– 23/10/2013Lettre ouverte conjointe de : AMF – ASDHOM – ATMF –FMVJ/France -APADAM
Affaire Mehdi Ben Barka
Monsieur le Président de la République Française,
Le
29 octobre 1965 Mehdi Ben Barka est enlevé devant la brasserie Lipp à
Paris par deux policiers français. A ce jour, la vérité n’a toujours pas
été faite sur les conditions exactes de la disparition forcée de l’un
des principaux représentants de l’opposition marocaine et du mouvement
international de la solidarité des peuples du tiers-monde, victime
emblématique des années de plomb marquées par des violations graves des
droits humains au Maroc.
Les questions essentielles posées par sa famille et ses amis demeurent toujours sans réponse :
- Comment est mort Mehdi Ben Barka ?
- Qui sont ses assassins ?
- Où est sa sépulture ?
- Toutes les responsabilités ont-elles été établies ? …
A l’occasion du 48ème
anniversaire de l’enlèvement et de l’assassinat de Mehdi Ben Barka,
nous vous adressons cette lettre pour vous demander de favoriser l’accès
à la justice de tous les éléments et informations pouvant aider à la manifestation de la vérité avant qu’il ne soit trop tard – les témoins vieillissent et les éléments matériels risquent de disparaître.
L’instruction judiciaire – qui est toujours ouverte depuis près d’un demi-siècle – peine à aboutir.
Face
aux blocages des autorités judiciaires marocaines qui n’ont pas donné
suite à ses commissions rogatoires, le juge d’instruction français en
charge du dossier a signé en octobre 2007 quatre mandats d’arrêt
internationaux. Ces mandats visent le général Hosni Benslimane, chef de
la gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, ancien
patron des renseignements militaires, Miloud Tounsi, alias Larbi
Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l’enlèvement
et Abdelhak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services
marocains. A ce jour, ces mandats ne sont exécutables qu’en France, le
ministère français de la Justice ne les ayant toujours pas transmis à
Interpol. Pourtant, au titre de leurs fonctions au moment des faits, ces
personnes connaissent une partie ou toute la vérité.
Depuis
plusieurs années, la famille de Mehdi Ben Barka et son avocat Me
Maurice Buttin n’ont cessé de demander la dé-classification de tous les
documents en relation de près ou de loin avec l’Affaire Ben Barka que le
ministère français de la Défense refuse de communiquer à la Justice,
s’abritant derrière le secret-défense qui couvre toujours ces documents.
Nous
considérons qu’il est du devoir et de la responsabilité des autorités
françaises de dévoiler tous les éléments nécessaires à la procédure
judiciaire en cours en France afin de soutenir la recherche de la
vérité. Il vous appartient, Monsieur le Président de la République, de
prendre toutes les mesures nécessaires afin que toute la vérité se fasse
sur le sort de Mehdi Ben Barka.
Cette
situation d’inertie et de blocage ne doit plus durer après tant
d’attente et d’espoirs déçus. Faire la lumière sur l’enlèvement et la
disparition de Mehdi Ben Barka, c’est d’abord permettre à sa famille de
faire son deuil (comment faire un deuil quand il n’y a pas de corps ?),
mais c’est aussi répondre aux aspirations de vérité et de justice de
leurs proches, de leurs amis et de tous les démocrates qui, année après
année, se rassemblent tous les 29 octobre à Paris.
Faire
la vérité sur le sort de Mehdi Ben Barka contribuera de manière très
significative à aider à la manifestation de la vérité sur le sort de
toutes les victimes de la disparition forcée au Maroc dont le sort est
encore inconnu, et soutiendra les aspirations de nos sociétés pour la
démocratie, la dignité et la justice sociale.
Nous
vous remercions de l’attention que vous porterez à notre demande et
vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute
considération.
Présidente de l’AMF : Souad Frikech/ Chaouih
Président de l’ATMF : Driss Elkherchi
Président de l’ASDHOM : Ayad Ahram
Président de FMVJ/France : Abdelhaq Kass
Président de l’APADAM : Rachid El-Manouzi
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