Entre l'Europe et l'Afrique, bordant l'enclave espagnole de Melilla, s'étire sur onze kilomètres une frontière grillagée de sept mètres de haut, balisée de caméras: une barrière entre deux continents qui ne suffit pas à décourager les assauts de clandestins prêts à tout.
À l'aube, postés dans un mirador, les hommes de la
Garde civile espagnole scrutent le territoire marocain à travers leurs
puissantes jumelles de vision nocturne, depuis la route éclairée par des
réverbères qui court le long des trois épaisseurs de grillage.
En face, plongée dans l'obscurité, se dessine la masse du mont Gurugu, où des centaines de migrants d'Afrique noire guettent le moment propice pour s'élancer vers le sol européen.
“Depuis plusieurs mois, chaque jour, nous observons des groupes qui s'approchent. Ils sont plus ou moins nombreux, ils ne parviennent pas tous à s'approcher, mais les tentatives sont presque quotidiennes”, explique le sous-officier de garde, Javier Martinez. “Ils se mettent pieds nus pour escalader le premier grillage, puis ils franchissent le deuxième, puis le troisième”.
“La virulence de l'assaut, le grand nombre de personnes sur une distance aussi réduite, avec tant de force, tant de violence... Il a été impossible de contenir cela”, raconte le lieutenant Juan Antonio Martin Rivera, porte-parole de la Garde civile à Melilla.
Ces assauts mettent l'Espagne au défi de lutter contre l'immigration clandestine, à Melilla comme dans l'enclave de Sebta : deux micro-territoires au nord du Maroc, qui constituent les deux seules frontières terrestres entre l'Europe et le continent africain.
Depuis 2005, la frontière en forme de demi-cercle qui enserre cette ville de 80.000 habitants et 12 kilomètres carrés, plongeant à ses deux extrémités dans la Méditerranée, ne cesse d'être perfectionnée. Elle a été renforcée d'un troisième grillage, surélevée, équipée de 48 caméras, de capteurs ultrasensibles, d'un maillage “anti-escalade” plus serré.
Face à la pression migratoire, la Garde civile a déployé 600 hommes à Melilla, un dispositif exceptionnel.
“Notre temps de réaction est de l'ordre d'une minute et demie à deux minutes”, remarque l'officier. “Mais bien souvent il suffit de quelques secondes à une personne forte, agile, jeune, pour franchir ce triple grillage qui paraît infranchissable”.
Omar Kamara fait partie de cette centaine de migrants qui, le 17 septembre, sont parvenus à se faufiler de l'autre côté. À 19 ans, ce jeune Malien a quitté Bamako “il y a un an et trois mois, à cause de la pauvreté”. Après l'Algérie, il a rejoint le mont Gurugu.
Ils sont aujourd'hui environ 860 entassés dans ce centre de 480 places, où la surpopulation est devenue chronique, et où il a fallu transformer deux grandes salles communes en dortoirs d'une centaine de lits chacun.
“La pression migratoire s'est accrue depuis deux ans”, témoigne Carlos Montero Diaz, le directeur, en évoquant le conflit au Mali et l'instabilité née des révolutions arabes.
“Ils sont jeunes, environ 22 ans. Leur but est de gagner n'importe quel pays d'Europe. Ils laissent leur famille dans leur pays, en espérant pouvoir leur envoyer de l'argent”, raconte-t-il. “Avant, ils arrivaient à des moments de l'année bien définis, quand il faisait beau, mais plus maintenant”, conclut-il.
En face, plongée dans l'obscurité, se dessine la masse du mont Gurugu, où des centaines de migrants d'Afrique noire guettent le moment propice pour s'élancer vers le sol européen.
“Depuis plusieurs mois, chaque jour, nous observons des groupes qui s'approchent. Ils sont plus ou moins nombreux, ils ne parviennent pas tous à s'approcher, mais les tentatives sont presque quotidiennes”, explique le sous-officier de garde, Javier Martinez. “Ils se mettent pieds nus pour escalader le premier grillage, puis ils franchissent le deuxième, puis le troisième”.
