Maroc: la liberté de la presse recule-t-elle depuis Hassan II?
Le pluralisme des médias marocains n'est qu'un artifice. La majorité des journaux vendus dans les kiosques sont rentrés dans le moule prédéfini par la monarchie.
Au pays de Mohammed VI, il y a des lignes à ne pas
franchir. Sauf que celles-ci, mises les unes à côté des autres, ne
laissent pas beaucoup de place à la liberté d'expression et au débat
d'opinion. Trois champs sont minés: l'islam, l'intégrité territoriale et
la monarchie.
«En fait, il n'est pas permis de remettre en cause les
prérogatives de la monarchie ou de critiquer sa façon de gouverner le
pays», résume le site d'information Lakome,
dont le co-fondateur du site arabophone, Ali Anouzla, est poursuivi par
la justice pour avoir diffusé une vidéo d'Aqmi menaçant directement le
Maroc.
Le boulot de journaliste s'avère, dans ces conditions, périlleux. Le
regard critique du journaliste est comme anihilé. Or cela n'a pas
toujours été le cas. Comme le rappelle le site Lakome, la presse
indépendante qui a fleuri sur la Toile a connu une période faste dans
les années 1990. L'essor du modèle capitaliste et le boom des marchés
publicitaires a permis la création de journaux indépendants. Ce qui fait
dire au site que Mohammed VI fait pire que son père Hassan II.
Comment le régime de Mohammed VI s'y est il pris pour museler une
nouvelle vague de médias indépendants, s'interroge le site. Mohammed VI
n'a rien inventé: tous les instruments de muselage de la presse
existaient déjà, il les a seulement réactionnés.
Jusqu'en 2003, le royaume se sert de l'article 77 pour interdire une
publication sur simple décision administrative du Premier ministre.
Après l'abolition de cette loi, néfaste à l'image d'une monarchie qui se
veut libérale, le royaume passe à autre levier, celui de la justice.
Une cascade de procès en diffamation est intentée contre des
journalistes et des patrons de presse «hors système».
«Les condamnations à payer des dommages et intérêts astronomiques vont se multiplier, mettant en faillite les journaux visés et renforceront la tendance à l'auto-censure chez les autres», poursuit le site Lakome.
Le dernier levier de muselage, et certainement le plus efficace, est
financier: les journaux qui ne franchissent pas les lignes rouges
bénéficient de recettes publicitaires plus avantageuses que les autres.
Le roi Mohammed VI n'est pas seulement le commandeur des croyants, il
aussi l'homme d'affaire le plus puissant du pays.
Lu sur Lakome
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