Après l'incarcération de Ali Anouzla,
directeur du site Lakome.com, à la prison Salé 2 pour "apologie du
terrorisme", les autorités marocaines viennent d'asséner un nouveau coup
de massue au secteur de la presse électronique. Par la censure du site
Lakome.com, inaccessible depuis la connexion internet d'un des
opérateurs marocains, un avertissement est envoyé à tous les acteurs de
l'information en ligne. Les règles du jeu viennent de changer, la fin de
la récréation est sifflée.
Censure par Anouzla interposé
Cette censure, même si elle se cache derrière une décision de Ali
Anouzla, est directement pilotée par les autorités. Il est bien sûr
légitime pour le propriétaire de Lakome de faire valoir son droit et
récupérer son site. Néanmoins, une restriction de l'accès depuis le
Maroc ne résout pas son problème de départ. En réalité n'importe quel
spécialiste du secteur, ou juriste du droit sur internet vous expliquera
la procédure. La solution est simple : faire une demande (directement
ou par voie judiciaire) à son registrar (organisme gérant le nom de
domaine) ou à son hébergeur (société qui loue l'espace ou le serveur où
est hébergé le site) pour reprendre le contrôle du site web et ainsi le
suspendre provisoirement comme annoncé par Ali Anouzla.
Mais cela se complique si ce dernier n'est pas le propriétaire
officiel du site Lakome.com et n'a pas loué en son nom l'espace
d'hébergement. C'est très certainement pour cette raison que la voie
choisie a été celle de la censure par une décision autoritaire. Or s’il
n'est pas le propriétaire du nom de domaine, le procureur ou l'ANRT ne
peuvent que rejeter la demande d'Anouzla. Sa fonction de directeur de
publication ne suffit pas à légitimer sa propriété sur le site. Sa
responsabilité au sein de Lakome aurait pu être dégagée par une simple
lettre de démission.
Une censure non assumée
L'équipe de rédaction de Lakome.com a tenté très rapidement de
contourner le filtrage au Maroc en activant de nuveaux noms de domaine :
lakome.info et lako.me.
Rebelote, la censure a de nouveau frappé. Si la justification de la
première censure se cachait derrière la préservation de la propriété
d'Ali Anouzla, les nouvelles extensions aurait dû échapper aux ciseaux
de l'ANRT. Il est d'ailleurs peu probable que la première demande faite à
l'autorité de régulation des télécoms ait inclus toutes les extensions
lakome.xxx. La célérité de cette nouvelle censure démontre la volonté
des autorités de réduire au silence le site coûte que coûte, quitte à
improviser et plomber le scénario de départ.
Le Makhzen face à son reflet
La fuite en avant du pouvoir marocain ne s'arrêtera pas au site
Lakome. En plus de ne pas vouloir assumer cette censure, il n'a pas
apprécié qu'un site français explique en détails les méthodes ainsi que
le matériel utilisé pour mener à bien ce black-out extra-judiciaire d'un
site d'information au Maroc. Le site Reflets.info a donc été également bloqué par l'opérateur national dans la soirée de vendredi, quelques heures après la publication de l'article qui dérange.
L'évidence pousse à conclure que cette série de censure n'est pas seulement un coup de pouce donné à Ali Anouzla dans son différend avec Aboubakr Jamaï. Elle
constitue une volonté manifeste d'user de la force sans en assumer les
conséquences. En l'espace de 3 jours le royaume Chérifien a ainsi
anéanti toute la crédibilité qu'il avait réussi à se forger dans le
respect de la liberté d'expression sur internet ces 15 dernières
années.
http://www.yabiladi.com/articles/details/20336/points-retenir-premiere-grosse-censure.html
http://www.yabiladi.com/articles/details/20336/points-retenir-premiere-grosse-censure.html
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