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vendredi 25 octobre 2013

Les points à retenir de la première grosse censure d'internet au Maroc [Edito]

En cette fête du sacrifice, les autorités marocaines ont mis un coup de canif à ce qui paraissait être une politique de laisser-faire sur internet. Des sites pornographiques au site du Polisario, toute la toile était accessible au Maroc. Le virage opéré ce mercredi avec la censure du site Lakome.com dans des conditions assez floues laisse planer une menace sur ce nouvel -le dernier diront certains- espace de liberté.
Après l'incarcération de Ali Anouzla, directeur du site Lakome.com, à la prison Salé 2 pour "apologie du terrorisme", les autorités marocaines viennent d'asséner un nouveau coup de massue au secteur de la presse électronique. Par la censure du site Lakome.com, inaccessible depuis la connexion internet d'un des opérateurs marocains, un avertissement est envoyé à tous les acteurs de l'information en ligne. Les règles du jeu viennent de changer, la fin de la récréation est sifflée. 
Censure par Anouzla interposé
Cette censure, même si elle se cache derrière une décision de Ali Anouzla, est directement pilotée par les autorités. Il est bien sûr légitime pour le propriétaire de Lakome de faire valoir son droit et récupérer son site. Néanmoins, une restriction de l'accès depuis le Maroc ne résout pas son problème de départ. En réalité n'importe quel spécialiste du secteur, ou juriste du droit sur internet vous expliquera la procédure. La solution est simple : faire une demande (directement ou par voie judiciaire) à son registrar (organisme gérant le nom de domaine) ou à son hébergeur (société qui loue l'espace ou le serveur où est hébergé le site) pour reprendre le contrôle du site web et ainsi le suspendre provisoirement comme annoncé par Ali Anouzla. 
Mais cela se complique si ce dernier n'est pas le propriétaire officiel du site Lakome.com et n'a pas loué en son nom l'espace d'hébergement. C'est très certainement pour cette raison que la voie choisie a été celle de la censure par une décision autoritaire. Or s’il n'est pas le propriétaire du nom de domaine, le procureur ou l'ANRT ne peuvent que rejeter la demande d'Anouzla. Sa fonction de directeur de publication ne suffit pas à légitimer sa propriété sur le site. Sa responsabilité au sein de Lakome aurait pu être dégagée par une simple lettre de démission.
Une censure non assumée
L'équipe de rédaction de Lakome.com a tenté très rapidement de contourner le filtrage au Maroc en activant de nuveaux noms de domaine : lakome.info et lako.me. Rebelote, la censure a de nouveau frappé. Si la justification de la première censure se cachait derrière la préservation de la propriété d'Ali Anouzla, les nouvelles extensions aurait dû échapper aux ciseaux de l'ANRT. Il est d'ailleurs peu probable que la première demande faite à l'autorité de régulation des télécoms ait inclus toutes les extensions lakome.xxx. La célérité de cette nouvelle censure démontre la volonté des autorités de réduire au silence le site coûte que coûte, quitte à improviser et plomber le scénario de départ. 
Le Makhzen face à son reflet
La fuite en avant du pouvoir marocain ne s'arrêtera pas au site Lakome. En plus de ne pas vouloir assumer cette censure, il n'a pas apprécié qu'un site français explique en détails les méthodes ainsi que le matériel utilisé pour mener à bien ce black-out extra-judiciaire d'un site d'information au Maroc. Le site Reflets.info a donc été également bloqué par l'opérateur national dans la soirée de vendredi, quelques heures après la publication de l'article qui dérange. 
L'évidence pousse à conclure que cette série de censure n'est pas seulement un coup de pouce donné à Ali Anouzla dans son différend avec Aboubakr Jamaï. Elle constitue une volonté manifeste d'user de la force sans en assumer les conséquences. En l'espace de 3 jours le royaume Chérifien a ainsi anéanti toute la crédibilité qu'il avait réussi à se forger dans le respect de la liberté d'expression sur internet ces 15 dernières années. 

 http://www.yabiladi.com/articles/details/20336/points-retenir-premiere-grosse-censure.html

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