autre part, qu’il y a eu malheureusement en une année 194 nouvelles arrestations et poursuites judiciaires. Celles-ci concernent au moins 3 autres femmes (L’étudiante Fatima Zahra El-Malkaoui de l’UNEM-Fès, la militante Fatiha Haloui du 20-Février de Casablanca et Amina Mourad, coordinatrice du mouvement des victimes des microcrédits à Ouarzazate). C’est énorme en un an. De 8 groupes, on est passé à 12. En plus des huit ci-dessus, nous avons le groupe de l’ANDCM à Zayou, le groupe Mouvement social à Marrakech, le groupe Liberté d’expression qui regroupe les journalistes, les syndicalistes et les avocats, ainsi que le groupe Liberté individuelle qui concerne les victimes d’atteinte à la liberté de culte, comme ce citoyen, marchant ambulant de son état à Taounate, qui s’est converti au christianisme.
En 2014, nous n’aurons malheureusement d’autres choix que de continuer à sensibiliser au parrainage de toutes ces victimes de violations de droits et de faire de la solidarité avec elles un devoir, comme l’avait si bien dit Gilles Perrault lors du lancement de cette campagne dont il est le parrain. Espérons tout de même que 2014 sera plus supportable pour ces victimes de l’injustice.
Voici les dernières informations les concernant.

Groupe UNEM-Meknès : Le procès des cinq militants de l’UNEM-Meknès (Soufiane Sghéri, Hassan Ahamouch, Mohamed Eloualki, Hassan Koukou et Mounir Ait Khafou) qui s’est ouvert le 23 décembre dernier a été reporté au 27 janvier 2014. Les cinq détenus politiques se sont présentés à leur procès dans un état physique très détérioré. Rappelons qu’ils observent une grève de la faim depuis le 5 novembre 2013 pour réclamer sinon leur libération, du moins l’amélioration de leurs conditions de détention. Leurs familles, soutenues par les militants de l’UNEM, ont tenu un sit-in ce jour-là devant le tribunal en solidarité avec eux et pour attirer l’attention sur leur état de santé. Notons que Hassan Koukou a fait au même moment plusieurs évanouissements accompagnés d’intenses vomissements et de perte partielle de vue.
L’administration pénitentiaire de la prison Toulal 2 a fini par accepter de dialoguer avec le groupe et de le recevoir le 24 décembre. Elle a accédé en partie à ses doléances dont notamment le suivi médical en dehors de la prison. Le groupe a accepté de suspendre sa grève de la faim et Hassan Koukou a pu même bénéficier le 26 décembre d’un contrôle médical à l’hôpital Mohamed V de Meknès.

Groupe Liberté d’expression-Journalistes-Avocats : Le juge d’instruction, Abdelkader Chentouf, chargé des affaires de terrorisme près l’annexe de la Cour d’appel à Salé, qui a convoqué le journaliste Ali Anouzla le 23 décembre, a décidé de reporter au 18 février 2014 son procès. Après 38 jours de détention provisoire, Ali Anouzla a été remis en liberté, mais reste poursuivi pour « fourniture délibérée d’aide à qui veut commettre des actes terroristes et de moyens d’exécution d’un crime terroriste » ainsi que pour « l’apologie d’actes constituant un crime terroriste ». Le comité national pour la libération d’Ali Anouzla a effectué dimanche 22 et lundi 23 décembre une caravane de solidarité dans les rues de Salé et Rabat et a appelé à ce que cesse l’acharnement contre ce journaliste qui reste poursuivi dans plusieurs affaires qui touchent à son droit d’expression (Déclarations qu’il aurait tenues sur le rôle des services secrets marocains et l’affaire devant le tribunal de la ville de Fès après avoir diffusé une information concernant des troubles qui seraient passées dans la région de Fès). Le comité dénonce par ailleurs le blocage des deux versions du site d’information électronique Lakome.com en dehors de toute décision de justice.