Assaut nocturne
Le
17 septembre, les forces de sécurité espagnoles ont été surprises par
un assaut nocturne d'environ 300 migrants dans le secteur de Barrio
Chino, l'un des plus vulnérables car les clandestins peuvent s'y
dissimuler, du côté marocain, entre de petits immeubles construits au
ras du grillage.“La virulence de l'assaut, le grand nombre de personnes sur une distance aussi réduite, avec tant de force, tant de violence... Il a été impossible de contenir cela”, raconte le lieutenant Juan Antonio Martin Rivera, porte-parole de la Garde civile à Melilla.
Ces assauts mettent l'Espagne au défi de lutter contre l'immigration clandestine, à Melilla comme dans l'enclave de Sebta : deux micro-territoires au nord du Maroc, qui constituent les deux seules frontières terrestres entre l'Europe et le continent africain.
Depuis 2005, la frontière en forme de demi-cercle qui enserre cette ville de 80.000 habitants et 12 kilomètres carrés, plongeant à ses deux extrémités dans la Méditerranée, ne cesse d'être perfectionnée. Elle a été renforcée d'un troisième grillage, surélevée, équipée de 48 caméras, de capteurs ultrasensibles, d'un maillage “anti-escalade” plus serré.
“Une barrière ne va pas l'arrêter”
Le
grillage extérieur, le plus haut avec ses sept mètres, est inclinable
dans sa partie supérieure. “Même ainsi, ils parviennent à l'escalader”,
souligne le porte-parole. “Ceci est un frein. Mais une personne qui a
traversé toute l'Afrique, qui a voyagé pendant des mois pour arriver
ici, une barrière ne va pas l'arrêter”.Face à la pression migratoire, la Garde civile a déployé 600 hommes à Melilla, un dispositif exceptionnel.
“Notre temps de réaction est de l'ordre d'une minute et demie à deux minutes”, remarque l'officier. “Mais bien souvent il suffit de quelques secondes à une personne forte, agile, jeune, pour franchir ce triple grillage qui paraît infranchissable”.
Omar Kamara fait partie de cette centaine de migrants qui, le 17 septembre, sont parvenus à se faufiler de l'autre côté. À 19 ans, ce jeune Malien a quitté Bamako “il y a un an et trois mois, à cause de la pauvreté”. Après l'Algérie, il a rejoint le mont Gurugu.
“Le 17 septembre, on a quitté le
Gurugu. On a fait quatre heures de marche. Si on réussit, on passe, si
on ne réussit pas, on repart dans la montagne. Le 17 septembre, Dieu
nous a donné cette chance.”
Omar Kamara, un jeune Malien qui a réussi à franchir la frontière.
C'était
un mardi. “Jusqu'au mercredi, je suis resté caché. Puis j'ai rencontré
un Espagnol. Il m'a donné à boire”. Cet habitant de Melilla lui a montré
le chemin du Ceti, le centre de séjour pour immigrés clandestins du
gouvernement espagnol, où Omar Kamara est hébergé depuis.Ils sont aujourd'hui environ 860 entassés dans ce centre de 480 places, où la surpopulation est devenue chronique, et où il a fallu transformer deux grandes salles communes en dortoirs d'une centaine de lits chacun.
“La pression migratoire s'est accrue depuis deux ans”, témoigne Carlos Montero Diaz, le directeur, en évoquant le conflit au Mali et l'instabilité née des révolutions arabes.
“Ils sont jeunes, environ 22 ans. Leur but est de gagner n'importe quel pays d'Europe. Ils laissent leur famille dans leur pays, en espérant pouvoir leur envoyer de l'argent”, raconte-t-il. “Avant, ils arrivaient à des moments de l'année bien définis, quand il faisait beau, mais plus maintenant”, conclut-il.
aufait/AFP
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