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vendredi 25 octobre 2013

« L’agité du bocal » Ramid, le grand perdant de l’affaire Anouzla

Par Badr Soundouss, demainonline, 25/10/2013

El Mostafa Ramid à l'époque où il était considéré un agité (Photo DR)
El Mostafa Ramid à l’époque où il était considéré comme un agité (Photo DR)
S’il y a des politiciens qui ont perdu la face dans l’affaire Ali Anouzla, ce sont bien le ministre de l’injustice et du peu de libertés, l’islamiste El Mostafa Ramid et son collègue barbu de la communication Mustapha El Khalfi. Mis en avant durant l’incarcération d’Anouzla pour défendre l’indéfendable, ces deux responsables se trouvent aujourd’hui en porte-à-faux après la libération du journaliste.
Tout le monde a entendu Ramid et El Khalfi justifier avec véhémence l’incarcération d’Anouzla en raison des « graves accusations » pesant sur lui. A les entendre on aurait cru que jamais le journaliste ne serait libéré… Pourtant, ce dernier a été libéré après le coup de sifflet du pouvoir au juge à tout faire Abdelkader Chentouf.
L’information distillée la semaine dernière par une source anonyme à un média marocain racontant que lors d’une rencontre entre le roi Mohamed VI et le ministre Ramid pour parler du cas Anouzla, le premier se montrant « indulgent » face au jusqu’au-boutisme du deuxième, était une manière pour le Palais de préparer le terrain en faisant porter le chapeau de cette lamentable affaire uniquement aux ministres PJD.
La même info signalait que Ramid aurait, en aparté bien entendu !, menacé de démissionner s’il était désavoué et s’il était empêché d’aller « jusqu’au bout » de cette affaire. En fait jusqu’au bout de la bêtise et de la servitude.
Cette menace de démission était une manière pour Ramid, qui n’a pas d’animosité particulière envers Anouzla, de se dire prêt à se libérer de la mainmise du Palais qui ordonne une chose un jour et son parfait contraire le lendemain. Car qui a pu ordonner l’arrestation et l’incarcération du journaliste sinon le Palais ?
Le pauvre Ramid a bien tenté de démentir l’information en envoyant un communiqué à la MAP, mais le mal était fait. Surtout qu’une autre source, sûrement de la même que la première, a fait savoir en début de semaine que le Palais avait expressément interdit à Ramid de faire arrêter le journaliste Aboubakr Jamaï à l’aéroport de Casablanca, comme il en avait l’intention. Comme il voulait le faire, il y a quelques semaines, avec le journaliste espagnol d’El Pais, Ignacio Cembrero, ce qui aurait provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.
Le Palais n’a jamais aimé El Mostafa Ramid, qu’il traitait souvent d’« agité du bocal ». Lors de la constitution du premier gouvernement Benkirane, tout le monde se souvient que le cabinet royal avait fait savoir qu’il ne souhaitait pas voir Ramid dans la liste des ministres. Le chef du gouvernement avait alors fait un pénible exercice d’explication et donner des gages de la docilité de Ramid pour que le roi accepte.
Depuis Ramid a été sage. Les enquêtes qu’il a diligentées sur la torture et autres dépassements des forces de l’ordre depuis qu’il est entré en fonction n’ont jamais abouti, ou quand elles l’ont été ont toujours dédouané la police. L’enquête qu’il a ordonné publiquement, à travers une intervention télévisée du porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi sur Al Jazeera, sur les policiers qui ont cambriolé et agressé le journaliste Ali Lmrabet, ainsi que les membres des services secrets qui ont envahi la terrasse de sa maison à Tétouan est dans un tiroir de son ministère. Il y a un an, il a nié publiquement qu’il y avait des prisonniers politiques au Maroc, dont beaucoup étaient pourtant ses clients quand il était avocat, puis ces derniers temps il est apparu à l’avant-garde de plusieurs décisions liberticides comme l’arrestation d’Anouzla.
Quant au ministre de la communication Mustapha El Khalfi, que dire de la crédibilité d’un jeune islamiste qui est passé d’un discours anti-américain propre aux islamistes de l’Internationale des barbes à être invité aux Etats Unis aux frais de l’Oncle Sam ?
Et ce sont ces messieurs qui sont venus pour « réformer » le pays.

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