Groupe Amchad-Ksiba (nouveau) : 14 citoyens dont un mineur ont été arrêtés le jeudi 26 décembre à Amchad, région de Béni Mellal, après avoir été dispersés violemment par les forces de l’ordre. Ces dernières sont intervenues en nombre pour mettre fin à une occupation organisée par les habitants du quartier Dir-Ksiba d’Amchad qui refusent l’installation sur leur terre d’une station de traitement d’eaux usées en mettant en avant les conséquences sur leur santé et leurs activités agricoles. Les responsables locaux de l’AMDH ont été empêchés de rejoindre les manifestants pour s’enquérir de la situation. Parmi les 14 arrêtés (Yacine Ourhou, Jaghrour Smail, Mohamed Rouissi, Houssa Bouahi, Bennacer Oubassou, Nabil Chrou, Mimoun Belachdif, Mustapha Ait Rahou, Mohamed Bouhi, Said Bouhi, Mohamed Amzel, Farhati Rahou, Mohamed Hamoujan et Idir Charqui), huit ont été présentés au tribunal de première instance de Béni Mellal. Les habitants d’Amchad ont été interdits de quitter leur village et tous les soutiens ont été tenus loin du tribunal. Nous reviendrons sur le dossier dès qu’on a plus d’éléments.

Groupe 20-Février à Tanger : Le détenu du 20-Février, Said Ziani, a comparu le vendredi 27 décembre devant le tribunal de première instance de Tanger après avoir été arrêté le 20 novembre dernier. Il a écopé de 4 mois de prison ferme pour « trafic de drogue » ou « vente illégale de cigarettes au détail » selon les sources. Said Ziani a tenu à réaffirmer lors de sa plaidoirie que les autorités marocaines, qui l’avaient déjà arrêté en 2011, cherchent à lui faire payer son activité au sein du mouvement 20-Février et ses positions critiques exprimées sur Internet à l’encontre des officiels marocains.

Groupe Sahraouis-Inzgane et Guelmim : Les deux mineurs sahraouis, Nacer Kanir (16 ans) et El-Ghali Boulaghdiyan (17 ans), arrêtés le 29 septembre dernier à Assa et placés dans un centre de rééducation à Agadir, ont été présentés le 25 décembre 2013 devant le juge d’instruction près la Cour d’appel d’Agadir. Celui-ci a décidé de les placer à la prison locale d’Inzgane pendant la durée de l’enquête. Rappelons que ces deux jeunes sahraouis ont été arrêtés pour avoir participé aux protestations populaires qu’a connues la ville d’Assa dans le sud du Maroc après le démantèlement violent du campement Tizimi et l’utilisation disproportionnée de la force qui a conduit à la mort , le 23 septembre, du jeune sahraoui Rachid Chine.
Un autre jeune sahraoui a été arrêté à Guelmim le 23 décembre 2013. Il s’agit de Mohamed Daoudi dont le père Mbarek et les frères (Brahim, Hassan, Ammar et Taha) se trouvent déjà derrière les barreaux. Il a aussitôt été placé en détention provisoire. Son arrestation est liée également aux mêmes événements de septembre survenus à Assa (voir points précédents).

Groupe Imider-Mineurs : Le militant Hamid Berka, un des coordinateurs du Mouvement sur la voie de 96 à Imider, a été agressé et enlevé le samedi 28 décembre par trois personnes inconnues. Il a été emmené de force dans une voiture qui a pris la direction de Tinghir. Rappelons que son Mouvement sur la voie de 96 organise depuis plusieurs années maintenant une occupation populaire du mont Alban pour protester contre les dangers et les conséquences néfastes sur l’environnement de l’exploitation faite des mines d’argent par la société SMI relevant du groupe royal MANAJEM.

Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire qui a visité le Maroc du 9 au 18 décembre a dit travailler sur son rapport et les recommandations à faire aux autorités marocaines en matière de détention arbitraire. Celles-ci vont-elles les appliquer pour se conformer à leurs engagements internationaux ? Rien n’est sûr.

Bonne année 2014 tout de même !

Le bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 30 décembre 2013

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