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vendredi 25 octobre 2013

Lettre ouverte au président de la Répulique française concernant l’enlèvement et l’assassinat de Mehdi Ben Barka

Lettre ouverte conjointe de : AMF – ASDHOM – ATMF –FMVJ/France -APADAM
Affaire Mehdi Ben Barka 

Monsieur le Président de la République Française,
Le 29 octobre 1965 Mehdi Ben Barka est enlevé devant la brasserie Lipp à Paris par deux policiers français. A ce jour, la vérité n’a toujours pas été faite sur les conditions exactes de la disparition forcée de l’un des principaux représentants de l’opposition marocaine et du mouvement international de la solidarité des peuples du tiers-monde, victime emblématique des années de plomb marquées par des violations graves des droits humains au Maroc.
Les questions essentielles posées par sa famille et ses amis demeurent toujours sans réponse :
- Comment est mort Mehdi Ben Barka ?
- Qui sont ses assassins ?
- Où est sa sépulture ?
- Toutes les responsabilités ont-elles été établies ? … 
A l’occasion du 48ème anniversaire de l’enlèvement et de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, nous vous adressons cette lettre pour vous demander de favoriser l’accès à la justice de  tous les éléments et informations pouvant aider à la manifestation de la vérité  avant qu’il ne soit trop tard – les témoins vieillissent et les éléments matériels risquent de disparaître.
L’instruction judiciaire – qui est toujours ouverte depuis près d’un demi-siècle – peine à aboutir.
Face aux blocages des autorités judiciaires marocaines qui n’ont pas donné suite à ses commissions rogatoires, le juge d’instruction français en charge du dossier a signé en octobre 2007 quatre mandats d’arrêt internationaux. Ces mandats visent le général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, ancien patron des renseignements militaires, Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l’enlèvement et Abdelhak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services marocains. A ce jour, ces mandats ne sont exécutables qu’en France, le ministère français de la Justice ne les ayant toujours pas transmis à Interpol. Pourtant, au titre de leurs fonctions au moment des faits, ces personnes connaissent une partie ou toute la vérité.
Depuis plusieurs années, la famille de Mehdi Ben Barka et son avocat Me Maurice Buttin n’ont cessé de demander la dé-classification de tous les documents en relation de près ou de loin avec l’Affaire Ben Barka que le ministère français de la Défense refuse de communiquer à la Justice, s’abritant derrière le secret-défense qui couvre toujours ces documents.
Nous considérons qu’il est du devoir et de la responsabilité des autorités françaises de dévoiler tous les éléments nécessaires à la procédure judiciaire en cours en France afin de soutenir la recherche de la vérité. Il vous appartient, Monsieur le Président de la République, de prendre toutes les mesures nécessaires afin que toute la vérité se fasse sur le sort de Mehdi Ben Barka.
Cette situation d’inertie et de blocage ne doit plus durer après tant d’attente et d’espoirs déçus. Faire la lumière sur l’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka, c’est d’abord permettre à sa famille de faire son deuil (comment faire un deuil quand il n’y a pas de corps ?), mais c’est aussi répondre aux aspirations de vérité et de justice de leurs proches, de leurs amis et de tous les démocrates qui, année après année, se rassemblent tous les 29 octobre à Paris.
Faire la vérité sur le sort de Mehdi Ben Barka contribuera de manière très significative à aider à la manifestation de la vérité sur le sort de toutes les victimes de la disparition forcée au Maroc dont le sort est encore inconnu, et soutiendra les aspirations de nos sociétés pour la démocratie, la dignité et la justice sociale.
Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à notre demande et vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Paris, le 23 octobre 2013
Présidente de l’AMF : Souad Frikech/ Chaouih
Président de l’ATMF : Driss Elkherchi
Président de l’ASDHOM : Ayad Ahram
Président de FMVJ/France : Abdelhaq Kass
Président de l’APADAM : Rachid El-Manouzi
 

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